Dans un registre metal déjà fort investi par une féroce concurrence, le quartet grec, originaire de Xanthi, s'élance lui aussi, et sans complexes, dans l'arène. Cofondé en 2011, le groupe a pu compter sur une expérience musicale significative de chacun de ses membres pour la mettre à profit de leur premier et vitaminé EP éponyme, inspiré par les vibes de
Delain,
Gwyllion,
Elysion ou encore
Jaded Star. C'est sur un parcours auditif de 25 minutes sur lesquelles ne se succèdent pas plus de 5 pistes énergisantes estampées metal mélodico-symphonique que nous entraînent Stellaria (chant), Jimmy Nore (guitare), Mike G (basse) et Johny K (batterie), assistés de
Bob Katsionis (
Firewind ;
Outloud) aux claviers, ce dernier ayant assuré le mixage de l'opus (au Sound
Symmetry Studio à Athènes (Grèce)), pour un rendu acceptable à défaut d'être irréprochable.
Parmi les moments forts de ce périple, on en retiendra surtout un, bien habité et d'une énergie éminemment communicative. Ainsi, de belles rampes aux claviers nous parviennent du magmatique « Is This the Way? », dans la veine de
Gwyllion, pour nous offrir un joli ballet mélodico-symphonique, conjuguant quelques subtilités harmoniques à une dévorante section rythmique. Un break bien amené nous offre une saisissante synergie instrumentale, avec un petit solo de guitare à la clé. Dans une mouvance atmosphérique placée sous le signe d'une belle inspiration, ce morceau laisse entrevoir de belles armes de séduction, dont de captatrices et incandescentes volutes oratoires de la maîtresse de cérémonie.
Assurément la pièce maîtresse de la menue rondelle. Dans une moindre mesure, on pourra néanmoins évoquer l'entraînant « Remnant of a
Dying Smile ». Ce brûlot lâche prestement la cavalerie percussive, un tantinet noyée par des nappes synthétiques envahissantes, pour nous conduire en des espaces mélodiques et techniques sécurisants. Ce faisant, de gênants aigus liés à une qualité d'enregistrement approximative ternissent une piste pourtant avenante, à mi-chemin entre
Gwyllion et
Jaded Star, avec un zeste d'
Elysion. Mise en habits de lumière par une sirène au timbre chatoyant et bien inspirée mais dont la ligne vocale peine à se dégager de l'emprise d'une massive et emphatique orchestration, cette joyeuse ritournelle, malgré ses refrains ô combien efficaces, ne nous fera par quitter le plancher des vaches.
Dans un deuxième mouvement, certains passages pourront retenir l'attention, à condition de passer outre les carences qui les desservent. D'une part, inspiré par
Delain sur le plan des harmoniques, le mid tempo «
King of
Loss » nous agrippe le tympan par des riffs écorchés vif et son ondoyant serpent synthétique. Si couplets et refrains, au demeurant agréables, sont relayés par des liaisons de bon aloi, la répétibilité du schéma mélodique rend le plat un tantinet indigeste. De plus, les puissantes impulsions de la belle pourtant bien ajustées se mêlent dans une indissociable nuée instrumentale, et manquent de ce supplément d'âme qui nous ferait y adhérer plus que de raison. Si l'on peut être attiré par la tourmente, on ne ressort pas foncièrement séduit par cette plage, in fine. Qui plus est, elle apparaît de toutes parts inondée de troubles eaux organiques, bien trop visqueuses pour nous y replonger tout de go. D'autre part, avec de faux-airs d'un
Nightwish de la première fournée, le vrombissant et synthétisant « The Final Dance » lance ses obus riffeux avec l'indicible espoir de nous toucher de plein fouet. Tout serait allé pour le mieux si les séries d'accords avaient été plus finement ajustées et les inflexions de la belle plus nuancées. On retiendra néanmoins un joli solo de guitare et une infiltrante dynamique d'ensemble, même si l'originalité de ses arpèges n'est pas de mise.
Plus en retrait encore, des lignes de claviers surannées lancent « One Man's
Dream », plantureux acte à la plombante rythmique étreinte par des riffs acérés. Par moments, on craint de s'égarer en d'inutiles conjectures technicistes, et ce, au risque de perdre un invitant tracé mélodique. Un manque de relief acoustique se fait sentir aplatissant d'autant une ligne de chant qui, en d'autres circonstances, aurait pu tirer son épingle du jeu.
On comprend qu'il en faudra plus, bien plus, pour rallier un auditorat déjà sensibilisé au metal symphonique à chant féminin à la cause du collectif hellénique. Une qualité de production en proie à de nombreuses notes parasites et des finitions passées sous silence auront raison des meilleures volontés, en dépit des méritoires prestations des instrumentistes et de celles de l'interprète. En outre, peu de diversité atmosphérique, rythmique, et peu d'originalité transpirent de cette frêle galette. On pourra conseiller de s'y pencher pour une écoute ou deux, pour le plaisir de la découverte, puis on passera à autre chose. A moins que le combo décide de rectifier le tir, en nous concoctant un album full length plus impactant et surtout moins lacunaire dans son principe d'émission...
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