Contrairement à ce que laisserait supposer son nom, le groupe Mr Bison n'est pas né dans une bourgade bordant les grandes plaines du Wyoming mais en 2009 à Cecina, ville côtière d'Italie. Autres particularités, ses 3 membres se prénomment Matteo (Barsacchi et Sciocchetto aux guitares/chant et D'Ignazi à la batterie) et il n'y a pas de bassiste attitré. Pratiquant un stoner rock chaleureux, ils publient un EP en 2011 puis 3 albums ("
We'll Be Brief" en
2012, "
Asteroid" en 2016 et "
Holy Oak" en 2018). Intégrant l'écurie californienne Ripple Music, les voici de retour en 2020 avec un nouvel album, intitulé "
Seaward".
Thématiquement, Mr Bison fait dans le local en dévoilant ici 7 titres, soit autant que le nombre de perles constituant le collier d'
Aphrodite. Selon la légende, une fois le bijou brisé, les perles tombèrent dans la mer Tyrrhénienne et restèrent en surface, finissant par créer au fil du temps les 7 îles de l'archipel Toscan. Rappelé judicieusement dans son artwork classieux signé Robert Gnista (je vous conseille d'aller visiter son site), l'album relate ainsi les histoires mythiques relatives aux sirènes, aux voyages d'Ulysse ou au sacrifice d'Andromède. Une thématique qui apporte une bonne bouffée de vent salée.
Musicalement, le groupe propose tout le long des 40 mn un voyage sur des mers et dans des contrées heavy psychédéliques variées et chatoyantes. Ouvrant la voie, "
Seaward", après une introduction aux tonalités mystiques, balance un gros riff stoner où la combinaison des deux guitares fait quasi oublier l'absence de basse. L'ensemble évolue, dès l'apport mélodique de la voix, vers une musique plus progressive, avec une harmonisation séduisante, attestant des efforts consentis par le groupe dans la composition de sa musique.
Des sonorités de mandoline côtoyant les lignes de guitare échevelées de "From the
Abyss" aux claviers évoquant Nick Wright de "Oudeis", l'aventure se poursuit en traçant une voie plus progressive, alternant douceur et colère. Le jeu discret et riche en variation de D'IGnazi maintient stable l'équilibre difficile entre la volonté d'exploration et l'écueil d'une démonstration instrumentale vaine. Le raffinement des lignes de chant s'accorde bien à la recherche intrinsèque des parties de guitare. L'attention de l'auditeur est sollicitée en permanence
Témoin de cette grandiloquence assumée, "I'm the Storm" et ses quasi 8 minutes imbrique divers plans, se passant de chant pendant plus de la moitié du titre. L'ombre du grand Pink Floyd plane au-dessus de ce manifeste d'ambition plutôt réussi.
Ses racines stoner, Mr Bison les met alors en évidence sur "The
Sacrifice", bluesy et soutenue. Les riffs s'invitent aussi sur "Underwater", sans toutefois se départir de cette atmosphère façonnée dans les moindres détails, pêchant un peu par manque de spontanéité. Ce petit défaut n'entache cependant pas "The
Curse" final très convaincant d'un album fignolé. Le sitar employé ici avec parcimonie accompagne parfaitement le récit d'un Ulysse condamné à errer de longues années avant de retrouver la quiétude de son foyer.
Comme l'indique la page promotionnelle, le groupe a travaillé pendant une année complète pour écrire ce "
Seaward" et cela s'entend. Dense, riche, chaleureux (trop parfois), voici un album qui exige de son auditeur une concentration accrue pour en saisir sa quintessence.
Pas forcément ce que j'apprécie le plus mais, sa qualité ne pouvant être niée, je vous en conseille l'écoute.
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