Stormwitch 1981-2015
Madame! J’ai l’immense regret de vous informer de … la mort de «
Stormwitch ». Autrefois, formation d’estime, très ancrée dans les années 80 et dans le son britannique NWOBHM, bien que moyennement emblématique au sein d’une scène heavy metal allemande déjà largement saturée par les références. …Excusez-moi! Je sais que ça fait mal. Je n’aurais peut-être pas du vous ressasser des vieux souvenirs, ni porter injure à l’encontre de votre défunt mari. Ce n’est guère mon intention. Ça ira, vous dites!? Il vous aura donné tant de bonheur dans vos jeunes années, mais même aussi après votre rupture entre
1994 et 2002. Il était alors fatigué, mais s’est montré correct vis-à-vis de vous sur «
Dance with the Witches » ou encore sur «
Witchcraft ». J’avoue qu’on décelait ses problèmes de santé sur ce dernier, mais rien n’aurait pu nous avertir de ce qui allait suivre. Il faut être courageuse, madame. Par respect pour vous, je ne saurais vous mentir. Nous avons tous souffert du drame qui vient de se dérouler. Un drame horrible, révoltant. Un drame qui a pour nom «
Season of the Witch ». Ne cachez pas vos larmes chère madame.
Massacre Records aura cru bon faire confiance à une vieille gloire nationale. Il aura donné son assentiment à une catastrophe, innommable, tellement elle peut paraître répugnante et odieuse de la part d’un groupe que nous avions pourtant tant aimé. Ahlala! Vais-je m’en relever ? Au tout début, il n’y avait rien à déclarer. Une porte s’ouvre et quelqu’un entre à la manière de l’entame du titre « Port Royal » du groupe «
Running Wild » (autre figure allemande en déchéance). Au lieu d’une taverne, nous nous retrouvons ici dans la maison d’une sorcière qui fait bouillir son repas (ou peut-être son linge, va savoir). On la laisse jacter, puis c’est au tour du chanteur de s’exprimer sous les riffs poussifs de guitare. Les cheveux se dressent sous ses cris aigus et on regrette tout de suite notre vieille sorcière du tout début. Ainsi va «
Evil Spirit ». Si piteux, si moisi. La voix à la Kai Hansen d’Andy ne s’est guère arrangée. On est également si peu convaincu du niveau technique des nouveaux membres. Les riffs sont répétitifs et falots. Seulement, avis aux porteurs de pacemakers, le pire est encore à venir.
Il faudra du courage pour surmonter le vaseux « Last
Warrior ». Il ne faut le juger par son entame atmosphérique paraissant plaisante, ni par la première minute de déroulement. A la longue, on cernera mieux ce non-phénomène, qui aurait pu être réussi à condition que le chanteur et les guitaristes mettent du leur. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Notre esprit vital commencera à nous quitter sur «
True Until the
End ». C’est à la fois poreux et sans âme. Même le solo patauge quelque peu dans la semoule. Bon ! N’exagérons rien. C’est vrai que son refrain est à la limite du sauvable. « The Trail of Tears » affiche toute la dignité d’une course clandestine d’handicapés. Ramassé, vraiment éprouvant. L’orientation plus rock n’ roll du dit morceau, dirons-nous, ne semble point embellir notre formation. Les guitaristes ont dû avoir sympathisé avec une mouche tsétsé ou avec 2, 3 litres de Ricard, si on en croit leur jeu endormi (pour rester poli). Ça se montre néanmoins plus palpitant d’entrée sur le titre éponyme. On les croit alors revivre pour cet extrait. Mais là encore, la réjouissance n’est que de très courte durée. On s’apercevra que c’est redondant à crever et toujours avec si peu de conviction.
Oui ! Il y a bien des fois où «
Stormwitch » a l’impression d’être pris pour un con, et s’énerve. Ce qui nous donne un assez passable « At the
End of the World », toutefois répétitif, peu subtil et sans la moindre finesse, mais qui se défend ardemment par un riffing motorisé, quelque peu grippé tout de même. Notre Andy à la ramasse fera preuve d’un peu plus d’aisance dans un style purement années 80 à travers un palpitant, mais néanmoins désespérément pauvre « Harper in the
Wind ». On va dire que chez les aveugles en haillons, les borgnes en jambes de bois sont rois. C’est en tout cas une bien meilleure composition que le bonustrack « The Singer’s
Curse » avec son chant à coucher dehors dans le froid. C’est en plus boursoufflé, rugueux et sans saveur. Un vrai biscuit de guerre. Il y a tout de même un domaine qui semble mieux réussir à «
Stormwitch », ce sont les ballades. Comme on dit chaque singe possède sa branche, bien que notre vieux primate ait scié à travers cet ouvrage pas mal de branches sur lesquelles il avait le cul posé. La ballade «
Taliesin » nous retient l’attention par son air principal, même si on pourrait la juger assez fastidieuse à la durée. Un avis identique se dégage concernant « Runescape ». Celui-ci révèle cependant un hard fm pour midinettes un peu plus vieillot que « Different
Eyes », power ballade que n’aurait pas renié Robbie Williams, à condition qu’il ne prête point l’oreille au restant de ce grotesque ouvrage.
Cette mort aurait pu prêter à rire. Mais voilà… c’est celle de «
Stormwitch » qui nous réunit à ce jour, mes pauvres enfants. Une mort foudroyante et ridicule pour le peu qu’on s’efforce à tenir de ce «
Season of the Witch ». Disque qui pourrait être la risée de n’importe quelle formation naissante de heavy metal, qui est un vrai scandale sale et vomitif (entre deux éclats de rire) quand on songe qu’il a été enfanté par un groupe plus prestigieux, ayant de la bouteille qui plus est. Fabriqué sans doute dans une nuit d’ivresse ou à coups de bouteilles, l’être déformé nous hurlait de sa voix suraiguë, aux relents de Kai Hansen, qu’il fallait l’achever. Le coup est parti tout seul, par simple réaction devant l’atrocité, sans réfléchir. Et voilà l’être non-désiré gisant dans son propre sang, aussi lourd et visqueux que du mazout. C’est une bien triste cérémonie funèbre auquel nous assistons. Madame ne désespérait pourtant pas de voir son mari reprendre ses couleurs de jeunesse. La pauvre! Elle pourra toujours se consoler d’avoir reçu un four en héritage.
07/20
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