Originaire de Hollande (et non d'Allemagne), le groupe
Inferno sort en 1986 sa première démo. Mais, un autre
Inferno (allemand celui-ci) va leur créer des problèmes, et les oblige à changer de nom l'année d'après. C'est ainsi que Silenxce se crée et publie en 1987
Infernal Ending, extension de son patronyme précédent, pour ensuite mourir en 1990, sans label ni sortie discographique digne de ce nom, en publiant sa dernière démo So What ?. C'est, très résumé, l'histoire de Silenxce, groupe batave sous bannière
Dark Angelesque, et un des laissés pour compte de la seconde moitié des 80's, au potentiel pourtant évident.
C'est le modeste label
Heretic Sound qui, en 2005, exhuma ces trois démos (avec une répétition de 3 morceaux inédits, preuve que le groupe en avait sous le coude) en format CD. Les chanceux tombant dessus et nostalgiques des groupes
Dark Angel,
Gammacide, Recipients of Death ou autres
Armoros peuvent à l'aveugle se jeter dessus. En effet dès 1986, le quintet mené par Arno van Duin et Hans de Vreug (au t-shirt
Infernal Overkill fièrement porté) reprend les codes explosifs de
Darkness Descends tout juste sorti, album référentiel de la scène thrash à tendance brutale d'alors. Rythmiques rapides, breaks affolants, batterie bien présente, et un côté foutraque qui définit parfaitement l'urgence déployée dans cette démo au son rêche mais tout à fait digne. Les cris de Van Duin arrachent façon Don Doty avec un ton et un placement vocal bien similaire (avec des passages légèrement menaçants sur "Birth of the
Dark Prince" au final ébouriffant), et les 4 titres de cette première démo (placés en pistes 11 à 14 et donc non chronologiques - principal reproche à faire à cette sortie avec l'absence de paroles et un livret soigné sur la forme mais peu fourni sur le fond) tiennent déjà la dragée haute aux groupes cités ci-dessus. Il est même amusant de voir que le morceau "
Terror Strike" (qui rappelle "Hunger of the Undead" du groupe mené par
Jim Durkin et Eric Meyer) a peut-être inspiré le groupe Chilien du même nom (hautement recommandable aussi et dans une veine similaire).
Sur la seconde démo (sous le nom de Silenxce), fort de quelques concerts locaux, le groupe affirma sa position et il est fort regrettable que personne n'ait cru en ce groupe pour lui offrir un album, car les 8 titres d'
Infernal Ending (avec une intro qui fait monter la sauce) seraient probablement devenus des petits classiques. Aucune clémence, juste un enchaînement de rythmiques implacables dès "Crucial Incision" portés par une section basse/batterie au poil (De Vreugd et Van der Geest s'en donnent à cœur joie) avec un son légèrement étouffé sur les guitares qui confèrent à cette démo un rendu massif - presque deathmetal dans le son témoin le pesant "The
Kraken"- et virevoltant à la fois. Souvent incisif mais aussi vicieux dans son approche ("
Agent Orange" et ses duels de soli), le groupe a légèrement progressé dans ses mélodies, un poil plus présentes, conférant à un titre comme "Masquereign" des allures de classique avec son riff tournoyant et son refrain scandé qui reste en mémoire. "
Ten Plagues", hyper rapide et digne de la furie développée aussi par un groupe comme
Holy Terror sur Mind Wars, tient la baraque avec conviction et brio. Le morceau "Silenxce" suivi par une outro acoustique de bon aloi finit d'achever une des meilleures démos thrash des 80's, parmi les trésors méconnus de ces années là, et pour partie répertoriés sur le forum
Circle of the
Tyrants du site, grâce auquel il est mis un rai de lumière sur des œuvres trop longtemps tombées dans l'oubli.
Si So What ?,la démo de 1990, avec ses deux titres aux contours bien moins marquants (son de batterie ignoble, riffing moins acéré et rythmiques plus anecdotiques et influence
Dark Angel moins présente) accuse une baisse de régime (peut-être lié à un découragement avéré devant l'absence de perspectives ?) ce sont bien les deux démos de 1986 et 1987 qui constituent un plat de résistance, version Madeleine de Proust. Ne passons quand même pas sous silence (sans jeu de mot) les 3 morceaux enregistrés en répétition, non datés mais dans l'esprit du thrash US des années 87/88 (
Anthrax ressort parfois sur les plans les plus heavy alternés avec des speederies abruptes où
Slayer rôde au détour de quelques leads, comme sur l'intro de "Respect the Act" excellent titre au solo oriental ingénieux en son centre).
Quel dommage que le groupe n'ait su ou pu être signé et distribué jadis ! Sans ce changement de nom subi et le coche des années bénies loupé,
Inferno/Silenxce aurait très bien pu devenir un fer de lance du thrash européen ou du moins une réponse concrète et crédible au
Dark Angel américain. Au lieu de ça, Silenxce est mort dans une indifférence sans pitié. Une modeste levée d'ombre sur cette compilation, depuis longtemps épuisée et du coup difficilement trouvable, permettra aux chanceux tombant au détour d'un bac sur cette pochette de ne pas hésiter bien longtemps.
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