Fondé par Liem (ex-
Benighted) après le décès de Fred (le premier batteur de
Benighted), le projet Néfastes était une sorte d’exutoire. Mais il est rapidement rejoint par Julien Truchan (
Benighted) et Olivier « Gab » Gabriel (ex-
Benighted), le trio fondateur de
Benighted se trouve à nouveau reformer et ne tarde pas à régurgiter son premier glaviot, nommé «
Scumanity ». Contrairement à
Benighted, Néfastes officie dans un « black-metal » brutal, sombre, poisseux et dérangeant.
En préambule, il est à noter que Liem a composé et produit l’intégralité de ce premier méfait, et que Gab, une fois n’est pas coutume, tient la basse. «
Scumanity » est travaillé par un tout jeune label, Source Atone Records, qui abrite également les prometteurs Nature Morte. La thématique de l’album tourne autour de la dévolution de l’homme, l’absurdité, la dégénérescence et la superficialité qu’à développé l’humain ces dernières années.
Les hostilités débutent sans aucune sommation d’usage avec « Progéniture Décadente », d’une violence inouïe, doué de blasts hystériques, d’un gros riffing, d’un break lourd et dissonant, le tout relevé de vocaux totalement déments, bien qu’ancrés fermement dans le style. Ce morceau, qui plante le décor de cet album, est loin d’être orphelin. « Fuck With The Bull, You Get
The Horn », « Make
Apocalypse Great
Again” ou encore “
Ashes Return” et le titre éponyme sont du même charnier. L’influence du “black” brutal des années 90,
Marduk en tête, est assez audible, mais ravissent complètement nos cages à miel, avides de bestialité. «
Scumanity » renvoie à « Fistfucking
God’s Planet » et « Progeniture Décadente » fleure bon la période «
Nightwing » des suédois. Aussi un doux parfum de
Scour plane au-dessus de ce premier enregistrement longue durée. Quant à «
Carved Into
Flesh », il lorgne quelque peu sur le « death » mélodique, le refrain rappelant bigrement
Amon Amarth.
Nonobstant la violence qui émane de cette ogive, un côté malsain et oppressant ressort de «
Scumanity », de part les dissonances, disséminées ici ou là, et des introductions glauques à souhait comme celle de « Supplice » dont le bruitage ressemble à une corde qui se balance sur la branche d’un arbre, avec au bout, certainement un pendu, une façon d’illustrer l’artwork. Nous pouvons y ajouter les bruits de tempête dévastatrice sur « Make
Apocalypse Great
Again », et le bruit d’une foule dont on se demande bien son souhait sur «
Scumanity », ainsi que le final de « Charognards » avec ses corbeaux malfaisants et son piano inquiétant.
Mais Néfastes sait tenir sa proie, grâce à des mélodies sous-jacentes très attractives (« Charognards », ou «
Carved Into
Flesh »), un art de l’alternance rythmique, mettant en exergue les accélérations fulgurantes (« Progéniture Décadente », « Make
Apocalypse Great
Again » ou «
Ashes Return » ou encore « Fuck With The Bull, You Get
The Horn » et «
Carved Into
Flesh »). Aussi, Néfastes pioche dans le « rock/metal » sur «
Carved Into
Stone », dont la rythmique introductive renvoie à Motörhead et notamment «
Overkill ». Il faut y ajouter des passages ultra puissant, écrasant tout sur son passage, comme les césures de «
Carved Into
Flesh », de «
Scumanity » ou de « Fuck The Bull, You Get
The Horn ».
Le trio est surprenant de puissance, Liem délivre des accords complètement dingues, avec une empreinte à la fois puissante et obscure, Gab fait office de centrale nucléaire. Mais le grand gagnant reste incontestablement Julien Truchant, qui, encore une fois, impressionne de son organe vocale. Ici, aucun « pig squeal », les vocaux sont typiquement « black » (le bougre allant même concurrencer Dani
Filth, avec le côté répulsif en moins) mais le bougre se permet des disgressions dérangeantes où il fait véritablement ressortir un côté psychopathe complètement aliéné. « Progéniture Décadente » en est le parfait exemple, on imagine aisément le bougre éructé, toute tripailles dehors, avec les yeux révulsés. Et sa voix démoniaque hante la globalité de «
Scumanity », ajoutant, de ce fait, une ambiance délétère, dérangeante, oppressante et poisseuse.
Cependant, votre humble serviteur est clairement dérangé par la batterie programmé, l’ayant entendu immédiatement. Je n’y peux rien, je préfère un vrai batteur à une machine, mais vu le contexte de la composition de «
Scumanity », je peux aisément comprendre pourquoi le trio n’a pas fait appel à un marteleur de fûts. Aussi, « Supplice » se place en dessous de la haute qualité du reste de l’album. Ce titre, d’obédience mid-tempo, ne parvient jamais réellement à décoller et confère par moment, à l’ennui. Aussi, les influences restent encore trop audibles,
Marduk et
Dark Funeral en tête.
Décidément, ce trio vaut de l’or. Non content d’avoir enfanté un monstre du « brutal-death », le voilà en train de ferrailler dans le métal noir avec une aisance surprenante. Néfastes publie un bien beau premier album, noir, oppressant, psychotique, glauque, poisseux et d’une violence exacerbée, «
Scumanity » ne laissera que peu de survivants.
Pas d’espoir de voir le groupe en format live, Néfastes est et restera un projet studio, établi par une bande de pote. Dommage, car ça aurait envoyé du pâté.
Ca m'a surtout fait penser à du Anaal Nathrakh...
En tout cas, excellente galette!!!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire