Traînant sur Bandcamp sans grande conviction après quelques achats, je me disais qu'une autre journée dénuée de réelles surprises allait encore s'achever.
C'est sans prévenir que j'aperçois un nom qui m'est familier avec une nouvelle production à l'appui.
Ovid's Withering... à vrai dire j'ai pu écouter quelques titres du groupe tirés de la démo et de l'EP chez un ami. Et malgré un son pas vraiment à la hauteur, je me rappelle avoir eu la sensation d'avoir passé un bon moment.
Pour me faire une idée plus précise je jette un œil sur l'étiquette qui affuble le groupe : entre Black/Death, Djent et autre
Deathcore Symphonique, je ne réussis pas à trouver une définition stable de leur style.
7.5€ en moins sur la carte bleue, et je me mets à réfléchir sur quel genre de groupes peuvent pratiquer un
Metal similaire. Des noms tels que
Born Of Osiris ou
Dawn Of Leviathan me viennent à l'esprit; ce qui je l'avoue, ne me rassure pas vraiment. Non pas que les dernières productions des deux groupes cités soient vraiment mauvaises, mais elles manquaient vraiment de surprises à mon sens.
Le téléchargement terminé, je lance le brûlot en m'attendant au pire.
La première écoute passée, je peux vous dire que "impressionné" résume bien mon état d'esprit à ce moment: les structures sont intelligentes, l'ambiance est forte en plus d'être variée, et les nombreux genres utilisés le long de ce disque ce marient à la perfection.
Après un mois de décorticage attentif (du moins je l’espère), le verdict tombe.
Le côté Black/Death est donné par des voix aux tons multiples gérées par 3 des membres du groupe, variant donc agréablement le propos. Mais attention, quand je dis chant Black, on est loin du chant ultra-aigu classique dans le
Deathcore. Ici, la voix est éraillée et impressionnante par sa prestance dans de cours moments presque a cappella ("Oedipus Complex", "
Winter In Tomis").
Les instruments ne sont pas non plus en reste; comme pour beaucoup de jeunes groupes de nos jours, la technique est déjà irréprochable (les courts solos de "Panikon Deima"), et le batteur déploie une variation de jeu délectable accompagnée par une maîtrise parfaite du matraquage à la double pédale autant syncopé que blasté ("The
Omen Of
Lycaon").
Mais les titres cités précédemment ne sont pas vraiment des surprises. En effet, l'album d'une durée de soixante-treize minutes regroupe les six titres parus précédemment par le biais de deux petites productions, à cela s'ajoutent six nouveaux, chacun d'une durée moyenne de six minutes. Un album aussi long souffrirait indubitablement du côté répétitif des saccades "djent" et de l'alternance blasting/breakdown inhérente au style.
Cette répétitivité à été largement atténuée par trois composantes qui donnent ce côté unique aux compositions extrêmement fouillées de
Ovid's Withering:
1°) Les Breakdowns sont souvent très courts et assimilés à une rythmique plutôt rapide, ce qui donne une certaine fluidité et évite l'écueil de s'adonner à des structures bien trop prévisibles comme les groupes de
Deathcore classique.
2°) Des passages au chant clair, qui ont le mérite d'êtres épiques, concis et d'une grande justesse (l'éclaircie magnifique sur le très bon "Falsehood Of
Blasphemous Voices")
3°) Et finalement le côté symphonique qui forme toute la personnalité du groupe. C'est simple, si elle n'était pas présente, le groupe aurait pu vraiment être banal. Un nom vient tout de suite à l'esprit lorsque l'on mélange
Deathcore et symphonie :
Winds Of Plague. Si le style pratiqué par ce groupe est plutôt hollywoodien, rempli de passages explosifs presque caricaturaux,
Ovid's Withering est lui bien différent et ne souffre pas d'une telle comparaison.
La symphonie prend un autre sens ici, elle est d'une ambiance particulière: les passages sont tantôt épiques ("
The Reckoning. The
Summoning. The
Purge."), tantôt inquiétants ("Murder To
Dissect"), ou encore presque poétiques sur les 2 interludes de l'album ("
Earthshaker II", "The
God Of Sheperds
And Folks").
Et c'est bien ça qui fait tout le sel du genre pratiqué par les Américains; les lyrics, racontant une véritable histoire à chaque titre, couplés à une symphonie variée et à de nombreux passages purement mélodiques, donnent une impression d'histoire fantastique vectrice de sentiments aussi variés que plaisants.
Passant d'une violence redoutable (l'intro abrupte "
Earthshaker I") à des passages mélancoliques purement évocateurs ("
Exile"),
Ovid's Withering livre une prestation équilibrée entre la répétitivité du genre
Deathcore et la versatilité de la symphonie et des voix différentes utilisées.
N'étant pas vraiment fan de ce style moderne, je me suis surpris à apprécier cette oeuvre de grande qualité à la maturité déjà exemplaire. Les défauts et les avantages de tous les styles utilisés se marient avec un certain naturel, ce qui rend ce
Scryers of the Ibis vraiment singulier. Une pièce comme celle-ci ne possède évidemment pas de titres vraiment supérieurs aux autres et s'écoute d'une traite, chaque morceau possède ses moments de gloire de toute façon, et à moins de détester ce genre, vous ne devriez pas vous ennuyer (je concède tout de même une petite préférence à "Oedipus Complex" éblouissant pour notamment un solo magnifique).
Lâcher un tel premier album risque de rendre difficile la progression du groupe dans les années qui vont suivre, mais sachons apprécier un excellent album quand il atteint nos oreilles, et je ne peux que vous conseiller une écoute attentive.
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