Délivrant pendant quarante minutes un Black
Metal lancinant, côtoyant de peu les affluents du style
Doom, Öde est avant tout un groupe cultivant le mystère - peu de choses filtrent d'eux... sauf leur unique oeuvre maléfique que j'ai sous les yeux, galette ne souffrant d'aucune tare génétique dès sa conception au sein du studio Schinkel. Enfanté en Avril 2008 sous les applaudissements de Total
Holocaust Records Sweden (heureux papa qui plus est), elle dispose entre autre pour la jaquette d'une illustration de Gustave Doré (très apprécié parmi les bergers venant faire paitre leur bétail au sein du
Metal extrême, culture qui n'est qu'une infime partie de nous-même).
En effet, les six titres ici présents (six occasions d'enjamber la barrière vers vos plus insondables ténèbres), chacun dôté d'une durée plus que conséquente afin de s'épanouir en toute grâce, vous emporteront vers des cimes que vous n'aviez jamais espéré franchir. Tous s'enchainent et s'emboitent parfaitement, sans interlude grossier ou clavier parasite qui serait venu tout gâcher durant notre escapade musical (et refuge salutaire).
Bien que la production ait un goût plutôt rêche dans le palais, ainsi qu'une batterie pas suffisamment mise en avant, c'est une spécificité qui m'a l'air d'assez bien correspondre à ce que recherchait les deux musiciens qui se sont attelés à faire éclore "Schimmenwound" (les riffs guitares sont d'ailleurs ciselés à l'extrême, épluchant notre être comme un vulgaire radis).
N'ayant engagé Haegl que comme vocaliste session,
Nebel (multi-instrumentiste accompli) n'a point lésiné sur le ressenti, la pesanteur des clameurs d'Haegl et l'expression de douleur palpable à chaque intonation de sa corde vocale sur ce skeud, témoignage d'une recherche sur le mal-être et la mélancholie d'un monde en plein déconfiture (décrépi).
D'ailleurs, ce serait plus pratique d'imaginer une situation donnée que pourrait composer l'ensemble des pistes de ce CD : de Tot De Legte Wederkeren (#1) à Ik Verafschuw (#4), l'humble inconscient que nous sommes tous (plus ou moins) serait intrigué par tout ce qui se passerait de l'autre côté de cette barrière (ou passerelle, ou bien pont-levis, qu'importe, du moment que cela vous inspire une certaine méfiance naturelle). Curieux comme pas deux, il fait ce qu'aucun ne daigne faire, aller voir de ses propres yeux ce qui se trame d'aussi néfaste, peut-être serait-il d'une quelconque aide, lui si charitable à l'intérieur comme à l'extérieur de sa masure... jusqu'à ce qu'il rencontre une veuve apeurée. C'est là où justement le titre Door donkere Wounden (#5) entre en scène, livrant à travers cet ersatz d'humaine tout un vocabulaire nauséabond (avant de soupirer déinitivement, son dernier souffle de vie achevé). Celle-ci serait parvenu à se confier, disant tout ce qu'elle aurait enduré jusqu'ici, d'avoir été délaissé / trahi / piétiné, même parmi sa propre et abjecte famille. N'ayant pu lui fournir quoi que ce soit que d'être celui qui a entendu ses confessions avant son expiation, il finit par revenir sur ses pas grâce à
Dood (#6), tout son être bouleversé, son regard autrefois limpide désormais terni, rayé.
Alors, mesdames, messieurs, que votre calvaire se nomment Schimmendans, Hetgeen Wat Niet Had Moeten Zijn, Door Donkere Wounden n'y changera absolument rien car plus vous serez immergé et haletant, plus vous le réclamerez. Ceci est un disque de bonne qualité, malgré une production en-deçà de ce à quoi je m'attendais, ainsi qu'un manque flagrant d'inventivité côté riffs et batterie... mais immersif au-delà de ce que je pressentais de prime abord parmi tous les skeuds que je reçus le même jour.
Merci
Nebel et Haegl de cet "écrin noir" que vous avez réalisé, cette chronique a été conçu pour témoigner de sa valeur... jusqu'à ce que l'Homme parvienne à sa Toute Fin... en pleurs
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De celui qui n'attend plus qu'un gros câlin après avoir conçu une telle chronique.
Apophis2036
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