S'il y a bien une scène qui bouge au Moyen-Orient (hormis la Jordanie ou l'Israël), c'est bien l'Egypte, recueillant pas mal de formations toutes plus ou moins talentueuses. La majeure partie officie dans l'extrême et rares sont les metalheads qui décident de choisir un style plus synthétique : le metal industriel. Dans tout le Moyen Orient, les groupes pratiquant ce style ne se comptent même pas sur les doigts d'une main. On a récemment découvert
Seth ECT en Turquie avec son cyber/death/black. Il est maintenant temps de découvrir
Hate Field.
Fondé en 2009 par l'ex-bassiste d'
Odious (un des groupes égyptiens les plus anciens), Alfi Hayati,
Hate Field est tout d'abord une sorte d'hommage à
Metallica (d'où le nom de scène, une version modifié du patronyme de James Hetfield). C'est aussi une manière de mélanger l'authentique et le synthétique, le chaud et le froid, la culture et la technologie. En effet, Alfi mélange son metal industriel avec une bonne panoplie d'éléments arabisants.
On pourrait donc appeler ça du metal industriel oriental. Ce one man band mené par Alfi a le mérite de proposer quelque chose bien différent de ce qu'on a l'habitude d'entendre. Bien que l'hommage soit, en quelque sorte, porté à
Metallica, c'est plus du côté de
Rammstein (une des influences du bonhomme) qu'on se situe, même s'il ne s'agit pas de copier coller à proprement parler. A part les claviers et les samples qu'on aurait pu retrouver chez les Allemands, c'est peut-être certaines intonations de voix d'Alfi qui peuvent nous mettre sur la voie. Hormis ça, on se retrouve avec un «
Scary Fairy Tale » sacrément original.
Alfi a réussi à mettre de côté les influences oriental black qui auraient pu provenir d'
Odious afin de privilégier l'aspect groovy et dynamique des compositions. La majeure partie de l'album n'est pas très rapide, on se situe plus dans un mid tempo entraînant subissant quelques mutations, comme de légères accélérations («
Hope Overdose »). Toutefois ça reste très énergique et porté sur les mélodies orientales jouées à la guitare ou aux claviers. Ces mélodies peuvent aussi se ressentir dans la technique de chant. Bien que la voix d'Alfi ne soit pas totalement juste, elle reste tout de même acceptable et varie entre parties claires ou parties growlées (sur «
Hope Overdose » ou « Deadly Supafly »).
Les titres restent bien travaillés, Alfi composant et écrivant tout. « Sweet
Nightmare » apporte cette touche orientale imprenable, embarquée par cette lead guitare plus raw et son fond d'ambiance chaleureux. Idem sur un « Maybe in
Another Life » plus atmosphérique, entre musique indus et musique arabe. Un morceau aussi fait pour la danse que pour le headbang, bercé par quelques rares techno beats.
Hate Field arrive à étonner avec un « New Bom's Army » en duo avec la chanteuse Riham Zakzouk. Touches symphoniques, riffs tranchants, interludes électroniques soutenues par cette mélodie orientale. C'est peu commun et sacrément saisissant. L'avantage, c'est qu'Alfi arrive à doser ses touches industrielles de façon à ce qu'elles ne noient pas ses compositions. Ainsi, si quelques bruitages s'incorporent à la mélodie de base, il faudra attendre la moitié ou la fin d'un titre pour avoir toute une partie basée sur les claviers (« 13 », ou le « We
Will Win » cybernétique).
«
Scary Fairy Tale » n'est pas un album qui s'écoute mais se ressent, tant il laisse transparaître une inspiration et une émotion venant tout droit des expériences d'Alfi. D'où cet aspect très personnel et cette envie de fournir quelque chose de différent. La production a beau être encore un peu défaillante (faite avec les moyens du bord à Alexandrie), il n'empêche qu'elle arrive à faire ressortir cette originalité qu'il est de plus en plus difficile de trouver chez les jeunes groupes actuels. A se mettre dans les oreilles, et très fort.
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