L’arrivée en 2004 de «
Saurian Meditation » avait passablement modifié la perception qu’un personnage lambda pouvait avoir du personnage. Fidèle à son nom, cette méditation musicale avait eu le don de nous isoler face à notre propre être et à y faire face, seul.
La brutalité de
Nile mise de côté,
Karl Sanders n’en avait pourtant pas moins gardé quelques lignes de conduite, notamment par ces ambiances sombres mais surtout par cet Orient mythique, thème primordial planant dans l’ombre de chaque mélodie.
Cinq ans après cette fabuleuse création, voici que
Karl Sanders nous sort sa nouvelle oeuvre : «
Saurian Exorcisms ». La similarité des noms ne doit rien au hasard. Ce second opus est bien dans la lignée directe du premier, comme la conclusion de cette fameuse méditation que constituait le premier album.
Je ne vous livrerai pas une critique musicale de cet album, si ce n’est qu’il me parle, et en cela, je le trouve très bon. Je laisse donc ce travail à des personnes mieux placées que moi pour pouvoir donner un réel avis. Ce n’est juste que mon impression suite à ces premières écoutes de l’album que je souhaite partager avec vous.
Continuité, voilà le thème central de mon interprétation de ce «
Saurian Exorcisms », tant il semble impensable que cette seconde réalisation puisse voir le jour sans la création de la première.
Pourtant, me direz-vous, il y en a des différences. Oui effectivement, on peut l’apercevoir rien que par la couverture de l’album. Finis les rayons de soleil, la séance d’exorcisme réveille les ténèbres qui agissent au sein de son âme, que je vois représentée par cette jeune femme.
L’ambiance est donc plus emplie de rage, et les voix résonnant comme des incantations se font plus présentes. La rythmique y est aussi plus utilisée et rompt donc le calme relatif qu’apportait «
Saurian Meditation ». On croirait parfois entendre les tambours annonçant la tombée prochaine de sa propre sentence.
Toutefois, ces différences semblent avoir trouvé leur source dans l’abysse expérimental du premier opus.
Les sensations qui prédominent sont un sentiment de mal-être personnel, et surtout une lutte contre ce mal. J’y vois comme un refus de l’image que lui renvoie le miroir de son premier travail personnel, comme si la méditation lui avait dévoilé sous ses yeux les démons sommeillant en lui.
Le reflet de
Karl Sanders ne semble pas lui convenir, et le personnage ne semble pas être celui qu’il voudrait réellement être. Alors, il mène un combat, pour redevenir ce qu’il croit être lui-même. Mais cette divergence entre la réalité et la volonté de son existence est telle que la lutte laisse des marques sur le principal intéressé. Ces marques constituent chaque seconde de ce nouvel album…
On sait tous que cette expérimentation en solitaire du protagoniste provient d’une divergence d’idées avec les autres membres de
Nile et que l’inspiration lui vient lorsqu’il en vient à se lasser de toute la violence musicale du groupe. Je ne sais pas quelle conclusion donner par rapport à mes propos du dessus. Je préfère donc m’abstenir. A vous de juger.
En tout cas, c’est à un vrai exorcisme auquel nous assistons durant trois-quarts d’heure de notre existence, et la scène n’est pas sans remous. Des moments de répit entrecoupent la torture mentale perpétuelle des morceaux.
Au final, je n’ai plus vraiment l’impression d’assister à la scène, mais bien d’être l’exorcisée sous le contrôle du gourou Sanders, car plus j’écris ces lignes tout en écoutant avec délice ce tourment musical, plus je ressens ce mal-être au fond de moi. Serait-ce donc moi que j’entends crier ?
Finalement, je dirai que c’est chacun de nous que nous entendons, enfin chacun de ceux que savent ouvrir l’oreille et se laisser entraîner. Cet album nous parle à nous en tant qu’être perverti mais en quête d’une illusion : celle d’être meilleur.
J’ai déjà hâte de voir le résultat de cet exorcisme, de voir à quoi ressemblera la résurrection de cet être délivré de sa tourmente…
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