Liste des groupes Metal Symphonique Of Dreams And Nightmares Sandglass

Nouvelle figure du metal symphonique à chant féminin, ce quintet teuton créé en 2020 à Fribourg entend, en toute légitimité, essaimer ses riffs au-delà des frontières de sa terre allemande natale. Motivé par son envie d'en découdre, le collectif germanique est toutefois resté prudent dans sa démarche : ayant pris la mesure des enjeux et des risques courus à se lancer tout de go dans l'arène, ce n'est que trois ans plus tard que le combo accouchera de son premier et présent EP, « Sandglass », une galette égrainant cinq titres, dont trois singles (« With You » et « Dreamer » réalisés en 2021, suivis de« Moments of Peace », en 2022). Ce faisant, les 22 minutes que compte cette introductive offrande seraient-elles de nature à porter dès lors la troupe parmi les sérieux espoirs d'un registre metal qui ne les attendait pas nécessairement ?

C'est au cœur d'un environnement rock'n'metal mélodico-symphonique aux relents power, folk et progressif que nous immergent Franziska Stecher (chanteuse aux chatoyantes inflexions qui ne sont pas sans rappeler celles de Laura ''Evangeline'' Moffat (The Fall Of Eve)), Andreas Waibel (guitares), Michael Holland (basse), Elizabeth Audrey (claviers et chœurs) et Simon Zsebedits (batterie). De cette étroite collaboration émane un propos à la fois enjoué, énigmatique et romantique, dans le sillage de The Fall Of Eve, Shield Of Wings, Lyriel, Diskelion et Age Of Dust ; un premier essai jouissant dores et déjà d'une production de bon aloi, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut doublée d'un mixage équilibrant lignes de chant et instrumentation à parités égales. Mais embarquons sans plus attendre dans la petite goélette en quête de quelques terres d'abondance...


Le combo interpelle notamment par sa capacité à concocter des lignes mélodiques finement esquissées et des plus durablement entêtantes. Ce qu'attestent, en premier lieu ses passages les plus endiablés. Ainsi, c'est d'un battement de cils qu'un headbang bien senti se verra généré sous le joug des véloces coups de boutoir distribués par « With You », entraînant up tempo aux riffs crochetés, au carrefour entre The Fall Of Eve et Shield Of Wings. Dispensant, un refrain catchy mis en habits de lumière par les cristallines et ''evangeliniennes'' impulsions de la sirène, le ''tubesque'' single, lui, poussera assurément le chaland à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Moins directement inscriptible dans les charts, le jovial up tempo aux accents power symphonique « A Self-Seekers Tale » n'essaime pas moins une énergie aisément communicative.

Quand la cadence se fait un poil moins vive, nos acolytes trouvent à nouveau les clés pour nous retenir, un peu malgré nous. Ce que prouve « Bet on Black », mid/up tempo aux riffs épais et à la basse vrombissante, dans la veine coalisée de The Fall Of Eve et Age Of Dust. Doté de grisants gimmicks guitaristiques, se parant également de couplets bien customisés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les troublantes modulations de la déesse, l'enjoué manifeste s'assimilerait à un véritable hit en puissance, que l'on ne quittera qu'à regret.

Dans une même énergie mais instillé d'une coloration folk, un autre espace d'expression aspirera non moins le tympan du chaland. Ainsi, à la confluence de Diskelion et de Lyriel, le jovial « Dreamer », fort de ses enchaînements intra piste ultra sécurisés et de ses arrangements instrumentaux aux petits oignons, n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense. Et ce ne sont ni ses délicats arpèges au piano ni son infiltrant cheminement d'harmoniques qui nous feront lâcher prise, loin s'en faut.

C'est également à l'aune de leur passage à l'atmosphère tamisée que nos compères ont misé leurs espoirs de l'emporter. Ainsi, « Moments of Peace » se pose telle une ballade progressive aux riffs grésillants et à la basse ronronnante dans le sillage de The Fall Of Eve ; disséminant de sensibles gammes pianistiques et calé sur une sente mélodique des plus enveloppantes sur laquelle se greffent les angéliques volutes de la maîtresse de cérémonie, le moment intimiste se charge en émotions au fil de sa progression. Sans doute l'un des gemmes de la menue rondelle.


En guise de message de bienvenue, le combo teuton nous livre un propos plutôt avenant, transpirant la féconde inspiration mélodique de ses auteurs et bénéficiant d'une ingénierie du son de bonne facture. Pour se sustenter, d'aucuns auraient cependant espéré voir l'une ou l'autre fresque, instrumental et/ou duo inscrits au cahier des charges. Des arrangements instrumentaux finement esquissés et les troublantes oscillations de la frontwoman pourront, par ailleurs, compenser le peu de prises de risques consenti par le groupe et cette étrange impression de déjà entendu, à chercher du côté de ses maîtres inspirateurs. C'est dire qu'à défaut de se hisser parmi les sérieux espoirs de cet espace metal, le quintet allemand aurait néanmoins quelques dispositions pour venir jouer les outsiders avec lesquels la concurrence devra composer. Bref, un premier message musical aussi fringant que pétri d'élégance, un brin convenu...