Mine de rien, si on exclut la période de split entre 2001 et 2007,
Earth Crisis, groupe pilier de la scène metalcore tendance straight edge (pas d'alcool, pas de drogues, voire pas de viande pour certains...c’est mort pour les apéros-barbecue arrosés), bien qu'il officiait déjà avant la naissance du courant et qu'il ait en a été un des pionniers, fête en 2014 ses vingt-cinq de carrière. C'est avec un album au titre majestueux et biblique "
Salvation of the innocents", autre référence explicite au dogme chrétien après "
Gomorrah season ends", que la formation ponctue donc cette année un quart de siècle d'existence.
Sorti par le label Candlelight Records au catalogue nourri (
Opeth,
Morbid Angel,
Hatebreed, pour ne citer qu'eux) et produit par un Zeuss qui a déjà officié pour des groupes tels que Soulfy ou encore
Suicide Silence, "
Salvation of Innocents" pourrait bien être, et pour de bon, l'album de la maturité pour
Earth Crisis de par sa rigueur et sa cohérence de composition, plaçant ce huitième opus du groupe nettement au-dessus d'un "Slither" par exemple qui, en comparaison, sonne comme une création de jeunesse...alors que le groupe avait déjà dix ans dans les pattes lorsqu'il est sorti.
Ladite maturité est palpable d'abord par la construction même des titres, solidement charpentés. Grand soin est porté aux transitions au sein même des morceaux, et nulle impression de passages "du coq à l'âne" (de ceux qui, à titre personnel, me faisaient décrocher sur les efforts précédents du groupe) ne subsiste. Ainsi, on se laisse prendre aisément par une harmonieuse évolution des compositions, comme sur « Devoted to death », où un riff de guitare que
Machine Head n'aurait pas renié (Robb Flynn, le chanteur avait d'ailleurs fait une apparition sur "
Breed the
Killers") laisse place à un chant néo-metal sans que cela ne brusque l’oreille.
Ajoutons à cela une aisance technique absolument manifeste (au passage : le batteur qui, si je ne m’abuse, nous fend d’une petite polyrythmie sur « Tentacles of the Altering
Eyes ») et on obtiendra même quelques audaces bienheureuses, à l'image de la rythmique complexe de "
Shiver" et son refrain gojiresque, ou du virage harmonique surprenant de « The Pallid Surgeron », entre autres.
L'album y gagne un cachet plus protéiforme que le tout venant du metalcore, de l'accent death metal apporté par les guitares de "Razors
Through Flesh" (death jusqu'au titre !) aux ponctuelles intonations thrash/groove tendance
Rob Zombie des vocaux de "
Depraved Indifference".
A travers ce ciment de maîtrise appréciable,
Earth Crisis n'oublie pas de balancer la brutalité que les amateurs de metal musclé comme votre serviteur est en droit de réclamer. Pêle-mêle : le riff d'ouverture de "De-sensitize" et de l'album, d'une agressivité inouïe, le break massif de "The
Morbid Glare", l’énergie de «
Out of the cages » ...
Très agréable surprise donc, en regard du passé de
Earth Crisis, que ce "
Salvation of Innocents" qui offre ce dont on peut attendre de mieux de notre genre fétiche. Seuls quelques solos "tgv" un peu trop 80's à mon goût comme sur "Into nothingness" et un morceau de clôture "
Final Breath" s'orientant vers un black metal énervé mais décevant par son manque d'originalité mélodique, amenuisent ponctuellement la force de l'album.
Bon disque, mais un cran en dessous "To The Death" (2009) et "Neutralize The Threat" (2011).
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