Contrairement à nombre de ses compatriotes investis dans un univers metal mélodico-symphonique inspiré par les grandes pointures européennes,
Saideth s'est tourné vers un metal mélodique alternatif, incluant, en les conjuguant harmonieusement, des touches électro-pop, rock et dance. Aussi, et dès leurs débuts, en 2008, on y retrouve des influences aussi éclectique que Paramore,
Amaranthe,
Bif Naked, mais aussi Placebo, Stained, X-Perience,
Angelzoom ou encore
In Flames. Ce dont s'est nourri cet EP de 5 titres égrainés sur un ruban auditif de 20 minutes, succédant à « Needles of Love », premier EP, sorti 4 ans plus tôt. Plusieurs singles sont également à mettre à l'actif du combo latino-américain, dont le saisissant « Just
Ashes » (avec la participation de la soprano
Anna Fiori (Endwar, ex-
Azeroth, ex-Ecliptika)), le magistral «
Dream : Reaching the
Ashes of a Burnt
Distant Star » (entonné par
Anna Fiori et VK Lynne (Stork, Eve's Apple, Vita Nova)), tous deux sortis en 2014, et surtout le galvanisant «
No One », repris dans cette dernière offrande.
Après moult changements de line up, le combo mexicain initialisé par Said Camarillo (production, guitare et chant), s'est stabilisé autour d'un quintet insérant dès lors Luvia Ovando (frontwoman), Armando G. de los Ríos (guitare), Omar Garcia (basse) et Ali Rebollar (batterie). Formation à laquelle s'est ajouté pour l'occasion David Saggiante (claviers). De cette nouvelle collaboration en ressort un attractif et jovial propos, en majeure partie composé et finement écrit par
Hugo Camarillo, éminemment énergisant par ses frappes sèches et bien cadencées, émoustillant par ses harmoniques, fringant par ses ambiances et reposant sur des arrangements instrumentaux et vocaux de bon aloi. Un mixage plutôt équilibré tout comme un mastering bien pensé ont été réalisés à Enormous Room par Ali Rebollar, coproducteur de l'opus ; l'enregistrement, pour sa part, étant assuré à la fois à Aurif Digital Arts et à Enormous Room, offre un espace sonore de qualité tout à fait acceptable.
On notera d'emblée une succession de pistes metal mélodique estampées électro-pop ou rock atmosphérique, avec une pointe dance en arrière-fond, entonnées en duo mixte en voix claires. Dans cette mouvance, on retiendra surtout les deux premières propositions, efficaces et difficiles à prendre en défaut. Tout d'abord, des nappes synthétiques ondulantes entament l'électro-pop-metal « Needles of Love », titre entraînant centré sur le duo Said/Luvia calé sur une rythmique à haut débit, dans la lignée d'
Amaranthe, avec un zeste de Paramore eu égard aux harmoniques. Aux allures d'un hit en puissance, ce morceau gagne à la fois en intensité vocale, par l'insertion de choeurs, et en ferveur au fur et à mesure de sa progression, sur fond de subtils clapotis organiques, et ce, sans y perdre en nuances mélodiques. Dans cette veine stylistique, corroboré à une touche rock atmosphérique, le mordant et tubesque « Numb » délivre des riffs saillants adossés à une rythmique enfiévrée. Et cela, au fil des pérégrinations de nos deux tourtereaux en voix de poitrine lancés sur un cheminement mélodique engageant bien que convenu. Non sans rappeler X-Perience dans son atmosphère sulfureuse, ce morceau se dote d'un petit mais prégnant solo de guitare parallèlement aux attaques d'un serpent synthétique nous invitant à un envoûtant ballet des vampires. Quant à l'offensif «
No One », single électro metal infiltré dance, à la différence de ses voisins de bobine, il met au contact les claires et puissances volutes de la frontwoman et les impressionnantes serpes oratoires du growler Eltell Meléndez. Pêchu, voire chaotique et un poil déjanté, le brûlot martèle le tympan par sa rythmique cinglante et sa basse vrombissante. On regrettera simplement la linéarité de la sente mélodique d'une plage pourtant coulée dans le bronze.
Dans une seconde salve, les pistes plus en retenue n'ont pas manqué à l'appel et réservent quelques belles surprises, notamment sur l'une des deux ballades concoctées par le collectif mexicain. D'une part, une feutrine synthétique dans le sillage d'
Angelzoom s'invite en toile de fond sur l'enivrant « Spotlights », agréable ballade atmosphérique progressive à mi-chemin entre Paramore et
Bif Naked. Malgré quelques répétitions d'harmoniques, une soudaine montée en puissance mise en habits de lumière par le duo mixte et l'invitatoire refrain permettent d'éviter l'écueil d'une précoce désaffection. Dans cette lignée, le second message musical se veut plus intimiste, jouant davantage avec nos cœurs en bataille. Ainsi, de savoureux arpèges au piano s'inscrivent dans la trame de « Crocodile Tears », délicate ballade qui, tout en légèreté, atteint sa cible, celle de nos émotions les plus profondément enfouies. Un secteur rythmique dans lequel les patines oratoires de la sirène, ici en solo, font mouche. Difficile de passer outre le fondant solo de guitare interrompant sur un petit pont les angéliques impulsions de la jeune interprète. Bref, un instant de félicité susceptible de s'inscrire durablement dans la mémoire de ceux qui s'y seront engagés.
Résultat des courses : un album appétant et sensuel qui, s'il n'a pas encore l'allure d'un foudre de guerre, se laisse effeuiller sans encombres. Certes, il faudra encore au groupe diversifier son offre, densifier sa future production, affiner le trait mélodique et revoir quelques détails pour nous retenir plus que de raison. Mais les 8 ans d'expérience de la formation commencent à se faire sentir sur les plans logistique et technique, celle-ci nous offrant ici une auto-production propre mais non aseptisée, efficace et pénétrante mais non outrancière, ni racoleuse. C'est dire que le combo est désormais sur la pente ascendante et octroie une alternative intéressante à bien des égards à moult formations locales trop souvent aspirées par les chimères d'un metal symphonique envahissant et au bord de la saturation, y compris dans ces contrées. On attend donc, non sans une pointe d'impatience, la suite des aventures de nos cinq gladiateurs...
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