Sadness

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17/20
Nom du groupe Black Forest (RUS)
Nom de l'album Sadness
Type Cassette
Date de parution 2000
Style MusicalDoom Death
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Revival 09:45
2. Sadness 09:39
3. The Stronghold 10:27
4. Disappearing Pain 08:37
5. From Mist to Oblivion 08:29
6. Melancholy (Longing for the Stars) 08:39
7. Subterranean Realm 09:45
Total playing time 1:05:21

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Black Forest (RUS)


Chronique @ Luthor

28 Juin 2015

La réédition bienvenue de l'un des joyaux oubliés de la scène Doom russe.

Les années 90, comme les années 80, sont un univers à part pour qui ne les a pas vécues. Pas d'Internet, juste des fanzines, quelques magazines, des flyers et des lettres au coût prohibitif (aaaah les fameux IRC pour qu'on puisse vous répondre à moindres frais) envoyées d'un bout à l'autre de la planète comme une bouteille à la mer (pour certains pays, il fallait compter en mois pour avoir une réponse). Et forcément, certains pays étaient complètement zappés quand il fallait parler de Metal. Et pour certains types de Metal, c'était au-delà du simple zapping : un vide intersidéral dans le meilleur des cas.

Compte tenu de ces divers paramètres, ainsi que d'autres plus simplement ancrés dans l'actualité, il n'est pas étonnant de voir que l'Underground mondial n'apprit l'existence d'une scène Doom en Russie qu'à partir des années 2000... Alors que, dès 1987, Александр Невский faisait un très correct clone de Candlemass. Mais c'est réellement après la chute du Rideau de Fer que la scène va se développer. Un tas de raisons peuvent être données, et elles seront toutes et aucunes bonnes. Mais, j'aime à penser que c'est la mélancolie inhérente à l'âme russe et à ses écrivains qui explique le fait que seuls des groupes de Doom/Death romantique, de Gothic Doom puis de Funeral doom (et un peu de Black/Doom, mais pas trop) se formeront entre 1990 et 2000.

Quatre d'entre eux se feront un nom suffisamment connu pour que l'on parle d'eux à l'Est, malheureusement souvent après 2000 et leur split : Autumn de Ekaterinenbourg, Dis Pater de Kaliningrad, Scald de Yaroslavl et Black Forest de Barnaul. Ce sont ces derniers qui nous intéressent aujourd'hui.

Black Forest se forma en 1996, au plus fort de la vague Doom/Death anglaise menée par les Peaceville Three et de la vague batave menée par Celestial Season et Spina Bifida. Comme de manière très logique, le groupe sera en priorité influencé par My Dying Bride, au point de leur reprendre l'idée du violon. Le groupe enregistrera deux démos, toutes en l'an 2000 : "Heidenblut" (qui ne sera pas commercialisée car le groupe trouvera finalement assez ridicule d'avoir des textes pompés à "Blood Fire Death" sur une musique triste) et "Sadness". La commercialisation de cette dernière, que l'on doit au label ukrainien Bloodhead Productions, entraînera divers déboires qui, associés aux habituels conflits personnels, provoqueront la fin du groupe. Et cette cassette traînera dans l'Underground, devenant rapidement l'un de ces joyaux très recherchés par les fans de Doom/Death et l'un des premiers véritables collectors de la scène russe.

La raison en est simple : malgré un manque de moyens criant, malgré des problèmes de studio récurrents, Black Forest avait réussi à enregistrer un album de Doom/Death suintant la tristesse et la mélancolie du niveau de ce que l'on trouve à l'époque à l'Ouest. On peut presque parler de concept-album, puisque chacune des chansons présentes ici parle d'un seul et unique thème : la perte. Qu'il s'agisse d'une simple nostalgie pour ce qui a été et ne sera plus, ou de la perte d'un être cher, toute la musique ici s'articule autour du duo de guitaristes Artyom Demidov et Andrey Dobrychev : leur jeu tout en finesse dans les parties mélodiques ouvrant les morceaux sait se faire plus lourd et oppressant dans les parties centrales, et chacun alterne pour les solos.

Comme pour My Dying Bride, le violon n'est pas là simplement pour rajouter un instrument exotique à la musique mais s'impose comme le deuxième pilier autour duquel s'articule la construction des chansons : il n'est jamais trop mis en avant (ni trop en arrière), et soutient de manière harmonieuse les passages les plus mélodiques. Troisième et dernier pilier, le chant de Artem Anisimkov : très proche de celui de Aaron Stainthorpe, il n'en est toutefois pas une simple copie (Artem ne tombe pas notamment dans les lamentations qui sont l'une des caractéristiques d'Aaron) et il sait correctement doser l'alternance entre chant murmuré et grognements plus classiquement Death Metal.

Si l'influence de My Dying Bride est plus que présente, Black Forest disposait toutefois d'une personnalité bien établie, qui leur aurait permis de se distinguer de la masse de clones des Anglais qui infestait l'Underground entre 2000 et 2002 (période où My Dying Bride était le groupe leader du genre) s'ils avaient été originaires d'Allemagne, de Hollande, d'Angleterre, du Danemark ou même de Norvège. Ce ne fut pas le cas, et pendant longtemps cette simple cassette ne fut disponible que sur un nombre indécent de bootlegs originaires de Russie, Ukraine et Pologne (selon un de mes correspondants, elle fut à une époque la démo russe la plus piratée au monde), ou en téléchargement plus ou moins légal (une spécialité russe). Il suffit de voir, encore aujourd'hui, le nombre de groupes russophones de Doom/Death romantiques qui se réclament de Black Forest pour prendre conscience de l'impact impressionnant que cette cassette eut sur l'Underground russophone.

C'est grâce à la persévérance du producteur Konstanin Korotaev (qui avait enregistré la cassette originale) que "Sadness" a finalement bénéficié d'une réédition digne de ce nom en 2015. Une bonne occasion de vous procurer ce petit bijou musical, et un CD qui ne fera pas à honte à votre discothèque.




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LeMoustre - 28 Juin 2015: Texte très instructif, dans le quel nombre de souvenirs de cette époque ont émergé. Je ne connais ce groupe que de nom (cité dans les premiers Metallian, sans doute). Voilà qui devrait convaincre les fans de MDB d'y jeter une oreille ou deux. Merci pour ce papier, très plaisant et ô combien représentatif de cette période.
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