Formé en 1998 et tenu de main de maître par son growler Jesse Watson, seul membre originel,
Incinerate ne figure pas parmi les groupes US les plus prolifiques de sa génération, livrant en ce mois d’octobre 2020 son quatrième album en 22 années d’existence. Le gang avait surtout fait forte impression lors de son deuxième effort
Anatomize paru en 2008, bombardant avec un brutaldeath technique et apocalyptique, dont la précision et puissance sans pitié n’avaient rien à envier à celle d’
Internal Suffering.
Eradicating Terrestrial Species sorti en 2015 calmait davantage le jeu, évoluant dans un registre calé entre technicité et morceaux taillés directement dans le gras, pour un résultat assez linéaire et manquant globalement de densité.
Autour d’un line-up désormais solide, avec la reconduction de Ted Isac à la guitare et de Sasha Wilczynski à la basse, sans occulter le soutien du bon label
Comatose Music depuis le précédent album, le groupe américain a su cimenter son style tout en s’offrant les services d’un second guitariste. Son nouvel effort baptisé
Sacrilegivm bénéficie en outre d’un assemblage idéal de Juan Urtega aux
Trident Studios (et d’une superbe illustration de Jon Zig pour ne rien gâcher), corrigeant le tir de la production d’
Eradicating Terrestrial Species péchant par son manque d’intensité.
En plus de 20 ans d’existence,
Incinerate a su tirer aujourd’hui le meilleur de ses influences pour son quatrième effort, jonglant avec une aisance insolente entre un style gras & palm-muté et un registre apocalyptique, tout en conservant une ligne directrice toujours technique. On retrouve ainsi la saveur des deux précédents jets qui possédaient chacun leurs atouts, mais tout y est ici intelligemment calibré, permettant d’obtenir des morceaux variés, pour former un ensemble d’une grande cohésion. L’apport d’une deuxième guitare permettant de nuancer le riffing grâce à une dualité idéale entre les deux interprètes, la multiplicité des soli de qualité, le mixage aéré d’Urtega, la richesse des growls de Watson, l’excellence d’un morceau comme Trumpets of
War, le parfait instrumental A Lamentation to the
Fallen en clôture, sont tous ces attributs qui tirent immanquablement le disque vers le haut et cassent toute linéarité.
Bref, rien à redire tant la qualité de composition & d’interprétation sont de mise. On y trouve avec plaisir la folie d’
Unmerciful, la technicité d’
Odious Mortem et le gras de
Gortuary, réunis pour le meilleur en un seul album d’une clarté remarquable. Entre la folie & l’intensité d’
Anatomize et la synthèse idéale de
Sacrilegivm, difficile de choisir le meilleur album de la discographie d’
Incinerate. Ça se joue en tout cas entre ces deux disques, et tout n’est finalement qu’histoire de goût. Pour ma part, j’adore la variété de ce dernier album en date, qui ravira les deathsters fans de ces formations influentes inscrites dans la tradition brutaldeath technique US des années 2000, pour citer
Flesh Consumed ou
Severed Savior.
++ FABIEN.
A cause du piètre Eradicating Terrestrial Species, j'ai failli passer à côté de ce brulôt! Heureusement que tu as rattrapé tout ça Fabien, santé!
Tout comme Sijj, j'avais ignoré volontairement ce nouvel album à cause de la qualité douteuse du précédent, je vais voir à rectifier ça.
Merci pour la chronique Fabien.
Sans aucun doute leur meilleur album. Petite cerise sur le gâteau : un artwork magnifique!!
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