C'est dans une atmosphère éthérée et gorgonesque dégageant une inquiétante lumière crépusculaire que l'on pénètre, à l'instar d'une jeune énergie ritale. Ainsi, un inspiré duo italien de doom atmosphérique gothique aux accents death natif de Coni, composé de Frankie (chant) et Lyn (tous les instruments), a mis sur pied son projet musical en 2013. Et ce, peu avant de nous immerger dans les arcanes d'un premier et menu album full length dénommé «
Sacrifice of the Light ». Les 7 pistes s'égrainant sur un ruban auditif de 30 minutes s'offrent comme une terre de contrastes, de torpeur, de mélancolie et de mornes plaines. Une production encore prise dans son jus, eu égard à un enregistrement laissant échapper quelques notes résiduelles et des finitions encore à parfaire, même si le mixage s'avère convenable et les enchaînements probants. Mais entrons plutôt dans l'univers onirique, empreint de mystère, par moments impalpable, du collectif transalpin.
Dans un premier mouvement, nos acolytes annoncent la couleur de l'atmosphère de fond imprégnant la rondelle dans sa globalité. Une brève entame instrumentale nous ouvre les portes de l'opus, embrayant directement sur son voisin doom death. Ainsi, le dispensable «
Omnia Fert Aetas », le long de ternes arpèges dispensés au son d'un orgue martial plante le décor d'une scène apocalyptique. S'ensuit le plombant low tempo « Plenilunio », acheminant son cortège instrumental vers de lunaires contrées, corroboré par une soyeuse et planante lead guitare. Sur le schéma de la belle et la bête, un duo mixte emprunte une intrigante et nuancée sente mélodique, dans cet environnement de désolation où toute forme de vie semble improbable.
Des effets de contraste atmosphérique et/ou rythmique sont également octroyés. Ainsi, de gracieuses gammes au piano installent sereinement «
Eternal Illusion », piste dark gothique progressive laissant se déverser d'amples nappes synthétiques, le long d'une trame mélodique linéaire et d'une empreinte vocale claire et plaintive. Et ce, avant qu'une dévastatrice claque growleuse ne vienne meurtrir le tympan, celle-ci fermant la marche.
Lorsqu'il livre ses mots bleus, le combo parvient à nous émouvoir, à sa manière. D'une part, des perles de pluie pianistiques glissent concomitamment à une douce et mélancolique présence féminine sur l'intimiste et planant « Contemplating the
Silent Moon », offrant une agréable et subtile ligne mélodique, dans l'ombre d'
Evanescence. D'autre part, le titre « Plenilunio » en version acoustique prend des airs d'avenante ballade atmosphérique, qu'on suit sans sourciller. Evacuant la patte growleuse de son contenu, la plage doom devient propice à la zénitude. On regrettera sa brièveté, simplement.
Enfin, jouant sur des effets de surprise, dans une ambiance floue, peu palpable, le groupe nous mène en des aires peu fréquentées. Dans ce sillage, de jolis accords à la guitare acoustique introduisent le laconique, énigmatique et frissonnant instrumental « Light of
Negative Shades », qu'on aurait aimé un poil plus enjoué, même si le son d'une graveleuse lead guitare vient interrompre cette monotone aubade. Surtout, tel une marche funèbre, la fresque « Innocent Tetra » se joue de nos craintes et bouscule nos certitudes, pour nous aspirer par le fond. Des voix échappées d'un monde inexploré s'entremêlent, nous mordant le tympan, lentement, et inexorablement nos résistances nous abandonnent, comme pour nous pousser à ne plus lâcher cette mystique expérience.
On découvre un premier effort aux compositions de bon aloi, nécessitant néanmoins une mise en condition pour pénétrer dans son atmosphère à la fois vaporeuse et visqueuse. On aurait, par ailleurs, souhaité un propos de plus longue durée, plus diversifié dans ses phases rythmiques et surtout moins lacunaire dans son principe d'émission. Mais il pourra convenir aux amateurs d'ambiances mystérieuses, pour une écoute ou deux, pour le plaisir de la découverte. Pour impacter davantage un auditorat encore clairsemé, on comprend que le combo sera bien inspiré de densifier et de varier sa future livraison, qu'on espère prochaine...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire