... ne se contente pas de laisser l'auditeur indemne.
Thantifaxath est un groupe de Black
Metal canadien composé de trois membres dont on se sait à vrai dire pas grand chose. Souhaitant jouer la carte de l'anonymat, c'est effectivement en tenue sacerdotale et encapuchonnés qu'on retrouve ces derniers sur scène lorsqu'ils se produisent en Amérique du Nord. Applaudi et salué par la critique, le combo canadien sort son premier EP intitulé
Thantifaxath en 2011, limité à 250 copies sur support vinyle et cassette uniquement. Le trio de
Toronto prend toutefois son temps pour nous concocter son premier album sorti trois ans plus tard en avril 2014 :
Sacred White Noise.
Le Black proposé par
Thantifaxath surprend tout d'abord par sa capacité à passer d'un Black très glauque et dépressif à des structures beaucoup plus sublimes de par leur forme, qui laissent découvrir des passages mélancoliques qui prennent directement aux tripes. Les riffs sont tantôt turbulents et déstructurés à l'exemple des premières notes de The Bright White
Nothing At
The End Of The Tunnel sorties tout droit d'outre-tombe, puis embrayent sur des moments beaucoup plus vertigineux à l'exemple des parties éminemment aériennes lorsque les guitares glissent petit à petit vers les aigus. Rien ne semble toutefois ternir le Black oppressant des Canadiens comme le montre les quelques arpèges au milieu du morceau Where I
End And The Hemlock Begins, complètement broyés par un bruit épileptique renchérissant sur un tempo beaucoup plus ravageur ; ainsi que la fin même de l'opus où vient se noyer la voix torturée du chanteur submergée par des rafales aux tonalités presque dissonantes et bruitistes.
Le son est également massif et emplit tout l'espace sonore de l'auditeur en laissant cette curieuse sensation de mal-être qui anime toute l'oeuvre. La basse se caractérise par un ton plutôt rond qui accentue le côté pesant de l'album. L' « éternelle chute » vers laquelle nous invite
Thantifaxath est également marquée par l'utilisation d'orchestrations, discrètes et soignées, qui donnent un caractère spectaculaire à l'ensemble digne d'une révélation sacrée ou d'une initiation mystérieuse. A l'exemple également des samples qui viennent combler très fréquemment des morceaux pour combler le vide vers lequel s'engouffrent les trois compères ; le passage avec les violons sur la piste Eternally Falling étant certainement l'un des moments les plus intenses de l'album.
Fort d'un Black dépressif travaillé et intelligent le premier album des Canadiens surprend et ne se contente pas de laisser l'auditeur indemne. L'atmosphère à la fois étouffante, glauque et sinistre qui se dégage de l'oeuvre plonge littéralement l'auditeur dans le tourment. Le mot « angoisse » prend ici tout son sens dans ces quarante-cinq minutes imparties. Un groupe à découvrir dans les plus brefs délais et à surveiller de près. De très près.
17/20.
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