Sacred Rite

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16/20
Nom du groupe Sacred Rite
Nom de l'album Sacred Rite
Type Album
Date de parution 1984
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1.
 Wings of Pegasus
 04:01
2.
 Angels Never Die
 03:26
3.
 White Boy
 04:02
4.
 The Blade
 05:50
5.
 Executioner
 04:07
6.
 R.I.P
 05:45
7.
 Revelation
 05:10

Durée totale : 32:21

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Sacred Rite


Chronique @ largod

18 Mai 2012

Surfin’ USA

Moi, lorsque l’on me parle d’Hawaï, je pense instinctivement à plusieurs choses très basiques. Pour commencer, je m’imagine, installé dans une voiture décapotable et vêtu d’une chemisette à fleurs, roulant le long d’une côte inondée de soleil, alors que la radio crache à tue-tête le Surfin’ USA des Beach Boys. Me vient à l’esprit aussi les senteurs épicées et les jolies filles, à la peau d’ébène et aux colliers de fleurs, portant des bikinis mettant en valeur leur corps de rêve. Bien entendu, comment ne pas penser aussi aux volcans et au surf, tradition pratiquée sur des spots fameux, notamment celui de l’ile de Maui, connu pour ses déferlantes de Jaws, murs d’eau pouvant faire frémir le plus valeureux des fans de Death Metal. C’est d’ailleurs à Hawaï que Laird Hamilton surfa en 1998 une vague de 26 mètres, record qu’il conserva jusqu'à fin 2011, battu par un hawaïen, Garrett McNamara, qui vainquit une vague de 27 mètres dans le canyon de Nazaré au Portugal ! Et puis, pour l’ancien que je suis, dans les années 70, il y avait beaucoup de séries américaines à la télévision comme Mannix, Columbo, Starsky et Hutch, l’Homme à la Valise, l’Homme de fer et j’en oublie des tonnes qui mettaient en scène de courageux défenseurs de la Loi. Le plus fameux, synthétisant à merveille mes souvenirs primaires d’Hawaï, est Steve McGarrett, policier d’une brigade d’élite de la police de l’ile, héros de la série « Hawaï, police d’État ». Son générique contient d’ailleurs une jolie partie de manivelles du batteur, qui ne rivalise quand même pas avec Dave Lombardo mais possède un charme des 70’s désuet et plein de charme.

Hawaï, c’est aussi du Heavy-Metal. Certains connaissent peut être le groupe Hawaii (qui veut dire Hawaï en Hawaïen…) et son speed metal, sorte de fusion entre Exciter et Megadeth, où officia un certain Marty Friedman ainsi que Deen Castronovo, encore et toujours lui.
Hawaï, en matière de rock bien lourd, c’est aussi Sabre, groupe formé en 1980 à Honolulu par deux gamins d’une quinzaine d’années James « Jimmy Dee » Caterine, guitariste, et Kevin Lum (RIP) à la batterie. Ils furent rejoints par un copain de classe de Jimmy, Mark Kaleiwahea, guitariste puis guitariste-chanteur, grand fan de Randy Rhoads et Eddie Van Halen et par Peter Crane à la basse, plus dans le trip Yes et Queen. Dans un style inspiré par Iron Maiden, Sacred Rite adopte un heavy speed mélodique qui se caractérise par une section rythmique efficace comme un pilonnage de mortiers, un couple de guitaristes assurant à part égale lead et solo d’une qualité musicale indéniable et enfin d’un chant guerrier-prêcheur, parfois neutre et décharné, ayant infusé les racines des chants traditionnels hawaïens.

Ce premier disque autoproduit fut le fruit de leur collaboration avec Pierre Grille et Rendezvous Recording. A la fin de l’enregistrement, Peter Crane proposa le nom et le logo de Sacred Rite et l’artwork de la pochette à ses compagnons qui les adoptèrent. Les titres de ce premier album sont constitués d’hymnes chantés avec fougue et joués avec beaucoup d’intensité. A l’exception de « White boy » sans doute, dont la trame gentillette et pop tranche avec le reste de la galette. Ce big rock est à peine sauvé par les interventions sporadiques et nerveuses du défunt Kevin Lum dont l’assiduité à taquiner ses peaux est rejointe par un main-riff de Jimmy Dee aux sonorités proches de celles d’une des ses idoles, Ritchie Blackmore.

Les six autres morceaux sont tous taillés pour la route et résisteraient à une éruption du Mauna Loa. Le titre « Wings of Pegasus » en entame, aussi joué en ouverture de concert comme celui donné en première partie de Quiet Riot à Honolulu en 1985, donne le ton de ce que les quatre polynésiens sont capables. Un couple basse/batterie qui assure de manière métronomique et enjouée les fondations de la chanson avec une amorce en double grosse-caisse et un groove de cachalot ayant abusé d’une dose de plancton en provenance des abords de Fukushima. Peter Crane se distingue déjà par son jeu massif et lourdement armé alors que son collègue batteur consomme autant d’énergie à cogner sur ses toms qu’à pédaler à bon escient sa double Tama. La Flying V de James Caterine, qu’il utilise comme la seconde de ses influences Michael Schenker, tisse avec Mark une mélodie bien speed teintée d’Iron Maiden sur laquelle chevauche un chant shamanique ne forçant jamais vers les aigus. Première cavalcade ébouriffante avec les soli appropriés qui ne cassent pas la structure d’ensemble du morceau et arrivent à relancer la machine. Speed un jour, speed toujours dirait l’adage. « The blade » semble affuté sur la même pierre aux vertus ancestrales que le précédent. Un excellent riff teinté d’Accept soutient la trame d’une chevauchée fantastique durant laquelle la basse par instant parait être jouée en slapping. Le passage plus lent, avec son interlude de guitare très aérienne, se termine sur une relance énorme de Kevin Lum qui siffle la fin de la récréation. L’arpège de basse répond à celui des guitares et le titre s’achève dans un ensemble harmonieux mais féroce d’instruments.

Prêt désormais au dernier sacrifice, le Maidenien « Executioner » fait son office. Encore un morceau intense, mis en avant par un jeu de cymbales en écho avec la basse survoltée et arachnéenne, de bien belles parties de guitare, mais surtout, un chant mélodieux, au ton implorant par moment, alors que les soli vous explosent à la tête. « Feel the end, ice to the bone, his task is done, the hangman goes home», fin du suspense.

On obtient un peu de répit avec “Angels never die” et son gros riff de guitare, simple mais percutant, qui finalement fait penser à Mick Mars de Mötley Crüe. Les duettistes Peter Crane et Kevin Lum, sans se glisser dans les costumes de Nikki Sixx et Tommy Lee, tartinent avec entrain alors que les interventions en soli des guitares déchirent avec élégance la lame hyper coupante du riff de Jimmy Dee. Pont et break nous régalent d’un arrière-goût de Mötley Crüe bien rafraichissant. Le heavy « R.I.P » s’étire comme une œuvre Manowarienne avec force et élégance. Les intonations de Mark flirteraient avec ce qu’Eric Adams sait atteindre dans les parties lentes et douces s’il possédait un organe vocal aussi complet qu’un véritable chanteur. D’ailleurs Mark occupe aussi ce poste à l’âge de 17 ans sur ce disque, alors que le groupe avait déniché un clone de Rob Halford en la personne de Robbie Littlejohn qu’ils remercièrent bien vite, ne le voyant pas chanter autre chose que du Priest. Les guitares nous donnent un aperçu du toucher des deux solistes alors que Peter Crane continue son travail de sape et propulse cet hymne aux frontières d’un territoire peuplé d’âmes à la recherche de la rédemption et du repos éternel.

Ce premier album s’achève et nous achève avec le titre qui révéla tout le potentiel créatif et énergétique de Sacred Rite. L’époustouflant « Revelation » débute sur un riff qui tissera la trame mélodique de cette sauvage tuerie tout en paroxysme et en retenue. Alors que Kevin Lum pilonne son kit, Peter Crane bourrine sa basse avec la tendresse d’un terrassier pour son marteau-piqueur. Les guitares à la Judas Priest confinent sur les soli à des envolées jouissives aussi saignantes qu’une bonne viande rouge. Mark Kaleiwahea et James Caterine prennent un plaisir non dissimulé à catapulter ce mid-tempo heavy bien speedé au fin fond de nos cavités auditives. Morceau de bravoure, pour toujours. Ébouriffant !

Là où Steve McGarrett et Danny Williams officièrent durant douze saisons sur les écrans télévisés entre 1968 et 1980, Sacred Rite ne fut finalement que le groupe incontournable des premières parties hawaïennes de Triumph, Dio, Iron Maiden ou Dokken au milieu des années 80. Malgré un second excellent opus « Is Nothing Sacred » et une tentative de délocalisation en 1986 à Atlanta, le pli ne prit pas. Las des compromis et d’être tiraillés entre leurs racines rock et un rock business les invitant à devenir plus « commerciaux ». Il reste ce fabuleux témoignage d’une maturité précoce des musiciens qui depuis ont, hormis Kevin Lum tragiquement emporté par le diabète en 2002, pris des virages vers de horizons musicaux parfois surprenants comme le folk progressif de Dream Chemistry récemment pour Jimmy Dee. Comme le héros de la série policière joué par Jack Lord, Sacred Rite eût sa période de gloire et bénéficie toujours d’une profonde reconnaissance locale comme d’être considéré comme le plus grand groupe de heavy-metal d’Hawaï. Et ce, pour l’éternité.

Aloha my friends

16 Commentaires

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largod - 22 Septembre 2013: Dommage Sam. Un LP d'occasion en plus. Je l'aurais pris, même si l'album est un ton en dessous. Quel prix ?
grogwy - 22 Janvier 2019:

La pochette sur le site n'est pas l'originale mais celle de la version cd (2014).Sinon, en effet ce premier album de Sacred Rite demeure une pépite oubliée des années 80.Un succulent Heavy Metal dont l'attrait principal vient de la dextérité des guitaristes Mark Kaleiwahea et Jimmy "Dee" Caterine qui, par leur flamboyant jeu, illuminent les excellents titres du disque. D'ailleurs le label français Axe Killer avait senti le fort potentiel du groupe, puisqu'il rééditera "Sacred Rite" en 1985 en mentionnant sur son encart publicitaire (présent au dos des Enfer Magazine) "Iron Maiden sous acide".

 

swit35 - 21 Novembre 2022:

@grogwy, pochette originale en bonne place désormais, je viens d'acquérir la version Axe Killer, ce disque est effectivement une pépite 

swit35 - 29 Novembre 2022:

@grogwy, pochette originale en bonne place désormais, je viens d'acquérir la version Axe Killer, ce disque est effectivement une pépite 

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