Certains indices font parfois naitre les pires soupçons et les plus viles idées reçus. Aussi lorsqu'un groupe répondant au nom aussi stéréotypé que celui de "
Sacred Guardian" se présente à nos jugements éclairés, avons-nous tôt fait de le cataloguer parmi cette horde de formation prompte à s'exprimer en un Heavy
Power Metal européen au traumatisme soit allemand (
Blind Guardian,
Helloween,
Gamma Ray...), soit anglais (Iron Maiden,
Judas Priest,
Saxon...), soit italien (
Rhapsody,
Shadows Of Steel,
Luca Turilli...), soit nordiques (
Stratovarius,
Sonata Arctica...), soit tout a la fois. Qui plus est, lorsqu'il illustre la pochette de son premier album éponyme par la représentation imagée d'un combat entre un dragon cracheur de feu et un chevalier en arme, alors sommes nous convaincu de détenir la vérité sur le style pratiqué par ce groupe.
Le premier signe qui pourrait venir la démentir concerne l'origine de ces musiciens natifs de l'archipel de Porto Rico. Le second, qui la fera définitivement voler en éclat, intervient alors que s'abat sur nous le tourmenté ce
Last Rites. Dès lors le constat est sans appel, si
Sacred Guardian a effectivement quelques attaches sur le vieux continent, surtout britanniques, c'est essentiellement aux Etats-Unis qu'il puise son inspiration. Au cœur même de ce Heavy
Metal complexe et remuant typiquement américains, en somme (
Omen,
Helstar,
Jag Panzer...).
Ceci étant dit, avant de détailler plus précisément la teneur de ce disque, commençons donc par évoquer ce qui, selon votre humble serviteur, en constitue l'un des atouts les plus remarquables: ses chants. De ces cris, parfois, aigus et perçants proche de ceux de Sean Peck (Cage) mais surtout de ceux du grand Rob
Halford (
Judas Priest), Gustavo Rodriguez excelle. Des vocaux qui savent aussi se faire plus polyvalents en des intonations plus médiums où, cependant, l'artiste peine parfois à maintenir sa justesse. Ces quelques rares imperfections ne sont pourtant pas handicapantes pour peu qu'on fasse preuve d'un minimum d'indulgence à son égard. En tous les cas, cette saine nuance dont il fait usage, d'aucuns pourraient bien s'inspirer.
Le Heavy
Metal US de cette formation porto-ricaine n'est donc, par définition, pas toujours d'une accessibilité immédiate et il faudra sans aucun doute consacrer du temps à cet effort pour qu'il nous révèle toutes ses subtilités. Néanmoins des morceaux tels que le superbe
Sacred Guardian, le pesant et sombre
Ancient Prophecy,
Majesty et ses rebondissements, ou encore, par exemple, Norseman et ses voix gutturales devraient aisément convaincre.
En outres, la présence ici des titres de la première démo du groupe permet aussi de mesurer, en termes d'écriture, les progrès effectués par ces américains des Caraïbes. Si l'écart entre des titres tels que l'excellent
Sacred Guardians ou Knights of the
Moonlight et le reste de l'opus n'est pas nécessairement frappant, celui qui existe avec un
Ulises aux couplets déséquilibrés et moyens, l'est bien davantage. Ce titre, l'un des rares avec Alma
Inmortal à être en langue espagnol, est, sans doute, l'un des moins séduisant de ce disque.
Pour résumer l'affaire, il nous suffirait de dire que ce premier album éponyme d'un groupe au nom tristement commun est affublé d'une pochette d'une banalité évidente, mais que, musicalement, il révèle une surprise étonnante et plaisante.
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