A ce jour, seul le dernier album de YOB m’avait réellement impressionné en cette année 2011. Une année qui semblait enchainer les sorties de groupes majeurs mais sans pour autant déclencher de réelles passions, rien qui ne marque vraiment. C’était compter sans
Running Out of Daylight, le dernier rejeton de
The Living Fields.
Première écoute laborieuse s’il en est. Alors que le groupe est répertorié comme étant du
Doom Mélodique sur nos pages (curieuse appellation vous en conviendrez), dès les premières notes de Remnant, je sens que quelque chose ne va pas.
Pas du tout même. Terriblement upbeat, l'album s'enchaine avec un lot incroyable d'expérimentation " instruments à corde (viole, contrebasse, violon, etc.), vocals typés
Death Metal ponctués par des envolées aigües à la Rob
Halford ou des chœurs très The Who, morceaux composés comme des charades à tiroir, on se sent pris à la gorge. On est déboussolé d’entrée et on se demande si on n’est tout simplement pas en train d’écouter le truc le plus imbuvable de toute la création. D’abord, c’est supposé être du
Doom et ensuite toute cette « agression », c’en est trop. C’est de la merde. De la merde sans nom.
Mais.
Mais on se doit d’écrire une chronique. Et une chronique écrite après une seule et unique écoute, c'est du travail bâclé. On laisse de côté l’album un temps. On se plaint auprès des potes et puis on se dit qu’on est une nouvelle fois prêt à saigner des oreilles pour le bien de la communauté. On sait que ce n’est pas du
Doom, enfin pas vraiment, et on est moins pris au dépourvu et on se lance.
Et là : miracle. Ce qui au début passait pour une immonde soupe faite avec tous les ingrédients qu’on avait sous la main se révèle finalement plus que gouteux. Finalement on se rend compte que la brigade en cuisine fait peut-être feu de tout bois mais au final en bouche c’est presque parfait. Il y a tant d’influences dans la musique de
The Living Fields, tant d’expérimentations qu'il serait certainement peine perdue d'essayer de tout énumérer.
Des passages tantôt très folk façon Simon & Garfunkel sont ponctués par des passages complètement fous quasiment pagan/viking. Le groupe expérimente mais aussi emprunte et sa section cordes lorsqu'elle fait dans la mélancolie rappelle les monstres du
Doom Death que sont
My Dying Bride ou encore
Celestial Season. On pense quelquefois aux débuts de David Bowie, à des bandes originales de vieux James Bond, à des vieux groupes de Prog, à ABBA ou Motley Crue mais aussi, comme mentionné précédemment, aux pionniers du
Doom Death. Chaque morceau est un nouvel exercice plus périlleux que le précédent et qui demande toujours plus à l'auditeur. Auditeur qui au final, si il prend le temps de passer outre la répulsion initiale à tant de "nouveauté" a lui aussi énormément à gagner.
Un album riche et dense qui fleure bon l'heure de musique mais qui une fois qu'il vous aura dompté (et pas le contraire) vous donnera toujours plus à chaque écoute. On ne prend pas une chanson ici et là (même si When the Walls go up est probablement ma préférée) mais le tout dans son ensemble.
Tabula Rasa. Effacez tout ce que vous connaissiez avant ou pensiez connaitre et tentez cette expérience. Nul doute que pour certains la magie n'opérera pas mais pour ceux et celles qui succomberont aux charmes de
The Living Fields, les promesses seront comblées.
Tu me donnes bien envie d'écouter ce tout plein d'expérimentation.
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