Ruins

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16/20
Nom du groupe Daniel Tompkins
Nom de l'album Ruins
Type Album
Date de parution 11 Décembre 2020
Labels KScope
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album0

Tracklist

1.
 Wounded Wings (ft Plini)
 
2.
 Ruins
 
3.
 Tyrant
 
4.
 Stains of Betrayal
 
5.
 Empty Vows
 
6.
 Sweet the Tongue
 
7.
 A Dark Kind of Angel
 
8.
 The Gift (ft Matthew K Heafy)
 

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Daniel Tompkins


Chronique @ Eternalis

24 Janvier 2021

"Ruins" est à prendre avec "Castles". Il est son prisme négatif, son alter ego sombre, son Venom.

Démontrer que l’on est un artiste complet lorsque l’on fait partie d’un groupe populaire n’est pas toujours aisé. Les avis des uns et les jugements des autres peuvent hâtivement mettre les musiciens dans des boites et s’en extirper est parfois difficile. D’autant plus lorsque l’on explose dans un genre décrié par une frange de la scène ; à savoir le djent (ce qui fut le cas, à une époque, du néo, du grunge, du metalcore ...).
Mais Daniel Tompkins n’est pas vraiment un chanteur comme les autres et si TesseracT est un électron libre dans le genre (ayant vu son départ et son retour d’ailleurs), le vocaliste, bien aidé par Acle Kahney, n’y sont pas pour rien.

Il dévoilait déjà une personnalité à part dans son groupe principal, avait tenté des expériences différentes avec Skyharbor mais c’est définitivement en solo qu’un tel homme démontre ce qu’il a de plus intime. Certains, à l’instar récemment de Greg Puciato, expérimentent totalement afin de proposer une facette unique de toutes leurs personnalités. Tompkins, sur son premier opus "Castles" sorti l’année dernière, avait plutôt eu tendance de s’émanciper d’un genre qui l’avait reconnu et accepté. L’album était un concentré éthéré de pop industrielle où les guitares s’effaçaient au profit de boucles électroniques lancinantes et mélancoliques qui, si on pouvait les rapprocher de Leprous ou du Katatonia récent, n’avait pas grand-chose à voir avec le metal. Seule la voix enchanteresse de Daniel nous rattachait à ce que nous connaissions, évoquant parfois celle d’un Chester Bennington dans ce qu’elle pouvait avoir de plus fragile.
Quelques mois plus tard, le britannique annonce "Ruins" et la découverte est assez originale puisqu’il ne s’agit pas d’un nouvel album à proprement parler.

L’homme y a quasiment tout fait, invitant des amis pour donner une couleur à certaines compositions uniquement. Mais voilà, "Ruins" n’est pas un nouvel opus. Le musicien s’est amusé à reprendre les morceaux de son premier album en leur conférant cette fois une couleur plus agressive et sombre, sans pour autant qu’on parle de remix. Les compositions conservent la mélodie vocale mais pas forcément le texte, ou l’inverse. Le pont est évident mais la route parcourue est différente. Intelligemment, Daniel Tompkins créé son propre univers avec ses codes et y développe sa musicalité comme bon lui semble, démontrant que la musique est universelle et que les émotions qui la parcourent peuvent donner vie, avec un même titre, à des émotions bien différentes.
"Wounded Wings" ouvre ainsi le disque sur la base du "Black the Sun" du disque précédent, avec des guitares plus incisives (des guitares tout court dirons certains, même si ce n’est pas totalement vrai), un côté progressif évident dans le son et surtout un sublime solo de Plini (guitariste solo australien) qui donne un aspect aérien à la fin du titre, final où Daniel ressortira un cri démontrant déjà que cet opus sera plus violent. On comprend dès lors la démarche, cherchant les similitudes entre les deux disques, les points communs et les différences, l’un ayant beaucoup plus de sens avec la connaissance de l’autre.

Dire que "Ruins" est un nouveau disque est faux et Daniel a été très clair dessus (plus que Kscope d’ailleurs) mais il n’a cependant rien de commun avec "Castles". Dans la démarche, on peut penser à My Own Private Alaska qui s’était, à l’époque, habitué à reprendre ses propres morceaux dans des émotions totalement différentes et de façon plus originale que simplement acoustiques ou radio edit.
"Castles" devient ainsi "Ruins" pour un titre de metal progressif moderne impérial, chiadé, aux multiples arrangements et à la technicité s’effaçant au profit d’une virtuose légèreté. Nous n’allons pas évoquer à chaque fois quel titre évoque lequel [il faut bien que vous bossiez aussi !] mais se concentrer sur les couleurs de ce second opus. "Stains of Betrayal" se veut par exemple assez proche de TesseracT dans l’expression de ces guitares tranchantes et lourdes, néanmoins imprégnées de nombreux leads mélodiques. Le ton y est forcément lourd, faisant penser au récent "Sonders", avec notamment ces hurlements épars sur la fin du morceau, Daniel nous gratifiant de toute la versatilité de sa voix. Il en va de même sur "Tyrant" aux riffs menaçants et orageux qui s’éloignent radicalement du rock industriel « Radioheadien » de "Kiss".
"Empty Vows" parlera immédiatement puisqu’il se base sur "Saved", premier titre du premier album, premier extrait et premier single ayant vu pour sa part déjà de nombreux remix par des amis du britanniques. Ce titre semble avoir une multitude de vies mais jouit ici d’une ligne de basse très groovy et moderne, bien aidé par des guitares mélodiques dont était dépourvu la version originale mais qui avait eu droit à une version très étrange et cinématographique de Acle Kahney sur la version limitée du premier disque. L’auditeur pourrait se perdre dans toutes ces versions, ne plus savoir le pourquoi du commun, ni réellement quoi aimer mais le but est ailleurs. Daniel se fait plaisir et expérimente une multitude de sensations à partir d’une mélodie vocale unique. Génie ou passivité ? Peut-être aucun de ces deux extrêmes mais une démarche suffisamment unique et rare pour être mentionnée.

"The Gift", totalement inédit pour terminer, nous ramènera aux amours plus connus du chanteur en invitant pour l’occasion Matt Heafy de Trivium pour un duo vocal fonctionnant à merveille, autant en clair qu’en saturé. Il se dégage une poésie dans l’alliance de ces voix qui semblent faite l’une pour l’autre, s’enlaçant autour d’un basse-batterie djent et de riffs saturés joués sur les cordes graves. Le break dévoile une agressivité nouvelle pour le chanteur en solo et ouvre des portes pour l’avenir, même si la frontière avec son groupe principal n’en deviendra que plus mince.
En soi, "Ruins" est à prendre avec "Castles". Il est son prisme négatif, son alter ego sombre, son Venom. Il est évidemment libre de vivre de ses propres ailes et chacun pourra aimer l’un plutôt que l’autre mais l’écoute approfondie et cumulée des deux facettes de l’artiste n’en est que plus intéressante. Daniel Tompkins démontre tout son talent pour la musique, les instruments, la production et son caractère profondément autodidacte. Un artiste moderne, isolé mais ouvert sur le monde. Une belle définition de la musique d’aujourd’hui.

1 Commentaire

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JeanEdernDesecrator - 25 Janvier 2021:

Je trouve la démarche de Tomkins intéressante,  il va falloir que j'écoute les deux disques... Merci pour la chronique  !

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