Si le thrash a réellement besoin d'un second souffle en cette année 2018 pauvre en sorties de groupes majeurs, c'est finalement peut-être du côté de la scène connotée "evil" qu'on pourrait le trouver. Parmi les récents albums de
Hellish,
Rapture,
Inquisitor ou autres Exorcismo, il y a aussi l'album
Ruins des Allemands de
Panzer Squad qui fait office de trublion dans la même veine. Doté d'une pochette extraite de l'oeuvre de John Martin qui rappelle un peu la parure du seul et unique disque des Suédois d'
Agony ("The First Defiance en 1988), ce disque sorti chez
Testimony Records, est un vrai très bon disque de thrash situé quelque part entre Sodom pour le côté A.O.C. leurs compatriotes de
Division Speed, voire le
Sepultura de 1987 qui n'en finit plus de faire des émules ("
Escapist" et son phrasé typique).
Fort bien construits, les 13 titres (dont un bonus sur la version vinyle, la reprise des punks de Shitlickers "Warsystem" qui clôt le disque), fleurent bon l'urgence et la réverbération sonique chère au style ("
Sewer Rat"), qui pourra sembler redondant chez certains. Cependant, et c'est là toute la force des Allemands, il y a toujours le petit break, le contretemps, la ligne de basse ou le solo qui fait la différence. Ne reniant pas l'influence des deux premiers
Slayer, notre trio (Tobi - guitares et vocaux, Sven à la basse et Henni à la batterie) compose des morceaux majoritairement courts, autour des 3 minutes, et qui ne souffrent ainsi d'aucune longueur superflue. Avec l'apport de
Joel Grind (
Toxic Holocaust) au mastering,
Panzer Squad bénéficie d'un son adapté, faisant la part belle à une basse saturée ("Singular Purpose") mais audible tout au long des changements nombreux de rythmiques. Parfois lourdissime (miam, le break final de "Societal
Funeral" à faire un moshpit dans le salon),
Ruins est bien évidemment majoritairement rapide (l'effréné "Approaching the
End", nonobstant son solo mélodique de toute beauté dans la partie centrale du titre).
Pas dénué non plus de coloration crust, et de riffs hérités du punk ("Singular Purpose" au début avant que
Slayer ne vienne rôder),
Ruins pioche un peu partout avec délectation, tant il semble flotter autour de ces compositions une unité singulière, mêlant tour à tour diverses tendances des sources de la scène extrême (le superbe "Zombie Shot" et ses différences notables d'ambiance à l'intérieur du même morceau). Là, dit comme ça, ce peut sembler bateau, mais les différents niveaux de lecture aidant, avec la multiplicité des écoutes, cet aspect prend corps et permet à
Panzer Squad, à l'instar d'un
Rapture, d'être plus qu'un ersatz à la
Hellbringer (très chouette au demeurant) et ainsi de rafler la mise.
Bonne pioche que cet album un peu sorti de nulle part, qui sur les ruines de l'univers thrash désertées en cette année 2018 par les pointures plus classiques, propose une resucée qui plaira à coup sûr aux fans de Pleasure to
Kill, Schizophrenia et autres fameux albums des 80's, vieux Sodom en tête. Loin d'être innovant, mais rempli d'une gnaque juvénile complètement à propos, et juste parfaite pour le genre,
Ruins participe à son échelle à enrichir un genre finalement laissé aux mains de jeunes pousses aptes à le reconstruire. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.
Comme tu le dis fort justement dans cette pertinente chronique, Lemoustre, même si il n'y a rien d'innovant dans le Thrash de ce groupe, cette gnaque juvénile fait bougrement plaisir. Et puisqu'il faut bien encourager la jeunesse, mon bon monsieur, je crois bien que je vais m'offrir cette rondelle dans les plus brefs délais.
De plus, cerise sur le Mc Do, cette album est vraiment pas onéreux.
Merci (une fois de plus) pour la découverte, camarade.
Merci pour cette chronique ! Parfois, ça fait du bien, un peu de thrash franc du collier, bien direct et sans prétention ! C'est frais comme un seau à glaçons lancé en pleine poire, hummm !
Sur la vidéo, j'aime bien les deux mecs avec la bière qui headbangent mollement, arfff !
Merci pour cette chro....par la force d'amazon....
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