Liste des groupes Hardcore A Wilhelm Scream Ruiner

Même équipe, même staff, même label, sauf que le travail paille, cet album est bluffant!
L'évolution de la technicité des musiciens est flagrante sur ce "Ruiner". La production a fait des merveilles, permettant d'apprécier à sa juste valeur toutes les subtilités de l'opus.

Dès les premières secondes, l'intro de "The King Is Dead" retient notre attention ; tout en finesse, avec de la technique, avant ce déferlement de puissance. Et là, c'est le défilé, entre mélodies accrocheuses, chœurs hyper bien placés, breaks, accélérations, on en prend plein la tête. Une inventivité hallucinante couplée à un dosage au millimètre permettent à la composition de toujours délivrer le meilleur. Enchaîne un "Killing It" de même acabit ; il y a une véritable osmose entre chaque instrument, comme si leur musique suivait un chef d'orchestre. Sur "Pool" il y a des riffs ultra rapides, additionnés à d'autres où les guitares sont chantantes ; l'inspiration démesurée de ce groupe est impressionnante. Ils arrivent tout le temps à vous rattraper au vol par une cassure dans la chanson qui suscite votre attention, et souvent, c'est une ligne de chant imparable.

Les mélodies sont incroyables sur cet opus, à l'instar de "The Soft Sell" ou la surpenante "In Vino Veritas II", à la fois envoûtante et douce. Sur "Me Vs. Morrissey in the Pretentious Contest", j'ai rarement entendu un groupe arriver à projeter autant de conviction. Les parties chantées sont extrêmement bien travaillées. Arrivé à "Congratulations", moins complexe et qui permet de souffler, on croirait la fin de l'album tellement il s'est passé de choses. Mais il n'en est rien!

Ce qui est fou, c'est que dans toutes les compos, il y a une mélodie, un pont, un chœur ou autre qui viendront toujours nous surprendre. De plus, le chanteur possède vraiment un énorme talent, comme sur "Mercy Day for Mr. Vengeance", où il passe d'un punk mélodique à du rock alternatif jusqu'au hardcore mélo sans problème. Sur la fin, on se dit "bon là ils ont tout donné, va y avoir certainement des morceaux moins bons". Eh non !
"Less Bright Eyes, More Deicide", dans la même veine qu'un "killing It", ou "Speed of Dark" et son intro en mode metal technique mélodique, tout reste d'une qualité hors normes. Et pourquoi ne pas finir sur un véritable feu d'artifice ? "Cancer Dream" compile tout le savoir-faire acquis par le groupe, avec des guitares aussi subtiles que techniques, pour finir sur un aspect plus planant et mélodique.

Il m'est bien difficile de vous décrire leur musique, n'ayant pas trouvé de réel équivalent. Je dirais un mélange de Propagandhi, pour le côté punk hardcore, Belvedere, pour sa rapidité d'exécution et le rendu skatecore, et Protest The Hero, pour l'aspect technique ; mais, là aussi, il faudrait avoir ces références. Peut-être que Satanic Surfers, Thrice (à ses débuts) ou Strung Out pourraient mieux vous aiguiller.

Avec un metalcore en plein boom, de nouvelles pistes musicales s'ouvrent. A Wilhelm Scream a trouvé le moyen de transcender un style qui pourtant a longtemps stagné. Même si, au début des années 2000, le pop punk, avec des groupes comme Blink 182, Sum 41, ou New Found Glory, a donné un coup de fraîcheur sur le genre, cette vague est assez vite retombée. Un style toutefois relancé par d'autres formations, comme Set Your Goals, en incorporant du hardcore old school à ce pop punk, créant dès lors le pop core.

Au final, A Wilhelm Scream sort un album novateur, d'une fraîcheur remarquable, surpassant (pour moi) la vieille garde dont il tire ses influences. J'ai beaucoup écouté de punk rock : Bad religion, Nofx, Pennywise, No Use For A Name, Bouncing Souls, Burning Heads, Millencolin, et j'en passe. Si ces années 2000 ont été une véritable bouffée d’oxygène, elles n'auront jamais connu autant de succès. Aussi, beaucoup de pépites restent dans l'ombre, parmi lesquelles ce "Ruiner", que je ne peux que chaudement vous conseiller.