Royaume Mélancolique

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17/20
Nom du groupe Dark Sanctuary
Nom de l'album Royaume Mélancolique
Type Album
Date de parution Avril 1999
Membres possèdant cet album95

Tracklist

Re-Issue in 2004 by Wounded Love Records.
1.
 L'Autre Monde
 10:56
2.
 L'Ombre Triste
 03:47
3.
 Night Rain
 08:18
4.
 Le Rêve de la Nymphe
 07:32
5.
 Miserere
 10:02
6.
 Valley of the Pain
 03:29
7.
 The Final Battle (Veles Cover)
 04:05
8.
 Maze
 03:03
9.
 Anathème
 13:30

Durée totale : 01:04:42

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Dark Sanctuary


Chronique @ adrien86fr

15 Août 2011

And as a dreamer I am lost in the shadow of a maze...

Accompagner des états d’âme neurasthéniques, empreindre l’instant présent d’émotions cristallines et limpides indicibles, inviter l’auditeur au voyage introspectif dans des abîmes spirituelles dénuées de toute médiocrité humaine, élever les confins de son âme vers les sphères irrationnelles de l’intemporalité mystique, acquérir le pouvoir transcendantal d’atteindre les arcanes initiatiques de la connaissance et de la liberté psychique absolue, telles sont certaines des qualités inexplicablement imputables à la musique de certains artistes charismatiques et immuables dont la portée sur l’auditeur s’avère dépasser la simple et primaire satisfaction auditive, à l’instar des inénarrables Dead Can Dance, Die Verbannten Kinder Evas, Love Is Colder Than Death, Elend et autres Dark Sanctuary.

Dark Sanctuary naît à Paris dans la brume et le froid du mois de février 1996 autour du claviériste Arkdae, musicien actif de l’underground black Metal hexagonal (Bekhira, Chemin de Haine, Seth mais également le batave Deinonychus), et de la vocaliste néoclassique Marquise Ermia. Après la parution d’une première démo-tape intitulée « Bruises » sur le label francilien A.M.S.G. Productions quelques semaines seulement après la création du projet, le line-up de Dark Sanctuary s’étoffe en 1998 avec les arrivées successives d’Hylgaryss (Winter Funeral, Black Fortress, Kristallnacht, Chemin de Haine, Caithness) en qualité de second claviériste, du bassiste/percussionniste Sombre Cÿr ainsi que d’une violoniste classique en la personne d’Eliane de Peyronnet. Après une seule et unique représentation scénique le 19 septembre de cette même année au Café de la Plage de Maurepas dans les Yvelines, en compagnie des ex-futurs Antaeus de Tragos Adein, mais aussi, des légendaires Secrets de Morphée et XVIIème VIE, Dark Sanctuary sort un premier album longue durée baptisé « Royaume Mélancolique » en avril 1999 sur le label séquano-dionysien Ancestral Craft Productions.

Exercice on ne peut plus superficiel et stérile que celui de placer le style musical pratiqué par un artiste dans une vulgaire case, mais s'il fallait absolument trouver un qualificatif au concept sonore de Dark Sanctuary et qui plus est dans un élan de snobisme anglophile, alors le terme de Neoclassical Dark Wave serait le plus à même de remporter la plus grande partie des suffrages. Effectivement, le combo parisien pratique une musique atmosphérique d’obédience classique animée par des vocaux féminins éthérés dont l’un des principaux intérêts réside dans l’expression et la communication à l’auditeur d’émotions pures et sibyllines favorisant la méditation et l’introspection personnelle. Le disque débute avec la céleste « L’Autre Monde », magnifique ode à la solitude et à la nonchalance qui, marquée d’une lenteur apocalyptique, s’avère sublimer la grandeur de son âme grâce aux divines parties de violon d’Eliane de Peyronnet et aux somptueuses envolées lyriques dans la langue de Molière de Marquise Ermia notamment. Ambiance grave et esthétisme aristocratique semblent constituer le fil conducteur de ce « Royaume Mélancolique » dont la production s’avère être remarquable pour un premier effort émanant fièrement de la scène souterraine française. A ce titre, relevons les significatives « L’Ombre Triste », rêverie illusoire d’un individu réfléchi et lucide face à la Mort, ainsi que la magnanime « Le Rêve de la Nymphe », magnifique complainte d’un être de lumière las d’un amour platonique préférant le vide et le néant à l’élancement d’une déchirure affective éternelle. Paroxysmes de la magnificence mélancolique qui raisonne avec insolence dans chaque note et chaque souffle vocal de cet opus à la personnalité spirituelle prononcée, les relativement courtes mais non moins intenses « Valley of Pain », « The Final Battle » et autre « Maze », judicieux intermèdes préparant avec une solennité des plus tragiques le grand final de l’album, la gravissime « Anathème », véritable arrêt de mort d’une humanité décadente et servile dont la destinée la plus juste s’avère être celle de périr à jamais dans les flammes noires d’un brasier purificateur.

Témoin légal d’une décennie 90 pouvant se targuer d’avoir offert ses heures les plus prolifiques et fertiles à un véritable et sincère underground gaulois sombre qui, depuis, tend quasi invariablement à se perdre honteusement dans les méandres du conformisme inculturel et de la complaisance grand public, Dark Sanctuary fait incontestablement partie de ces entités de légende qui rendaient dispensable le fait de se nourrir culturellement ailleurs en Europe, tant la palette d’artistes bleu-blanc-rouge était on ne peut plus marquée par la variété et l’originalité. Ainsi, du dark ambient (Les Joyaux de la Princesse, Regard Extrême, Désaccord Majeur, Dawn and Dusk Entwined…) en passant par la dark wave au sens large du terme (Eros Nécropsique, Elend, Dark Sanctuary…) et bien évidemment le sacro-saint black Metal (Osculum Infame, Mütiilation, Blessed In Sin, Funeral/Kristallnacht, Puritas Virginum…), l’underground français bien que traditionnellement mis à l’écart par la presse spécialisée nationale qui, par snobisme lui préfère incompréhensiblement les artistes étrangers, a donné naissance dans une pénombre relative à certains releases de grand intérêt qualitatif, à l’instar de ce « Royaume Mélancolique » des Parisiens de Dark Sanctuary. Néanmoins porteur de quelques maladresses propres à une première production à l’instar de la trop longue et dispensable « Night Rain », empreinte malhabilement d’une rythmique tribale, de l’introduction livide et lassante de « Miserere », s’avérant être, au final, une pièce de grande classe ou encore de quelques fautes de syntaxe dans les textes de morceaux rédigés dans la langue de Shakespeare, ce premier disque mérite cependant un encensement unanime. Et ce, car, cet opus s'avère noble dans sa texture, sincère dans son exécution, inspiré dans son écriture tant musicale que lyrique, mais surtout garant pour l’auditeur sensible au concept du quintette francilien d’un voyage introspectif dans les confins de son âme tourmentée en quête d’une ultime rédemption salvatrice et enfin digne spectateur/acteur d’une épopée dorée et très certainement irrécupérable d’un underground hexagonal dont l’Histoire et les péripéties, certaines sulfureuses, sont des plus fascinantes.

Malgré quelques maladresses compréhensibles pour un premier effort, dont on se tiendra de lui tenir véritablement rigueur, au vu de la très bonne facture de l’ensemble de son contenu, « Royaume Mélancolique » de Dark Sanctuary s’avère être une œuvre obscure et vraie de réflexion et de tourments, se voulant être l’expression sincère de l’âme d’artistes libres et cultivés dont la pluridimension artistique n’est plus à prouver, compte tenu des nombreux autres projets au sein desquels officient ses membres les plus influents. Au-delà d’un aspect purement musical intéressant et efficace, rappelons l’identité historique de ce premier opus et le charme indéfinissable qui lui incombe. Incontestablement, le premier chapitre inspiré d’une discographie riche et dynastique.


14 Commentaires

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MikeSlave - 14 Septembre 2012: En lisant ton article j'y ai retrouvé certains des qualificatifs qui m'avait encouragé à me procurer cet opus.l'ambiance qui s'en dégage - comtemplative et introspective - laisse une grande liberté à l'auditeur dont le ressenti entre facilement en résonance avec le ton de l'album mais, au risque de me répéter, je n'y suis peu ou pas sensible.Enfant de mon siècle, je fais preuve d'un prosaïsme exacerbé au détriment du caractère "merveilleux" ou spirituel de cette formation.
MattMaiden - 23 Mars 2013: On vient de me donner l'album, je vais l'écouter et te donnerai mon avis ! Merci pour cette chro !
PhuckingPhiphi - 25 Fevrier 2021:

Il y a des fois où ma propre psychorigidité me désespère moi-même…

J’avais découvert cette formation à l’époque de son tout premier EP, “Funeral Cry”, que tu n’évoques pas ci-dessus mais qui vient s’intercaler entre la démo et ce premier album. Comme j’avais trouvé ça plutôt pas mal dans ce style instrumentalo-gothique si typiquement 90s, je m’étais laissé appâter par ce premier LP, d’autant plus aguiché par la conversion du duo à la langue de Molière.

Las ! Dès la première chanson, ce fut le drame !

"Prends mon âme
Prends mon âme
C'est mes rêves
Qui s'éclairent"

QUÔA ?! (à prononcer avec la diction de Philippe de Villiers).

Qu'est-ce que c'est que ce "C'est mes rêves qui s'éclairent" ??!?!

Alors que la bonne formulation est évidemment "CE SONT mes rêves qui s'éclairent" !

Bref, voilà comment, pour une modeste erreur de syntaxe, irruption inopportune d'une forme un peu trop "parlée" de notre belle langue dans un genre qui se doit de rester littéraire, ce disque avait perdu toute crédibilité à mes oreilles en une seule seconde. Et pourquoi voilà ça fait plus de vingt ans que je le boude, alors que je m'aperçois, en le réécoutant aujourd'hui, qu'il vaut bien mieux que le sort poussiéreux auquel je l'avais condamné.

Ha, qu'on peut être bête, quand on est dans sa vingtaine !… -_-

Tiens, ça me rappelle que j'ai également les deux premiers Elend, sortis dans les mêmes années et dans un registre similaire, auxquels il faudrait que je redonne une petite rotation un de ces quatre.

Merci pour la kro Adrien ! :)

adrien86fr - 26 Fevrier 2021:

Merci pour ton retour Phiphi, sur le 1er effort d'un combo excellent et original que j'ai toujours complémentairement rapproché de la scène black franco-parisienne de la bonne époque malgré les apparences, rien qu'à voir le CV des boyz du groupe, on est dans du lourd et celà amplifiait encore plus l'aura du combo.. Grand regret de ne jamais avoir pu être porté par leur musique éthérée en live lors d'un Festival de l'Erebe à la Locomotive dont ils foulaient assez régulièrement les planches à leur âge d'or.

Ah les paramètres personnels disqualifiants sur les groupes et disques.. Je suis assez fort dans le domaine, je n'en dirai pas plus !

La commune de résidence du label Ancestral Craft présente sur la back cover de l'album m'a toujours fait marrer, en contraste absolu avec l'esprit de l'album et du groupe... Aulnay sous Bois wesh 9.3 représente :))) 

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