Décidément la scène deathmetal Française se porte bien en 2020. A croire que les purulences des morts annoncés quotidiennement sur les media encouragent les garnements de la scène à activer et publier leurs passions les plus morbides. C'est sur la fin de cette bien triste année que
Rotten Brain choisit de sortir sa seconde
Demo (avec un ex
Bestial Soul - cf : chronique en ces pages) après deux splits avec des camarades de morgue (Casket Slime et
Immortal Rotting). A présent sous la forme d'un duo,
Rotten Brain réenregistre ainsi trois titres du dernier split avec une vraie batterie et, fort de deux nouveaux titres, met en boîte (ou plutôt sur galette, la
Demo sortant sous format CD - voir le bandcamp de la formation) ces 5 titres, et un bonus-track (l'instrumental "A
Slow Agony", catchy) pour 25 minutes de metal de la mort.
D'entrée, le riff de "Beauty Of
Decay" évoquera à coup sûr les prémices de Death, époque
Scream Bloody Gore donc, avec lancinance et tempo doomy du meilleur effet. Mais, si
Rotten Brain se revendique une influence de musiques de films gore d'antan, avec l'inexorabilité d'une marche de zombies décharnés, le duo ne se contente pas d'un ton uniforme. En effet, nombre d'accélérations et de cassures de rythme ponctuent les titres, donnant à ce deathmetal autant américain que Nord Européen substance et corps.
Ainsi, sous un son sourd, digne des premiers
Incantation (influence indéniable du duo), "
Embedded On Grave" multiplie les blasts et "Man In The
Madhouse" reprend les débuts lancinants qui ouvrent l'album, avec une cohérence et un vrai fil rouge dans la structure. Une variété dans le propos bénéfique pour ce pavé de lourdeur manifeste, aux growls sourds comme un arbitre accordant un penalty. L'ombre de la scène finlandaise n'est d'ailleurs pas loin, tout comme celle de Aum (dont le premier album avait fait son petit effet), pour rester au pays de la baguette bio. La mise en place du son pourrait être plus percutante ("Theater of Horror", dont les effets sont un peu noyés dans le mix) pour pleinement profiter des déflagrations et notamment de la qualité des riffs, bien réelle, mais au stade de la seconde
Demo, et fort d'un acte de naissance récent, ceci sera certainement perfectible à l'avenir.
Ne boudons pas le plaisir de voir une formation locale afficher ses accointances nobles (l'excellent instrumental "A
Slow Agony", ou "
Torture", qui reprennent les entames de morceaux accrocheuses chères au duo), et réussir à transposer l'essence du deathmetal le plus incorruptible. Néanmoins, l'objet est à réserver aux fans de ce deathmetal à l'imagerie gore assumée au son sourd, au growl glaireux et aux petits-enfants du premier Grave, parfaite bande-son d'un vieux Romero, si une mise en images était possible. Soit du deathmetal de caveau, mortifère et lancinant, mais capable de s'emballer à la moindre occasion.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire