Tortorum n’est plus vraiment un inconnu sur la scène black : composé de membres de
Spearhead Gorgoroth,
Veles ou
Aeternus, le combo norvégien a déjà sorti deux albums de bonne facture qui ne seront pas passés inaperçus chez les amateurs de black scandinave.
A ce niveau, il convient d’ailleurs de rétablir la vérité,
Tortorum n’évoluant pas vraiment dans le black brutal mais dans un metal noir mêlant influences norvégiennes et suédoises, glacial, tranchant, à tendances orthodoxes, sachant varier intelligemment les rythmes et soignant particulièrement ses ambiances noires et malsaines.
Après le départ du batteur
Dirge Rep, c’est désormais en tant que trio que les Norvégiens reviennent sur WTC Records, sortant leur nouvel E.P
Rotten.
Dead.
Forgotten à la pochette traditionnelle rappelant les meilleures heures du black norvégien.
Et ces 29 minutes partent plutôt bien, avec Iao Ial, une intro bien foutue qui instaure une ambiance franchement sombre à base d’arpège ténébreux et de plages de claviers angoissantes du plus bel effet. Débarque ensuite All Suns Black, premier véritable titre de l’EP, et vus les antécédents de nos gaillards on attend l’explosion qui va inévitablement venir nous ramoner les tympans, mais… en vain.
Oui, une fois n’est pas coutume, mais
Rotten.
Dead.
Forgotten est une galette de black qui commence par un titre de presque six minutes, lent, lourd, traînant et malsain. Même si en soi le morceau est correct, il est trop peu varié, trop long, s’appuyant uniquement sur quelques riffs certes bons mais pas inoubliables. Et en fait, le plus étrange c’est que
Night of the Witch continue sur la même lancée : ces riffs de suie crachant avec un dégoût palpable leurs notes insidieuses s’imprimant dans le cortex comme une traînée de sang sur la neige, cette batterie lourde et monotone qui nous lobotomise de sa frappe mate, et la voix de Barghest toujours impeccable, bien déchirée et intense. Un morceau pas désagréable à l'ambiance particulièrement charbonneuse, mais manquant tout de même d’intensité et de variation, à l’instar de
Lucifer Victrix. Cela semble d’ailleurs être un parti pris du groupe, qui évolue principalement dans un tempo mid ou lent, servant des riffs très froids et lancinants sur la grande majorité des titres.
Il faudra donc attendre le troisième morceau,
Life is The Enemy pour avoir un black direct et rapide qui nous saute à la gorge, tous blasts dehors. C’est rapide, intense, bien exécuté, mais le tout manque cruellement d’originalité et de diversité, ressemblant à n’importe quel titre de black brutal norvégien. Il n’y a finalement bien que Black Mantras Mysteries qui nous réconcilie avec le groupe, avec cet excellent riffing, cette basse discrète mais audible et ce martelage de fut intense pour presque sept minutes d’un black metal rapide, épique, varié et intelligemment composé qui fait vraiment plaisir à entendre. Ceci dit, une compo sur cinq, c’est loin d’être suffisant, surtout quand on connaît le potentiel du groupe…
Pour conclure,
Rotten.
Dead.
Forgotten est une déception, semblant témoigner d’un groupe en perte d’inspiration, qui, s’il arrive à conserver une ambiance glaciale, propose des titres trop répétitifs et stéréotypés qui s’avèrent finalement tout juste passables. Espérons simplement que cet égarement ne soit que passager et que le titre de cet EP ne soit pas annonciateur du funeste destin de
Tortorum…
Mais il est clair que s'ils nous sortent ça sur un album entier, ça me ferait mal...
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