Liste des groupes Doom Death Acid Witch Rot Among Us

"La rencontre était imminente et Aradia bouillait d'impatience. Le courriel en peau d'agneau indiquait sans équivoque : Rendez vous 23h50 à la Samhain chez Gundella la Verte, 29 Niebolt Street, Arkham, Massachusetts. Évidemment, elle savait qu'elle allait devoir se coltiner les même vieilles harpies que les années précédentes, entendre leurs sempiternelles blagues vaseuses , style "alors, comment sabbath chez vous ?" ou "pas ce soir, j'ai balai !!", et qui ne faisaient rire qu'elles.

Non sa fébrilité tenait à un simple fait ô combien jubilatoire : Gundulla avait réussi à convier Shagrat et Slasher Dave, deux nécromusiciens des bas-fonds de Detroit férus d'incantations et d'hallucinogènes. Ils apportaient comme présent leur dernier recueil de cantiques au Malin. Enfin, se disait-elle, fini pour moi les Malleus Maleficarum poussiéreux et les Necronomicon pour les nuls, je vais découvrir les ultimes arcanes de la mystérieuse et souveraine Acid Witch et enfin détenir le pouvoir, le vrai !!!"

5 ans depuis leur précédent album ("Evil Sound Screamers") et après une flopée de singles/EP, voici les gragouilles de Detroit de retour avec leur 4ème album, "Rot Among Us". Ce nouveau brouet, qui sort le jour d'Halloween chez leur label habituel Hells Headbangers Records, comprend 10 morceaux de choix pour 40 mn de musique déjantée et effrayante, fidèle à la ligne de conduite.

D'ailleurs, l'entame "Gather Each Witch" plonge de suite dans leur univers : notes de synthés angoissantes, voix de sorcières maléfiques, gros riffs groovy, orientation heavy plus sensible et un refrain qui vous rentre dans le cervelet comme un couteau bouillant. Cette pénétration continue de plus belle sur le terrible titre éponyme, où les lignes de chant éructées par un organe vilainement glaireux donnent envie de se trémousser tel un zombi désarticulé.

On pourrait se dire qu'on a déjà entendu tout ça sur leurs albums précédents. Ils ont trouvé cette formule unique et la déclinent avec entrain. Ces bougres arrivent même à agencer sur chaque titre un petit quelque chose qui conquiert l'auditeur. De la puissance de "The Sleeper" à la flûte envoutante de "Psychedeatic Swampnosis", de l'histoire véridique et épouvantable narrée dans "5508 Martin Street" à la rigolote "Evil Dad (Dad by Dawn)", sans oublier les quelques samples judicieusement disséminés, les morceaux s'enchainent avec un équilibre bluffant. Et toujours ces rires hystériques, cet orgue désaxé, cette ambiance qui exhale l'abus de drogues et la folie.

Une combinaison qui culmine sur les superbes "Tommyrotters" et "Chelsea Didn't Come Home Last Night", qui font place à un doom malsain qui vous enveloppe et vous fait frissonner, à l'image de la brume qui baigne la lande proche du manoir des Baskerville. Par ailleurs, la Sorcière Acide n'oublie pas de faire honneur à sa comparse sur le dernier titre, "Gundella the Green Witch", aux accélérations méchantes. On ne peut que vanter également le jeu de batterie de Phil Warren, totalement dédié à la réussite des morceaux.

Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, Slasher Dave s'est occupé de la production en tout point convainquante. Et que dire du génial artwork signé Shagrat, qui enverra du lourd sur les t-shirts/hoodies.

"Une fois la rencontre terminée, Aradia se sentait à la fois heureuse et mélancolique. Certes, elle avait effleuré cette puissance si simple, si suprême mais elle savait qu'elle était loin de pouvoir la maitriser. Généreux et charmés par sa rouerie, les sorciers lui avaient offert une veste à patches hantée, un chauve-souris décapitée par le Prince lui-même et surtout un exemplaire de ce "Rot Among Us", qui allait faire frémir de nombreuses chaumières ..."