La dichotomie extrême qui existe parfois entre le fond sérieux et grave de certains sujets abordés par certains groupes et entre la forme que ces mêmes groupes adoptent pour traiter ces thèmes, me laisse parfois pour le moins perplexe. Pour être tout à fait clair, chacun est bien libre de penser ce qu'il veut, mais moi lorsque des musiciens décident soudainement de s'employer, par exemple, à dépeindre ces affres ô combien complexes et difficiles de la première guerre mondiale et que, pour ce faire, ils usent d'un
Power Metal si guilleret et enjoué que celui-ci ferait passer le Happy
Metal d'
Helloween pour du
True Black
Metal, il y a quelque chose qui, selon moi, ne fonctionne pas. Quelque chose que ces artistes, aussi doués et bien intentionnés fussent-ils, n'ont pas véritablement compris. A choisir, je préfère donc écouter le Under the
Sign of the Iron
Cross de
God Dethroned que le The Last Stand de
Sabaton. Il me semble que le premier a davantage saisi et qu'il retranscrit bien mieux les enjeux, la sueur, le sang et la détresse humaine de ces périodes sombres et dramatiques. Mais c'est mon avis et je comprendrais parfaitement que d'autres ne le partagent pas et considèrent que la musique des Suédois soit plus à même de dépeindre l'âpreté de ces heures obscures.
Quoi qu’il en soit, et pour en revenir à nos Italiens d’
Imperivm après cette interminable introduction à l’intérêt, reconnaissons-le, assez limité, quand un album est baptisé
Rome Burns, je m’attends donc à sentir les flammes destructrices de ce brasier lécher mon visage. Je m’attends à sentir l’odeur acre de ces batailles épiques. Je m’attends à voir du sang couler de plaies béantes. Je m’attends à entendre le fracas métallique de ces armes s’entrechoquant et à ressentir dans chacun de ces coups d’épées toute la tension de ces hommes luttant à mort pour leur vie. Perdu. Ici tout, ou presque, n’est qu’harmonie, joyeuseté, musicalité naïve et douceur. Tout n’est que
Power Metal Européens aux refrains si mélodiques et d’une telle candeur parfois qu’on finit par être gêné. Très gêné. Très très gêné. C’est le cas, par exemple, pour Spartacus
Never Dies, Behind the Alps ou Domus
Aurea qui, sans aucun doute, arriveront dans le haut du classement des pires morceaux de cet opus grâce, ou à cause, de leurs chorus. Trois titres abominables qui pourtant seront, sans contestation possible, surpassés par l’affreux No Wife No Queen. Cette ballade est d’une telle niaiserie que les mots me manquent pour la décrire.
Evidemment, ne nous épargnant absolument aucun écueil,
Imperivm nous offre aussi quelques passages très, et sans doute trop, inspirés par d’autres (le préambule de Thus Always to Tyrans que l’on jurerait avoir déjà entendu sur l’un des albums de
Stratovarius). Mais aussi quelques autres dont on ne saisit pas bien la pertinence (les séquences très « Western » de Domus
Aurea avec cette basse galopante).
Au chapitre des quelques points positifs on pourra tout de même évoquer la production de ce manifeste qui est relativement bien équilibré. Ça et quelques moments de ci de là qui, sans vraiment nous convaincre pleinement, relèvent un peu le niveau.
In fine,
Rome Burns n’est vraiment pas une réussite. Loin s’en faut. Cela dit le contraire eut été étonnant vu la piètre qualité de l’œuvre précédente de ces natifs de Varèse. Nous étions prévenus en quelque sorte.
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