Roma Delenda Est

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13/20
Nom du groupe Cartagena
Nom de l'album Roma Delenda Est
Type Album
Date de parution 26 Janvier 2018
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Prelude
Ecouter01:41
2.
 Roma Delenda Est
Ecouter06:04
3.
 Glory
Ecouter05:13
4.
 Elephants and Wolves
Ecouter07:18
5.
 Liu Heng
Ecouter06:03
6.
 Peaceful Sorrow
Ecouter04:26
7.
 Motherland
Ecouter05:58
8.
 Progenies
Ecouter05:58
9.
 Outro
Ecouter01:52

Durée totale : 44:33

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Cartagena



Chronique @ ericb4

10 Juin 2018

Une œuvre subtile et envoûtante mais un tantinet classique...

Bien rares sont les formations metal symphonique tunisiennes à avoir foulé les planches à l'international jusqu'alors, c'est un fait. Pourtant, quelques projets fleurissent çà et là dans le pays, chacun, à sa manière, caressant le légitime espoir d'infléchir le cours des événements. Aussi, à l'instar de Persona, chef de file de ce registre à l'échelle locale, Cartagena tente à son tour de s'affirmer sur cette si concurrentielle scène metal. Quelles seraient alors ses arguments pour relever le défi de faire partie des valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin ?

Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre : cet expérimenté quintet tunisois n'a guère excédé une année pour accoucher de son premier album full length « Eternal Variation » depuis sa création, en 2009, sous l'impulsion de Mourad Bessadok (basse), Seif Kechrid (batterie), Ahmed Mkaouer et Chamseddine Kouki (guitares) et Sherazade Amous (frontwoman au grain de voix proche de celui de Judith Rijnveld (Kingfisher Sky), doublé d'un léger vibrato dans le sillage de Sarah McLachlan). Il aura néanmoins fallu patienter quelque huit années avant de les voir revenir dans les rangs. C'est dire que les neuf pistes de ce nouvel effort de longue durée « Roma Delenda Est » ont fait l'objet d'un travail exigeant et de longue haleine en studio. En témoignent la qualité des arrangements et des enchaînements inter pistes, tout comme celle des enregistrements, n'accusant que peu de notes résiduelles.

Ce faisant, le combo évolue dans un rock'n'metal mélodico-symphonique classique et orientalisant, inspiré par Nightwish, Epica, Xandria, Eluveitie ou encore Evanescence. Ce que révèlent les 44 minutes de cet album, celui-ci nous ramenant en des temps immémoriaux, à la période faste de Carthage, à travers les quêtes d'un guerrier, faisant alors montre des mélodies découvertes au cours de son voyage au sein de différentes cultures. Si l'originalité du concept interpelle et qu'un doux parfum exhale par tous les pores de la rondelle, la structure de cette dernière demeure éminemment classique (intro et outro instrumentales, alternance de mid et low tempi, fresque symphonico-progressive). Mais embarquons plutôt pour dans le vaisseau amiral pour une traversée en quête de plages susceptibles de réveiller quelques fantasmes profondément enfouis...


Contrairement à nombre de ses homologues, la part belle a été faite aux passages instrumentaux, avec quelques pièces aptes à éveiller d'authentiques plaisirs à la clé. Ainsi, souffle un puissant vent de sable sur le bref instrumental progressif « Prelude », énigmatique entame d'où s'échappent quelques vibes orientalisantes sur fond d'un récitatif en voix masculine. Par un propret fondu enchaîné, on entre au cœur de « Roma Delenda Est », épique et luxuriant instrumental doté de riffs massifs aux relents d'un Epica à l'ère de « The Divine Conspiracy ». Envoûtant par son atmosphère suave, captant le tympan au regard de sa basse vrombissante et de ses arrangements nightwishiens, ce rayonnant effort gagne en progressivité orchestrale ce qu'il ne perd ni en mélodicité, ni en technicité. On frissonnera également au contact des siréniennes modulations à l'aune de la sereine et bien-nommée « Outro ». Une manière convenue mais non sans âme de refermer le chapitre...

Lorsque le combo opte pour des passages oralisés et qu'il a cru opportun d'intensifier le rythme de ses frappes, force est d'observer qu'il parvient sans mal à nous rallier à sa cause. Ainsi, le mid tempo syncopé « Glory », à mi-chemin entre Xandria (première période) et Eluveitie, tout comme l'énigmatique « Liu Heng » d'inspiration chinoise imposent à la fois un infiltrant cheminement harmonique et de fines variations atmosphériques. De plus, ces deux méfaits jouent habilement des contrastes instrumentaux, la belle, par ses enchanteresses modulations calées dans les médiums, faisant le reste pour nous séduire. Et la sauce prend.

Par ailleurs, le collectif tunisois a conféré à son propos une dimension symphonico-progressive, exercice de style qui lui sied à merveille et qui pourrait faire des émules. Ainsi, on embarque pour une longue et sinueuse traversée au sein d'espaces dunaires à l'aune de l'enivrante fresque « Elephants and Wolves ». Au carrefour d'influences aussi éclectique qu'Eluveitie et Evanescence, ce plantureux manifeste aux riffs crochetés se pare, en outre, d'orientalisantes séries d'accords, d'un prégnant legato à le lead guitare et surtout des douces patines oratoires de la déesse. Dans cette veine, on ne passera pas outre l'infiltrant « Progenies » pour sa basse claquante, ses ondulants gimmicks guitaristiques et les grisantes impulsions de l'interprète. En dépit de sa chatoyante atmosphère, on aurait peut-être souhaité davantage d'oscillations mélodiques sur un effort qui les auraient appelées de ses vœux.

Quand il s'adonne à d'intimistes moments, la bande des cinq semble particulièrement à son aise, nous livrant quelques passages tout en retenue susceptibles de nous émouvoir d'un battement de cils. Ainsi, de délicats arpèges au piano corroborent une violoneuse assise et un élégant picking à la guitare acoustique à l'aune de « Peaceful Sorrow », troublante ballade atmosphérique progressive dégageant une profonde sérénité. Calé sur une ligne mélodique tout en nuances et sous-tendu par les magnétiques fêlures de la maîtresse de cérémonie, cet instant privilégié devrait trouver un écho favorable auprès des aficionados du genre. Dans cette mouvance, on retiendra également l'évanescent « Motherland » pour ses hypnotiques harmoniques, ses judicieuses montées en puissance et son parfum suave largement entretenu par les charismatiques inflexions de la belle.


On ressort de l'écoute de la galette à la fois séduit par l'ambiance orientalisante qui s'en dégage, digne du pays des mille et une nuits, et interpellé par le potentiel technique et mélodique affiché ; et ce, par un combo qui cherche encore ses marques sur le plan artistique. Certes, l'architecture de l'oeuvre tout comme son corps oratoire demeurent classiques et les prises de risques sont peau de chagrin. Mais en l'absence de bémols qui en atténueraient la portée et reposant sur une logistique de bon aloi, ce message musical devrait permettre à nos compères de se hisser parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Aussi, à l'instar de ce message musical bien inspiré, cette formation a donc une belle carte à jouer pour espérer faire entendre sa voix au-delà des frontières par trop limitatives de sa terre natale. Du moins, on ne peut que le lui souhaiter...


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