Dans la série "il faut sauver le soldat Patrimoine", voici venu «
Rock Your Life » où l'album qui faillit révolutionner l'histoire du hard-rock…
Pardon.
Jinx,
Ace,
Fisc,
Fine,
Pink Rose. Tous ces groupes ne vous disent absolument rien ? Dans ce cas, ne perdez pas votre temps ici, il y a peu de chances - il n’y en même aucune - que la suite vous intéresse.
Je reprends donc. «
Rock Your Life » où l'album qui faillit révolutionner l'histoire du hard-rock…
… Hélas, une des pires pochettes de l'histoire du rock en décidera autrement. Non mais sérieusement, mâtez moi ce recto ! Tellement moche qu’elle en deviendrait presque un argument en faveur de l'achat du disque tant j'ai passé (et passe encore) de bons moments à m’en moquer. J'insiste lourdement mais mâtez moi ça ! Ce batteur, sosie officiel de Vinny Appice, période
Dio, à la moustache digne de nos héros gaulois d'une BD bien connue. Ce logo, bien ringard. Cette espèce de nappe de fumée en arrière fond. Ces belles permanentes soufflées par les ventilateurs. Ces fringues, que-même-
Ratt-a-pas-voulu-les-mettre. Ouarf, c’est trop bon. Franchement, félicitations à
Presence pour avoir réussi l'exploit d'accumuler sur une seule et même pochette tout ce qu'il ne faut pas faire au risque de voir se détourner illico presto le regard de l'acheteur potentiel. Bon, le verso est plus sympa. Heuuu, non en fait. Nana sexy qui prend la pose, bouteilles d’alcool (ça fait bad boys), et j’en passe. Ouarf, c’est trop bon.
Et pourtant, j’ai une grande affection pour ce disque. Si si.
Jinx,
Ace,
Fisc,
Fine,
Pink Rose,
Presence. En commun, une certaine idée du hard rock à la française, celle d’un hard rock chanté... en anglais. Et le Made in France, parfois, ça a du bon. En effet, le potentiel était bien là. Avec
Fisc, et une grosse maison de disques alignant les billets - raté ! -, il s’agit à mon sens des deux groupes français qui étaient les plus à mêmes de percer outre atlantique, cible évidente, mais inaccessible, de ces différents combos.
Asseyez vous, sortez vos cahiers, prenez votre stylo, la leçon commence. Au début des années 70, il y a déjà eu un Présence sur la scène française. Y officiait pendant un temps un certain Daniel Balavoine (la preuve ici : http://www.youtube.com/watch?v=DCuhbH1avnk&feature=related). On s’en fout, on zappe. C'est dans la région grenobloise que le vrai, le seul, l’unique
Presence se forme, en 1982, pour se séparer très peu de temps après, la faute à un album enregistré mais jamais commercialisé. Ils reviennent néanmoins tout aussi vite avec le
Presence Mark II - ça fait style
Deep Purple - accompagnés de deux nouveaux membres, amis de longue date et ex-
Krypton (toujours de la région de Grenoble) : Pat Hinorson (chant et guitare) et Stéphan Crisis (batterie). Tommy
Krueger (basse) et Gil Di Bravo (guitare) sont toujours là.
En février 1986, le groupe investit le studio
Karo à Munster (pas de mauvais jeux de mots svp), en Allemagne. Les boys de Sortilège y sont passés avant eux me semble-t-il. L’opus sort sur le label
Power Records/mélodie. Enfer Magazine est séduit (n°41, octobre 86, oui, ce célèbre numéro qui annonce en couv' le décès du grand Cliff Burton). Il n'est pas le seul.
Avec des influences principalement américaines,
Presence nous offre un album de hard rock mélodique de bonne tenue, susceptible de plaire à un large public.
Ratt,
Quiet Riot ou bien encore
Dokken ne sont pas loin ("
Danger zone", "
Rock Your Life", "
Paris' burning", "
Metal rage"). Enfin,
Scorpions est la référence européenne qui vient le plus à l’esprit(l’excellent "Stop breaking my heart", "Com’On Baby"), même si
Europe mérite également d’être cité. En effet, le groupe n’a bien sur pas oublié de placer une ballade (plutôt réussie), "No Way". Quand on se souvient du carton qu'
Europe a fait au même moment avec "
Carrie", on se dit qu’avec un peu plus de réussite…
La production, de qualité malgré des moyens que l’on imagine plutôt maigres, assure à chaque instrument la place qui lui est due (avec un léger regret pour le manque de percussion de la guitare solo) et sait gonfler des refrains simples - souvent les mêmes trois ou quatre mots répétés à l’envie - à l’aide de chœurs efficaces ("Stop breaking my heart", "Com’on baby", "
Rock Your Life").
Côté personnel de bord, Pat Hinorson marque le disque de son empreinte, tant par sa voix, ses voix devrais-je dire, que par son jeu de guitare. Il est excellent lors des soli, le bougre maitrisant toute la palette du parfait petit hard rocker ("Rock n roll", reprise énergisante et convaincante de qui-vous-savez, cover qui atterrira sur la compilation « Révolution
Hard-Rock » en 1998, "Stop breakin’ my heart", "
Metal rage" ou encore "
Paris’ burning" sur lequel quelques notes de notre bonne vieille Marseillaise se font entendre sur l’intro avant un final en forme de faux live sympathique). Son chant est caméléoniforme, évoquant avec plus ou moins de réussite et à tour de rôle,
Sammy Hagar ("
Rock Your Life"), Klaus Meine ("Stop breakin’ my heart", "Com’on baby"),
Joey Tempest ("No Way") ou encore
Don Dokken ("
Paris’ burning", "When a wall is made"). Une performance solide.
Une tournée avec
Fisc et
Demon Eyes (et un tourneur parti avec la caisse ?) plus tard, l’échec commercial du disque sonne la fin de la récréation. En écrivant cette chronique, j’ai retrouvé la présence de Pat Hinorson, en réalité Patrick Liotard, sur le live de
Nightmare «
Live Deliverance » (2000) qu’il a mixé et sur lequel il se joint au groupe sur la reprise de "Sortilège". En outre, l’ami Pat a désormais son propre studio, le Peek studio, à Boisseron, et s’occupe pas mal de production. Il a ainsi récemment travaillé avec Hydrogin sur l’album « Private Sessions ». Ah Hydrogin et sa belle, désormais divorcée (yes !).
«
Rock Your Life » où l'album qui faillit révolutionner l'histoire du hard-rock. Naaan, je blague. A défaut d'être original, nous tenons là un premier album qui annonçait des lendemains prometteurs et le groupe méritait assurément mieux que l’accueil qu’il a reçu. Juste un de plus me direz-vous.
Et vous aurez raison.
Je partage ton avis pour la prestation vocale, excellente que je trouve plus proche d'un Dokken pour ma part.
Des compos sympas, pas casse-couille et petit bémol pour moi concernant le son de la batterie que je trouve pénible.
Merci Sam, ne change rien, c'est juste parfait.
Le label grec No Remorse Records vient de rééditer cet album dans une édition limitée à 500 exemplaires, commandable directement via leur site (http://www.noremorse.gr/).
Je vais enfin pouvoir découvrir ce qui se cache derrière cette pochette absolument, heu... inénarrable ! ;)
EDIT. La version No Remorse vaut son pesant d'or pour les bonus. 6 titres issus d'une démo de 85 a priori - mais à la prod' nickel - chantés en français absolument terribles (même si les paroles sont un peu ras la moquette).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire