Je vais faire simple, il existe 500 exemplaires cd de cet album, ce format est introuvable. Il a été pressé un deuxième tirage de 500 exemplaires vinyle, il en reste quelques unités à la vente, bien sûr à l’internationale, alors courez, cliquez et achetez bon sang, achetez-les tous avant qu’il ne soit trop tard. Bordel, hypothéquez votre baraque, le chien, la belle-mère, une de vos couilles s’il le faut, mais ne passez pas à côté de cette opportunité, car je vous l’annonce aucun autre tirage de cette œuvre ne verra jamais le jour.
Maintenant que j’ai bien flingué ma chronique, le temps est venu de vous révéler pourquoi. On est tous bien d’accord pour dire que les années 2000 sont devenues le tombeau du black metal, hormis les deux cons du fond avec leur t-shirt
Peste Noire qui veulent jouer au plus fin. Aucun album post-2000 en black metal ne peut prétendre faire autorité en la matière. Il existe des albums honorables, de bons rip-offs, mais le Black
Metal étant devenu une hype, il s’est autodétruit, grâce à internet et à des nouveaux courants plus inutiles les uns que les autres, le black indus, le black dépressif, le post black et pour finir
Alcest : la fierté d’une nation, intégré dés sa création au patrimoine historique. Ce fut une lutte acharnée avec le Guinness Book, qui voulait lui décerner le titre, nouvelle catégorie micro-pénis, faut dire qu’à ce niveau-là, un poil de cul ferait plus d’effet à madame. Quoi ? Madame ou Monsieur, voire, Parent 1 ou Parent 2, nous ne sommes pas sectaires… Le constat du ridicule de la situation n’aura échappé à personne. L’amateur du genre a de quoi choper des aigreurs si et seulement si il ne se donnait pas la peine de fouiller l’underground pour trouver quelques grammes de ténèbres oubliés au fond de sa battée, tel un orpailleur névrosé. Suivant des pistes maintes fois empruntées,
Reverence,
Deathspell Omega, puis
Blut Aus Nord, il commençait à désespérer, allant jusqu’à goûter les déjections de son anus pour pouvoir comparer avec les immondices proposées, pas de doute sa propre merde flattait plus son palais en dépit d’un manque de fibres avéré. Souvent il achète et entasse négligemment, jusqu’au jour où il n’a plus un rond et commence à regarder autour de lui, et c’est là que le miracle se produisit, Noël avant l’heure, putain. Tel un appel du pied signé
Satan, le voilà en présence de Roars From the
Old Serpent’s
Paradise de
Drastus. Aucune information ne filtre sur le genre comme sur son géniteur, même le label Flamme Noire demeure un mystère, comme les oeuvres de ce milieu auraient du rester en définitive. Je m’étonne alors que
Drastus ne fait que respecter la tradition, cette dernière ayant été violée à tellement de reprises, qu’elle en est devenue insensible, réduite à la portion congrue, devenant à elle-même sa propre exception.
J’enclenche.
Blackout complet.
Le temps de me relever, je trouvais le chien encastré dans le mur, le poisson rouge en train de faire des ricochets sur la moquette, maman crucifiée à l’ancienne, comme une chouette sur la porte d’entrée, le grand père suspendu au lustre avec son fauteuil roulant. Je me frottai les yeux devant cette vision apocalyptique, assez pour me rendre compte que j’étais barbouillé de sang, mes oreilles, mes yeux, mes narines avaient laisser s’échapper un raisin de table violacé, encore tiède. De vagues souvenirs commencent à remonter.
Drastus a des points communs avec Roger le vieux médecin borgne de famille, celui qui prescrivait une bonne saignée au moindre symptôme, qui travaille au cataplasme à la moutarde, et qui goûte ta pisse pour établir un diagnostique, le scalpel rouillé en pogne prêt à t’ouvrir pour une inspection. Faut dire que Roger a compris que l’humanité était une gigantesque tumeur ramifiée, le tout étant de ne pas se ramasser une giclée lors de l’incision.
Drastus, comme Roger, a du métier, il travaille en finesse, le geste est sûr et maitrisé, et avant que tu comprennes, ils viennent d’extraire ton cœur encore palpitant qu’ils tiennent fièrement dans la main, pendant que toi, tu essaies de te réveiller pour sortir de ton pire cauchemar. Le prêtre à côté te bénit, il inspecte le coeur et mord à pleine dents dedans, une bouchée de seigneur. Mais la scène ne s’arrête pas là, tout juste le premier plan est-il fini d’être décrit, autour toute la famille se tient par la main et danse en chantant à tue-tête "Il est né le divin enfant" entaché de ton sang au brun carmin qui rend si bien sur les tenues blanches et la tapisserie fleurie. Aucune faute de goût n’est à déplorer. Tu aimes ? Tu détestes ? Exprimes-toi ! Tu aimerais bien mais voilà, n’ayant pas d’anesthésiant, Roger-
Drastus a pris soin de te coudre les lèvres pour éviter un concert de louanges certes mérité mais peut-être un chouya anticipé, alors que l’intervention ne fait que commencer. Pris dans la tourmente d’un sacrifice imprévu, le tiens, tu te mets à croire en Dieu, car tu as senti tout l’intérêt que porte son archange de fils à ton endroit. Après un âpre combat avec toi-même, dans lequel dans un chaos de gestes désordonnés tu arrives à émerger la tête lourde, la poitrine en feu, et les oreilles bourdonnantes, tu découvres médusé, que la main qui tient le scalpel n’est autre que la tienne. C’est ainsi que tu découvris la puissance de
Drastus, celle de détourner de son lit n’importe quel courant d’énergie, n’importe quelle intention, proposant une mise à l’épreuve qui va te démontrer ton insigne faiblesse, ton incapacité à maîtriser tes propres armes, à commencer par la conscience, en s’amusant à te persécuter telle une sorcière désignée alors que tu viens simplement d’avoir tes règles pour la première fois, mais voilà à certaines époques il n’en fallait pas plus.
Et la musique ?
Drastus va bien au-delà, il se sert de la musique pour exprimer un processus d’introspection d’une rare violence. La musique pour
Drastus, est comparable au sabre du Samouraï, à la baguette du Sorcier, seule l’intention qui guide le bras n’a d’importance, le reste n’est que banale conséquence. L’intention c’est un retour à la source, souvenez-vous, « La Terre n’était que chaos et vide. Il y avait des Ténèbres à la surface de l’abîme » puis une voix s’éleva.
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