On entend bien quelques voix nous parler aujourd'hui d'une scène de folk et pagan français en mouvement. Bien que cette scène soit encore timide et comptant encore peu de figures à l'échelle européenne, il y a quelques raisons d'espérer. En nouvelles références de l'Hexagone on pourra compter sur les tourangeaux de "
Drakwald", qui a sorti en 2014 un bien correct premier album intitulé "
Resist Fatality". C'est à cette période que le groupe opère un changement de line-up suite aux départs du guitariste David Lemoine, de Sylvain à la batterie et de Hélène aux claviers. On voit débarquer Maxime Dugué, le batteur d'"
Adrana" et le guitariste rythmique Simon Massenet. C'est avec eux que "
Drakwald" se vera accompagner "
Eluveitie" ou "
Ensiferum" lors de différents passages en France, et participera à l'édition 2015 du Motocultor. Ils seront également présents dans l'élaboration du second opus. Un album enregistré au Dome Studio et monté grâce au financement participatif par le biais d'indiegogo. La graine a germé. "
Riven Earth" rendra au centuples toutes vos espérances premières. Voila un bien beau fruit.
Ne vous fondez pas sur la fraiche entame acoustique pour juger l'entier "
Doomsday Argument". Aussitôt l'entame passée, "
Drakwald" nous convie à un death mélodique particulièrement brutal, rugueux mais entreprenant, et surtout finement manié, aidé par quelques artifices ingénieux, notamment ce splendide chœur arrivant en refrain. On retient cette dualité de growls, un pâteux, un plus étriqué et nerveux, qui nourrissent et enrichissent la piste. On aurait l'impression à comparaison de leur précédent forfait, que "
Drakwald" s'est décidé à rugir et peser sur chaque note. Ainsi, on découvre un "
Rebirth" particulièrement véloce et rude. La flûte arrive tout juste à fluidifier un ensemble puissant et intimidant. L'instrument folklorique servira également de régulateur pour "Murdering the
Darkness", un titre ambivalent où les guitares agissent souvent par interactions. La flûte, toute guillerette, semble emportée par la fougue et les grondements persistants du monstre bien nourri qu'est "
Chasm of Ignorance".
Quand ça file à un rythme soutenu, généralement on adhère sans chichi. C'est d'ailleurs vrai pour "
Blood Glory". Ce morceau engagé, use de puissantes charges, d'une énergie galvanisante que l'on perçoit dans le rythme mais également dans les claquements forts produits par la batterie. A propos de rythmique, "
Drakwald" apprécie ici qu'elle soit syncopée, par-à-coups, pour marquer durement chaque note, chaque coup. Nous en avons un exemple intéressant avec "
Never Rising Sun". Cette rigidité apparente semble moins profiter à "
Echo of Memories", sans doute à cause de la neutralité du ton. Il faut noter pour ce titre qu'en plus de l'intervention de la cornemuse, on peut percevoir un certain rapprochement avec des groupes comme "
Krampus" ou "
Niburta", qui introduisent dans leur folk death une sensibilité core. Ce rapprochement est surtout vrai concernant "
Despair of the Last Men", extrait intense qui ouvre avec une ravissante entame champêtre. En plus, des deux groupes précédemment cités, on note toujours la présence de l'influence primordiale de "
Drakwald" qu'est "
Eluveitie", notamment sur "Erase by
Fire", plus encore sur le ravissant "
Primal Dawn", qui s'illustre comme un des plus beaux bijoux de l'album.
"
Drakwald" semble avoir pris des vitamines. En tout cas, ils en imposent sur leur second opus, qui leur servira sans nulle doute d'ambassadeur dans les cours européennes. Le folk metal français est, on peut le dire, un enfant chétif, une pousse qui tarde à germer. Pourtant, on a longtemps promis une belle récolte, les plus beaux fruits. Et à dire vrai, c'est profitable d'attendre et d'espérer. On assiste à quelques signes encourageants, à la sortie de volumes déterminants. "
Riven Earth" deviendra t-il un ouvrage essentiel du folk death français? Il est encore tôt pour se prononcer. La qualité est bien au-dessus des espérances. "
Drakwald" pour ce coup créé la surprise. Cependant, il pèse sur quelques autres valeurs de poids à ce but, et suit une mouvance qui paraît être singulière à une région située entre les Alpes et le Danube.
Pas une référence ultime donc, mais une raison suffisante de se réjouir. Grâce à nos tourangeaux, la France existe un peu plus dans le paysage du folk et du pagan metal.
16/20
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