Liste des groupes Sludge Metal Agrimonia Rites of Separation

Agrimonia… un nom étrange pour une musique qui ne l’est pas moins. Mais ce premier mystère se résout vite : Agrimonia est le nom latin d’un groupe de plantes, souvent aux vertus médicinales. Un choix de nom original dans la scène metal mais qui souligne la place à part de ce groupe.

Car la musique d’Agrimonia représente un peu le cauchemar du chroniqueur qui essaye de résumer de la façon la plus concise au lecteur à quelles sonorités il doit s’attendre, tant leur style brasse d’influences pour un rendu au final très personnel.

Agrimonia fait du crust mais pas vraiment et surtout bien plus encore.

Pourquoi du crust ? Tout d’abord à cause du chant de Christina, éructé d’une manière typique du style. Aussi à cause du partage de certains musiciens avec le groupe de crust Martyrdöd. Mais le groupe comporte aussi un membre de At the Gates et des membres du groupe de death old-shcool Miasmal, pour ne citer que les formations encore actives. Agrimonia montre aussi un certain engagement dans ses propos, ce qui est presque une condition du crust bien qu’ici l’expression soit plus poétique que frontale. Les paroles sont d’ailleurs pour cet album un peu différentes car centrées sur l’expérience de la chanteuse, ayant subie de graves problèmes de santé à la suite d’une opération béguine entre cet album et le précédent. L’artwork sobre mais soigné transmet d’ailleurs bien cette ambiance de traumatisme médical.

Mais musicalement, nous sommes loin du crust. Pas de d-beat, pattern typique qui était encore présent (à très faible dose) dans le précédent album. Et surtout des morceaux de 7 à 15 minutes, format loin des canons du genre beaucoup plus compacts.

Non, pour simplifier Agrimonia prend des influences crust, sludge, post-quelque chose (hardcore ? metal ? les deux ?) voire black metal pour en sortir sa propre tambouille, totalement personnelle. J’aime ainsi comparer les chansons de ce groupe à un voyage car en y entrant, vous ne pouvez jamais savoir ce que vous aller rencontrer –le groupe tend lui à qualifier sa musique de « bande son de leur vie ». Mais attention, nous sommes loin des musiques chaotiques. Agrimonia n’essaye pas de vous perdre ou de vous coller la migraine avec des structures mouvantes jouées en quintolet sur des mesures en 7:3.

La musique d’Agrimonia a de beau sa fluidité. En un seul morceau, les ambiances s’enchaînent –comme dans un voyage donc-, différentes mais toujours en douceur. Une réelle logique se ressent derrière elles, tout est à sa place et aucun changement abrupt ne vient casser cette harmonie. Nous retrouvons donc cette logique « organique » dans cette complexité menant pourtant à un tout évident.

Une chanson traverse donc plusieurs états différents, de moments calmes, reposants et/ou planants aux parties plus brutales, aux mid-tempo brise-nuques ou aux passages tout en lourdeur. Mais jamais de la même façon d’un morceau à l’autre (pas de « syndrome Shining » ici) et surtout sans presque jamais se répéter au sein d’eux-mêmes. Ainsi, en général, un motif n’apparaîtra qu’une fois car le groupe, trop intéressé de vivre dans sa musique, ne semble pas vouloir reprendre plusieurs fois le même chemin.

Cette richesse peut néanmoins perdre l’auditeur car il faut un certain temps pour vraiment connaître l’album en détail. Mais comme j’ai pu le dire précédemment, le groupe ne recherche pas la complexité pour la complexité et propose souvent des riffs efficaces et des lignes mélodiques accrocheuses et de très bonne facture, faisant que l’assimilation se déroule sans accroc pour peu que l’on accorde un peu d’attention à la musique.

Agrimonia propose donc une musique riche, complexe, originale et personnelle faite avec un talent certain et impossible à résumer sous une simple étiquette. On pourra certes lui reprocher de rester assez proche de ses productions d’antan mais dans un univers où de moins en moins de groupes parviennent à développer une personnalité marquée, on ne pourra pas lui tenir rigueur de continuer à améliorer une recette qu’il est le seul à détenir.

Album en écoute intégrale sur leur bandcamp : http://Agrimoniasl.bandcamp.com/