Avec une pochette aussi ignoble nous sommes en droit d'attendre un propos musical à l'image de cette création étrange au concept nébuleux sans rapport avec le titre. Mais il serait dommage de s'arrêter à des considérations bassement picturales sans prendre le temps de prêter une oreille attentive à ce «
Rising to the Challenge » premier full-lenght du combo Finnois
Solitaire.
D'autant plus que nous savons tous qu'un artwork pitoyable et pénible à observer peut cacher un excellent album (la scène metal des 80's en est truffée).
Solitaire s'est formé en 1995 sous l'impulsion de Riku Salminen, unique rescapé de la formation originelle à l'heure actuelle. Après 4 démos, diverses prestations live et les mouvements de personnel habituels, notre cohorte finnoise contracte en 2001 un deal avec le label allemand Iron
Glory Records, permettant à
Solitaire de tirer en 2002 sa première salve d'un Speed/Thrash
Metal frénétique et rageur, hommage non-dissimulé aux combos des eighties dans la pure tradition des
Exciter et consorts. Même si le propos diffère par la forme, la démarche me rappelle celle d'
Enforcer ou
Cauldron.
Enregistré et mixé au Sound Doctor Studios en fin d'année 2001 par Aki Peltonen, «
Rising to the Challenge » nous assène 10 rafales d'un Speed/thrash aride et rugueux aux vocaux écorchés et braillés. Ici pas de temps morts, les titres s'enchaînent au rythme frénétique d'une batterie apocalyptique dont les fûts sont martelés avec application par Kalle "Kalu" Valanne. Le chant souvent scandé voire aboyé et rehaussé des cris suraigus de Mika apporte une violence toute particulière à l'album, peu surprenant puisque le bonhomme officiait auparavant dans un obscur groupe de punk nommé Beathovens. Les guitares abrasives et rugueuses à souhait semblent sorties du « Petit
Exciter Illustré » et les deux forcenés Riku et Waaqqu délivrent leur riffing de manière hystérique,risquant la déchirure musculaire à tout moment, érigeant une véritable muraille sonore que la basse de Mikko vient consolider.
Les titres «The
Crossfire », « Listen to the Priest » et « Thunderhorse » pourraient avoir été écrits par le culte combo canadien tant l'hommage est perceptible, néanmoins le plaisir est là et retrouver cette énergie brute, ces structures simples exemptes d'arrangements sophistiqués, n'a pas de prix.
Si la plupart des morceaux sont l'objet d'une construction identique, un titre comme «
Juggernaut » propose des rythmiques plus marquées et plus découpées par l'utilisation d'une batterie plus variée dans ses patterns rendant le tout un peu plus digeste. En effet nos brutes finlandaises emploient à tout va la même formule au risque de lasser l'auditeur. Car à ce tarif le discours peut vite devenir redondant, mais de manière judicieuse le titre mentionné précédemment est suivi d'un très bon « Eye of the Needle » plus inspiré lui aussi et dont les riffs plus élaborés,les bons solis atténuent suffisamment la sensation de « déjà-entendu » que pourrait ressentir le
Thrasher distrait.
A noter qu'il faudra patienter jusqu'au dernier titre « A
Slash in the
Night » pour que
Solitaire nous propose enfin un mid-tempo sur tout le premier tiers de cette composition, attention toute particulière qu'il aurait peut-être été judicieux de reproduire au sein de ces dix pièces de
Metal.
En conclusion l'inspiration évidente du combo scandinave et sa volonté de rester fidèle au Speed des années 80's, ne lui laissent pas une grande marge de manœuvre en terme de créativité. Il nous propose donc pour sa première production pro un Speed/Thrash fortement influencé par
Exciter et des combos comme Hallow's Eve (début de carrière). Effectivement c'est agréable à l'écoute mais il manque ce soupçon de je ne sais quoi que possèdent ses glorieux aînés...peut-être est-ce dû à ce fameux contexte ayant permis l'éclosion de tous les combos fondateurs de ce style.
13/20
"extremely flammable " décroche la palme et celle de "prédatress" m'a bien fait marrer.
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