La rébellion, en théorie, c’est le choix du renouveau ou une aspiration vers autre chose. En pratique, comme dans le cas de «
Triddana », c’est une réitération. «
Triddana » n’est en fait que le fruit issu du groupe argentin «
Skiltron ». Quatre des membres à l’initiative de la nouvelle formation créée en 2011, étaient issus de «
Skiltron » : Diego Valdez (chant), Juan José Fornes (guitare), Fernando Marty (basse) et Pablo Allen (cornemuse). Ils jouent une musique similaire à leur ancien projet, une musique celtique où œuvre dans l’allégresse la cornemuse. C’est dépaysant de voir des gens de contrées si éloignées géographiquement et culturellement des îles britanniques, s’accaparer de leur musique et en faire profiter sud-américains comme européens. Comme quoi la mondialisation a parfois du bon, au point de faire connaître «
Triddana » du grand public assez rapidement par leur premier EP en 2011. Ils continueront à se distinguer en publiant un premier album l’année suivante, également autoproduit. Des Highlands d’Ecosse à la froide Patagonie, il n’y a qu’un pas, dirait-on. «
Ripe for Rebellion » fera oublier un temps qu’il existe aussi «
Skiltron ».
Ce serait faux de considérer «
Triddana » comme une exacte réplique de «
Skiltron ». C’est vrai qu’ils usent des mêmes armes, et que les deux projets ont partagé des membres. Toutefois, on se rendra vite, compte dès les premiers instants de l’album, qu’il y a une volonté chez les hommes de «
Triddana » de se démarquer quelque peu à leur ancienne formation. On remarque quasi immédiatement sur «
The Beginning » le chant de Diego Valdez plus mis en valeur que du temps de «
Skiltron », révélant une influence assez prononcée sur celui de Ronnie James
Dio, usant des mêmes intonations. Les premiers instants palpitants du titre font place à un heavy metal sans embûche, bâti de riffs tranchants, et à une musique folklorique portée par la cornemuse. Le tout se complète parfaitement malgré les sons aigus de l’instrument traditionnel. Parfois c’est la rudesse de la guitare qui l’emporte comme sur le très confiné « The
Dead End Verse », qui néanmoins parvient à rester fluide. A d’autre moments c’est la cornemuse qui donne le ton comme sur «
Reaper’s
Lullaby ». Un titre sage où l’instrument en question sera habilement mis de côté pour ne pas créer une gêne dès l’intervention du chant.
En revanche cette cornemuse casserait un peu le rythme sur « All Souls
Night ». Ses brèves interventions n’enlaidissent pour autant aucunement cette excellente reprise rendue envoûtante par un chant parfaitement maîtrisé et par un refrain mémorable. Douceur et intensité sont palpables, comme sur l’instrumental « Paddy’s
Leather Breeches Set », qui reprend une jig traditionnelle irlandaise. Nulle confrontation entre cornemuse et guitare. Elles collaborent ensemble et se complètent parfaitement pour recréer des airs entrainants et dansants. Cette invitation à danser et à festoyer n’est pas du seul office de la cornemuse. La flute jouera parallèlement un rôle identique dans la mélodie. Nous avons un cas évident avec le très entrainant « Gone with the River », qui s’associe parfaitement à la culture celtique. Dynamique et plutôt touffu musicalement si on le considère à côté des autres titres. Ce charme irlandais se retrouve également sur «
The Wicked Wheel ». Nous aurons là quelques moments forts : sur le refrain, mais aussi sur le break, chasse gardée d’une flûte guillerette et pleinement investie.
Cet instrument rempli de sympathie et de bienveillance sera à l’initiative de l’entame enchanteresse de « Spoke the
Firefly ». Ce morceau ne se contentera pas de la candeur des débuts et s’installera confortablement dans des rythmes énergiques et incandescents, mais ne perdant pas en jovialité. Cette fougue, cet entrain, on les décèle aussi sur « Men of Clay ». Il se révèle juste moins efficace que les autres pistes de l’opus, à cause d’un chant plus cantonné pour le coup, subissant la musique au lieu de la porter comme il le faisait en général. Il s’en dégage malgré tout enthousiasme et assurance. «
Triddana » affiche pleinement sa dextérité technique sur « Faking a
War ». Le jeu plus soutenu du morceau peut être interprété comme un retour en arrière des membres vers leur ancienne formation «
Skiltron », plus typé power metal que leur présent combo. «
Triddana » mise davantage sur l’aspect émotionnel que son prédécesseur, comme tendrait à le démontrer la très attachante ballade «
Born in the
Dark Age ». Ce n’est qu’à ce moment précis, que l’on pourrait ressentir une certaine mélancolie. Il y a aussi l’adieu laissé par «
Flames of
Twilight » qui comptera dans ces passages touchants, optant lui pour la féerie et le charme du bouzouki.
Traversons l’Océan Atlantique d’Ouest en Est pour les pays d’Irlande et de Grande-Bretagne. Les chemins se croisent entre «
Skiltron » et «
Triddana », et pourtant ils mènent encore tous deux à la même destination. Ils se séparent et ils nous guident vers un même but : le rêve. «
Triddana » joue à jeu égal avec son compatriote et pourrait y compris s’imaginer capable de le semer dans leur course celtique. Ce serait là une aspiration future. Pour ce qui est du présent, «
Ripe for Rebellion » se convie donc comme un succès, autoproduit qui plus est. Deux formations se font face désormais. « Pour faire un tango comme pour faire un bébé, il faut être deux. » (Proverbe argentin)
15/20
Une petite requête personnelle : Si un jour chez toi tu tournes en rond en ne sachant quoi faire, n'hésite pas à chroniquer l'album de Caladan Brood, parce que les deux chroniques proposées ... ça se passe de commentaire dirons-nous.
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