Constitué de quelques-uns des membres éminents de la scène américaine, tels les prestigieux John
Tempesta (
The Cult,
Exodus,
Testament,
Rob Zombie) à la batterie, Joey Vera (
Armored Saint,
Fates Warning,
Seven Witches) à la basse ou encore Scott
Ian (
Anthrax, S.O.D.) à la guitare, Motor
Sister affiche clairement ses ambitions. Néanmoins, contrairement à ce que cette première ébauche succincte de ce casting pourrait laisser penser, la véritable attraction de ce "nouveau" groupe n'est pas là. Aussi illustres fussent-ils, et passé ces instants d'une première découverte distraite, ces musiciens ne seront, en effet, pas l'attrait principal de ce nouveau projet. Du moins pas le seul puisque la présence du guitariste et chanteur
Jim Wilson sera, elle aussi, à considérer. Mais faisons donc une brève présentation de l'artiste dont le nom ne vous dira peut-être rien mais qui, en réalité, n'est pas réellement un inconnu puisqu'il aura officié, lui aussi, aux côtés de nombreuses autres célébrités, et formations, parmi lesquelles nous pourrions citer Lemmy Kilmister, Queens of the
Stone Age,
Alice Cooper,
Rollins Band,
Meat Loaf Wayne Kramer, George Clinton ou Iggy Pop. Une diversité qui aura indéniablement nourri sa créativité lorsqu'il décidera de fonder son propre groupe
Mother Superior. Un groupe qui nous proposera de découvrir son univers au travers de trois albums (Deep (1998),
Mother Superior (2001) et Moanin' (2005)).
Lorsque l'auditeur aguerri aura compris que ce
Ride, premier véritable album des Californiens de Motor
Sister, sera composé de 12 titres puisés dans le répertoire de ce
Mother Superior, il deviendra alors évident que la présence de Joe
Wilson n'est pas seulement un élément important mais moteur dans cette aventure.
Passé un A
Hole plutôt direct, This Songs Reminds me of You nous séduit. Un titre dont sensualité et les ruptures splendides nous évoquent, toutes proportions gardées, les travaux d'Andrew Strong et de ses comparses (les Commitments) et, donc, forcément, ceux des plus renommés de la Soul Music. Beg Borrow Steal est, quant à lui, un morceau aux couplets plus incisifs dont les riffs nous rappellent subrepticement le
Down in
Texas du regretté Calvin Russell. Les refrains de ce morceau sont justes splendides. Fool Around, une ballade que des chants superbement habités et des mélodies chaloupées transcendent, nous ravit. Tout comme d'ailleurs Get that
Girl aux passages que Geoff Bird (
Cobalt Stargazer) de Zodiac
Mindwarp n'aurait certainement pas renié. Tout comme
Whore aux volutes Rock très prononcées ou Doghouse à la fois dévouées aux diables bleus et aux musiques de l'âme.
Pour clore ce pamphlet disons juste quelques mots sur la fille de
Meat Loaf, et accessoirement la femme de Scott
Ian, Pearl Aday créditée ici, mais dont la présence demeure, somme toute, assez anecdotique. Loin de moi la volonté de critiquer ses prestations mais force est de constater qu'elles seront ici très secondaires. Cantonnées aux chœurs, son influence sera, en effet, sans grande incidence sur l'ensemble. Il aurait peut-être été souhaitable de la mettre davantage en exergue. Ou alors d'être plus discret sur sa présence.
Ride nous offre donc un
Hard Rock à la sensualité délicieuse. Au son gras. Au feeling exquis. Une musique que la voix épaisse et habitée de
Jim Wilson vient superbement sublimer. Un art varié magnifiquement hanté par les illustres fantômes de ces années passées. Une expression que les adeptes de Dirty White Boys,
The Four Horsemen,
The Black Crowes ou, plus généralement, de ce
Hard Rock fortement teinté de Blues, de Soul ou de Rock, tels qu'on le concevait durant ces années 80 en somme, ne pourront décemment ignorer.
Grand bien en fasse donc à Scott Ian qui, pour son anniversaire, fit un bœuf avec Jim Wilson, fondateur de Mother Superior, groupe de Hard / Blues Rock, chéri de Ian et ignoré du monde jusqu’à leur séparation, huit albums plus tard.
Entre deux verres de Mister Cocktail, Ian lui proposa de réenregistrer ses titres favoris, épaulés par deux autres fans du groupe, Joey Vera (Armored Saint) et John Tempesta (White Zombie), sous le nom de Motor Sister.
En terme d’exécution le résultat dépasse l’original et la chevauchée a des moments sympathiques (Whore, Head Hanging Low) mais faute de l’essentiel, de bonnes chansons, Ride ne décolle pas au delà de son intention initiale : l’animation du goûter d’anniversaire d’un thrasher cinquantenaire. Et qui aurait envie d’ouvrir son porte-monnaie pour le souvenir d’une fête à laquelle il n’a pas été invité ?
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