Alteration : mot féminin désignant un changement en mal par rapport à l'état normal. Donc ici "mort altérée" peut se définir comme un état pire que celui déjà peu envieux d'habiter boulevard des allongés. Cela dit, cet état colle bien à la volonté de
Altered Dead, combo canadien formé en 2011, de proposer un death metal des plus crus, sales et tourmentés. Voilà donc un cadavre modifié, plus vicieux encore une fois mort, prêt à vous concocter de délicieuses recettes d'abats marinés dans la graisse de caribou.
Duo composé de Julian (batterie, growls) et de Mic (guitare, basse, growls), déjà responsable d'un album éponyme paru en 2016 chez Carvernous Records,
Altered Dead intègre cette année le roster de
Memento Mori, chose peu étonnante vu la passion que développe le patron Raul à l'égard du death putride et old school, et présente ce 2ème album "
Returned to Life".
Alors qu'attendre de ce zombie pourrissant revenu à la vie, si ce n'est qu'il va essentiellement suivre son instinct et vous mastiquer tout le long des 10 titres composant cette galette (9 compositions et une reprise de
Celtic Frost pour conclure).
"
Mental Suicide" ouvre parfaitement le bal des horreurs avec ce piano angoissant (très Phantasm), ces guitares cran d'arrêt qui découpent des rondelles sanguinolentes de riffs et enfin cette accélération brutale qui lance idéalement la machine. Le rythme trépidant décrasse immédiatement les conduits auditifs, la tonalité des guitares sonne crasseuse à souhait et le mélange de growls mi-arrachés mi-dégueulés s'avère éminement rentable. Bel équilibre entre vélocité et lourdeur, voilà un titre qui devrait provoquer quelques dégâts dans les pits.
Une fois la première bouchée avalée, le zombi aime voyager léger en multipliant les morsures à grand coup de titres courts et rentre-dedans. Si "Ensanguine
Path" porte les stigmates généraux du swedeath des années 90, c'est surtout Grave qui laisse son empreinte dentaire dans l'épiderme de nos gaillards sur "
Rotting Outwards" au splendide lead de guitare hanté.
Tout comme son congénère goudronneux coincé dans son bidon, notre mort-vivant aime son punk bien frais et ça s'entend parfaitement sur "
Returned to Life" et "Thrawing in
Agony". Avec des riffs simples et accrocheurs posés sur une rythmique entraînante,
Altered Dead parvient sans peine à glisser un sentiment de fun à sa musique. Une approche débridée qui atteint son apogée sur la terrible "Prosodemic
Realm" et son enchaînement de riffs torturés et barbares, un des musts de cet album.
Bien repu, la ghoule prend une pause digestive sur la doomy-démente "Empostomb", qui suinte la folie et dont le placement vocal rappelle les cris maladifs de Chris Reifert. Saturé, son estomac explose sur une accélération aussi brusque qu'efficace. Placé idéalement en milieu d'album, ce titre démontre les qualités d'écriture du combo, à l'aise sur les titres lents et rapides. D'ailleurs, la dernière composition "... Of the Oppresed" reprend un peu tous les éléments précités.
Le tout s'avérant finalement assez court, le groupe s'essaye à la reprise de "Into The Crypts of Ray" du groupe suisse sus-cité pour un résultat honnête mais pas transcendant. Sûr que le zombi aurait préféré un rab de chair fraiche.
Bénéficiant d'une capture sonore solide, cet album bénéficie du beau travail de mastering de Loïc Fontaine au Krucyator studio. Le tout sonne boueux, putride et suffisamment clair pour capter chaque instrument. L'artwork non plus n'est pas en reste avec cet œuvre signée Matt Sidney, peu conventionnelle mais qui colle bien au concept général.
Même si on se doute que ce cadavre ne gagnera pas la course au meilleur album de l'année,
Altered Dead nous livre un album réussi, qui devrait ravir les amateurs. Et comme il reste de la place dans le caveau, on est en droit d'attendre d'eux une nouvelle livraison bien rance. Burp !!!
Belle Chro poto ! Elle donne faim! Je vais aller voir ça de plus près merci !
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