Parmi les scènes dynamiques où le metal se développe en France, on découvre du côté de Grenoble un foisonnement de groupes très intéressants, plutôt catalogués en heavy metal. Nous connaissons de là bas "
Lonewolf", "
Elvenstorm"; tous deux très friands du heavy speed à l'allemande. Il faudra compter avec eux un petit nouveau représentant leur cité. "
Rising Steel" a débuté son aventure en
2012 et s'est fait connaître à la sortie de son premier EP "
Warlord" en 2014. Si bien qu'ils ont parcouru les routes hexagonales et partagé les scènes de "
Crucified Barbara", "
Sister Sin"ou plus récemment d'"
ADX" et de "
Brainstorm". Après cette expérience concluante, la formation vise à passer à un stade supérieur en enregistrant son premier album en début d'année 2016, intitulé "
Return of the
Warlord". "
Rising Steel" mise gros apparemment sur la réussite de ce volume, au point d'avoir invité Terje Refsnes à enregistrer les parties vocales et Brad Boatright à signer le mastering. Le groupe grenoblois qui se présente comme un acteur de la scène revival témoigne pourtant son attachement à un heavy moins nostalgique des années 80. Quelque chose de plus commun avec le heavy thrashisant d'un "
Mystic Prophecy" ou d'un "
Iced Earth".
Cette affirmation se vérifie dès la mise en route de "Breaking the
Silence". On assiste après des battements intimidants en entame à un heavy metal lourd, rude. Les riffs sont parfois saccadés, les paroles parfois vociférées. "
Rising Steel" se situe alors loin de ses pairs du revival, plus enclins eux à la mélodie et aux accélérations euphorisantes. On ne crache pourtant pas sur cette brutalité ici livrée. "
Dead or Alive" fournira un écho à ce premier titre. La rythmique par à coups se tempère au passage du refrain. La musique gagne ici en souplesse et en fraîcheur, cassant un peu la mécanique des couplets. Une compression encore relative en comparaison de celle qui alimente le percutant morceau "
Hell's Control". Ce dernier est remarquable pour son break particulièrement lourd et étouffant. Une forme de retour de ce qu'offre "
Evil Master", par exemple. Celui-là est plus exactement une sorte de marche funèbre au pas à pas, assez intrigante et lancée par un sample de film d'horreur.
Dans ce sample était invoqué le diable, il est vrai que "
Rising Steel" a le diable au corps. On le devine malicieux et hargneux à travers "Straight to
Hell". Le chanteur ne semble ici ne rien vouloir lâcher dans cette atmosphère oppressante. Paradoxalement, on y détecte un petit côté "
Anvil" là-dessous et surtout à travers le refrain. Le groupe montre parfois qu'il sait faire preuve d'un certain doigté et qu'il sait manier les humeurs à sa guise. On retrouve ainsi encore un peu de l'influence d'"
Anvil" à travers "Peoples of the
Moon", mais pas que. Les guitares se montrent démonstratives et s'essayent même à un duel en seconde partie. on passera à un jeu nettement plus tonique et dans un tout autre genre sur "
Never Give Up".
Plus de nuages sombres et chargés, laissez place à un hard rock saisissant qui déménage et qui emporte l'humeur négative du chanteur, remarquablement ponctué par un solo de guitare. Le groupe a beau s'exprimer majoritairement dans un heavy metal dur et racé, avec quelques accointances légères thrash metal, il sait néanmoins s'exprimer d'autres manières, afin d'enrichir ses pistes et de montrer sa polyvalence.
Donc malgré la domination d'un heavy à la "
Mystic Prophecy", un bon tiers de l'ouvrage se lance aussi tout de même dans un heavy metal proche de la vague revival. C'est le cas tout d'abord de "Monster", dont l'entame de départ fait très relâché, pour ensuite s'engager dans une musique plus capricieuse, tempétueuse et retranchée en couplets. En couplets seulement, car le refrain, bien que bref, inverse littéralement la vapeur. Une légère influence maidenienne va se dégager subtilement du break asphyxiant et lourd de la piste. Ce penchant pour "Iron Maiden" est beaucoup plus criant à l'écoute du morceau "
Rising Steel". On plonge alors en pleine période
Paul Di'Anno, bien que le chanteur tente de copier la tonalité du chant de
Bruce Dickinson, alors que sa voix est plus proche de celle de Matt Barlow. "The Watcher" à la mécanique emballante, est sans doute le morceau le plus proche de ce que l'on considère étant du heavy revival. Même réactivité, ton détaché, jeu particulièrement nourri. "
Rising Steel" aurait très bien pu s'en tenir à ça sans la moindre difficulté.
Il faut toujours être vigilant et méfiant avec ce que l'on vous annonce. Ainsi "
Rising Steel" n'épouse que partiellement la cause du heavy revival. Le chant et la rythmique encaissé du groupe fait mentir le message. On est ici très proche de ce que produit l'allemand "
Mystic Prophecy", déjà lui considéré comme un clone d'"
Iced Earth". Être parrainé par un groupe allemand, c'est quasi une norme désormais pour les troupes heavy metal de Grenoble. Être le clone d'un clone, ce n'est certes pas très valorisant, mais admettons le, "
Rising Steel" s'en sort bien dans l'exercice. "
Return of the
Warlord" n'offre aucune surprise, mais ne révèle aucune défaillance. La production est d'ailleurs un point fort du produit, celle du chant est d'autant plus une réussite, car il se fond remarquablement avec la musique. On peut vraisemblablement faire confiance à cette scène grenobloise et à "
Rising Steel" pour porter bien haut les couleurs du heavy metal made in France.
14/20
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