Bien le bonjour cher lecteur. Installez-vous confortablement dans une pièce calme, prenez-vous une petite infusion pour vous mettre dans les meilleures conditions possibles et laissez-vous désormais bercer par l’écrit qui va suivre. Nous nous rendons dans la ville de
Boston afin de découvrir une formation pas comme les autres. C’est en 2011 dans la Nouvelle-Angleterre qu’est né Aviations, un groupe de rock/metal progressif. Alors qu’il ne s’agissait que d’un simple projet sans grandes prétentions, composé de James Knoerl, plus connu en tant que batteur au sein de Brand Of
Sacrifice (deathcore) et de Sam Harchik, celui-ci a pris une dimension plus ample.
Après avoir rencontre Adam Benjamin par le biais d’amis communs et qui deviendra le chanteur du groupe, Aviations sortira un an après sa création son premier opus
A Declaration of Sound. S’en suit deux autres disques,
The Light Years dans sa version originale et dans son interprétation instrumentale qui sortiront respectivement en 2018 et 2019. Entre temps, la line-up de la formation subira une grande évolution puisqu’elle sera définitivement composée de six membres. Il n’aura fallu qu’une année supplémentaire à notre sextet pour publier un EP/album nommé
Retrospective.
Cette nouvelle réalisation n’en est pas véritablement une puisqu’elle reprend deux titres, dans leur version première ainsi que dans leur exécution instrumentale présents sur la première toile du groupe ainsi qu’un autre morceau, cette fois-ci dans une adaptation acoustique et inclus dans la seconde jaquette. Cette œuvre est en réalité une collection de chansons revisitées par les membres actuels du groupe avec en plus l’intégralité de la programmation live, une première sur un disque. Les musiciens ont comme objectif via leurs reprises de consolider leur public actuel et d’attirer de nouveaux fans.
Le voyage commence avec Nineties
Nine Ties. A peine les premières notes arrivées et nous sommes littéralement sans voix devant l’arrangement et la qualité de la production. On ressent la pleine tension dès les premiers instants avec des riffing de guitares et de basses graves, un piano oppressant et une batterie percutante. L’énergie ne faiblira pas et nous serons invités dans un roller-coaster d’émotions où les passages intenses se mêleront à des instants plus chaleureux. Cette balance entre agressivité et légèreté est d’ailleurs assez semble à
Haken.
On pourrait d’ailleurs séparer le titre en deux parties : l’un avec une intro et des refrains saisissants et l’autre avec des couplets agréables. La chanson ne serait rien sans l’incroyable palette vocale d’Adam Benjamin. Sa voix est d’une pureté, d’une justesse et d’une profondeur que l’on pourrait comparer à un ange. Certaines sections rappellent pleinement un Daniel Tompkins de TesseracT. L’outro est sensiblement différente à la version initiale puisqu’elle incorpore une prestation vocale féminine. Lors des dernières secondes de la mélodie, les deux timbres vont fusionner pour apporter frissons et sensations.
Outliers poursuit l’épopée et pousse le niveau d’un cran. On se croit être dans un tout autre monde et les un peu moins de douze minutes du titre passent à vitesse grand v. Toujours d’une qualité de production irréprochable, la mélodie propose de nombreuses variations. Mélange subtil entre progressivité et atmosphérique, le morceau se veut d’abord accueillant. Puis, l’ensemble de l’instrumental va prendre de plus en plus d’ampleur. Le chant va lui aussi prendre en ascendance, au point d’atteindre des notes fulgurantes. C’est finalement un énorme breakdown qui surgit, arrivé presque de nulle part. On retrouve l’angoisse du piano avec un riffing hargneux et une batterie excessivement incisive. James Knoerl n’hésitera pas à nous jouer un petit blastbeat avant la fin de la panne.
La mélodie finit par retomber aussi vite qu’elle avait explosé. Le son est véritablement unique, une croisée entre
Between The Buried And Me,
Dream Theater,
Periphery,
The Contortionist et
Plini (rien que ça). La virtuosité des musiciens est sensationnel si bien qu’elle nous fera lâcher quelques larmes de bonheur. Le morceau se veut exaltant de la première jusqu’à la dernière note sans en faire trop. Il n’y aura d’ailleurs aucun honte à dire qu’il s’agit d’une des meilleures compositions de metal progressive tant elle semble en avance sur son temps. L’ouvrage est même identifié à ce qu’il s’appelle du metal cozy selon nos musiciens, un style qui procurerait une sensation accommodante et affectueuse.
La réécriture acoustique de
Two Days est quant à elle un souffle de nostalgie, une petite parenthèse d’allégresse et de souvenirs. Le titre possède quelques attraits mélancoliques mais celui-ci respire la tranquillité et la bienveillance. La voix d’Adam Benjamin est elle aussi posée et on se rend compte, grâce à un instrumental bien moins prépondérant qu’à l’accoutumé à quel point son timbre est angélique, consolant et d’une fluidité remarquable. Aucune technicité ici, seulement de la franchise et de la passion.
Retrospect est un joyau rare, un album dont on n’attendait pas grand-chose et qui pourtant, nous émerveille dans sa totalité. Le sextet américain ne s’est pas contenté d’un vilain catalogue de reprises et a su rendre à ses créations leur plus bel éclat. Peu importe le registre qu’il touche, Aviations sait le manier pour le rendre inoubliable. Ce disque est un arc-en-ciel de couleurs et d’émotions, une réalisation menée de mains de maîtres et surtout un passage obligatoire dans un univers progressif aussi bien mystérieux qu’insoupçonné.
Merci pour la chronique, c'est bien alléchant tout ça, avec le nouveau Leprous, ça fait une rentrée prog de qualité (petit doigt en l'air) !
Merci une nouvelle fois pour ta lecture. Après, ce semi-album date de l'année dernière mais je me suis rarement pris une aussi grosse claque dans le registre progressif et je me devais donc de la partager :)
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