Salvation est un tout jeune groupe de hardcore qui se forme en 2013 et compte en son sein un membre de Pro
Pain en la personne de Gary Meskil. Le titre de leur premier full length, qui sort sur Mighty Music, annonce d’emblée la couleur, et on se doute que
Resurrect the Tradition n’est pas là pour innover mais bien pour nous servir un bon vieux hardcore des familles comme on les aime. Et effectivement, pas de surprise de ce côté-là : les Floridiens nous servent 11 titres d’un hardcore carré, massif et rentre-dedans servi par un son mastoc qui met bien les guitares en avant.
Les références sont plus qu’explicites, et on retrouve bien évidemment du
Agnostic Front ou du
Madball là-dedans, le combo lorgnant principalement du côté de la scène new yorkaise. Les riffs sont ultra classiques mais très efficaces et headbangants à souhait, la basse claque parfaitement comme il sied au style (
Punishment,
Path of
Brutality), et la batterie assure le taf, proposant des mid tempi puissants qui ont pour seule optique de démettre les cervicales. Le tout est massif, saccadé, avec une récurrence de breakdowns bien lourds qui rappelle le côté plus moderne de groupes comme
Lionheart ou, toutes proportions gardées,
Hatebreed, en moins extrême et moins rapide (la fin de You Are Already
Dead, particulièrement pesante et saccadée, avec la double qui vient pointer le bout de son nez, ou le break central de Become The
Victim). D’ailleurs, les vocaux participent aussi à cet aspect agressif et plus metal, Kimbo Reichard rugissant furieusement, crachant toute sa rage et sa frustration en un chant grogné assez grave pour le style, et Gary Meskil se fendant à l’occasion d’éructations plus gutturales flirtant avec le death en guise de backing vocals (le refrain de
Punishment, la fin de
Path of
Brutality où le hurleur montre l’étendue de ses capacités vocales). La plupart des titres est évidemment rehaussée de refrains simples et hymniques, souvent repris en chœurs comme l’exige la tradition, et que l’on imagine aisément scandés dans un pit en ébullition par une bande de tatoués au crâne rasé et au poing levé.
Resurrect the Tradition est incontestablement un très bon album de genre, mais il n’est pas irréprochable pour autant : son manque d’originalité et de prise de risque est assez préjudiciable, et ces onze titres se montrent un peu redondants. On aurait aimé un peu plus de relief dans ces 35 minutes, notamment une rythmique plus variée, car si
Salvation nous écrase sous sa puissance de feu et son savoir-faire indéniables, il lasse un peu avec ce mid tempo lourd qui bastonne de façon invariable. Les structures sont un peu trop similaires, et les morceaux, extrêmement compacts et massifs, se ramassent comme un gros parpaing dans la gueule, parfois un peu difficile à digérer malgré la brièveté de la prestation.
Ceci dit, No Lookin’ Back fait du bien, avec ces couplets plus rapides et cette batterie qui claque à un tempo relativement élevé – là encore tout est relatif… - nous donnant furieusement envie d’aller fracasser quelques mâchoires dans le pit. Become The
Victim s’illustre également par ce riff gras et groovy et quelques modulations plus chantées (entendez par là moins hurlées) dans la voix de Kimbo; enfin, on peut aussi distinguer le titre éponyme, qui s’illustre par des mélodies de guitare bien senties et mélange habilement les influences des scènes de NY et de LA pour accoucher d’un titre plus entraînant que réellement violent.
This Strength
Remains achève l’album comme
Punishment l’avait commencé, sur un morceau court et efficace typique du style, tout en lourdeur et en saccades.
Pour résumer,
Resurrect the Tradition ne révolutionnera pas le style, loin s’en faut, et la seule ambition de
Salvation est de rendre un bel hommage aux glorieux aînés et de perpétuer la tradition en brandissant avec fierté l’étendard d’un hardcore rageur, direct, lourd et revendicatif. Et en cela, le pari est largement gagné, ce qui en soi n’est déjà pas si mal.
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