Liste des groupes Black Death Symphonique Sangdragon Requiem for Apocalypse

Un requiem pour les morts ayant péri de la main de l’homme.
C’est le sujet principal, un résumé simple, fort et lourd de symbolisme que représente le troisième opus d’une trilogie conceptuelle. Trilogie fondé par un artiste changeant de patronyme à chaque disque pour coller, à chaque instant, au plus proche de son émotion et de son concept.

Ici érigé sous le nom de Sangdragon, le combo de Vincent Urbain revient surtout après une très longue absence et une conception chaotique ayant pris pas moins de vingt années. Si le principal compositeur a également travaillé sur d’autres projets, notamment The Seven Gates, il n’en reste pas moins que l’écriture de "Requiem for Apocalypse" donne aujourd’hui vie à un disque que nous tenons entre nos mains et qui dépasse toutes nos espérances en flirtant avec un style que nous n’attendions pas forcément de Sangdragon.
La première chose qu’il faut mentionner, et qui a eu son importance, est l’intégration de véritables membres à part entière, créant une entité plus forte, avec entre autres Matt Asselberghs (Nightmare) à la guitare, Will Hien à la basse et Edouard Verneret aux claviers (qui composent notamment de la musique symphonique). Autant dire que ces membres d’expérience ont énormément apporté et que le résultat final n’aurait probablement pas été identique sans leur présence.

Sombre, tragique, théâtrale, violente et imposante, la musique de "Requiem for Apocalypse" est une constante épopée de puissance et de rage déployée dans un cocon de death/black symphonique hors des carcans et des modes actuelles, pouvant certes plaire aux nombreux fans de Septic Flesh, Carach Angren ou Vesania mais ne se bornant jamais à plagier ou imiter des artistes actuels ou plus old school, en y incorporant des éléments parfois folkloriques du plus bel effet. "Front of Steel" entame pied au plancher les hostilités sur un riff death metal et des chœurs grandiloquents qui impressionnent tout au long du disque.
On ressent un gros travail réalisé sur les arrangements, les chœurs (réalisés par le groupe lui-même et certains proches) et les lignes vocales qui allient sauvagerie et subtiles mélodies. "Deep Dark…Descent" poursuit le requiem sur un rythme lourd et solennel, hypnotique riff se répétant mais toujours ponctué de claviers et de chœurs théâtraux et surtout guidé par la voix arrachée et démoniaque de Vincent qui multiplie les registres, passant du black au death en usant de passages narratifs caverneux et malsains permettant surtout au disque de vivre et de respirer.

Il faut dire qu’entre "Thy Foe's Funeral" sonnant comme une véritable marche funèbre, ténébreuse et glaciale, le superbe "Krakenfyr" et ses multiples influences folk (dans le sens mythologique du terme, ne vous attendez pas à entendre des trompettes et de la vielle à roue ici !), très progressif dans sa construction (la longue installation acoustique, l’atmosphère brumeuse et énigmatique, les riffs intervenant au fur et à mesure…) ou encore le radical "Rotten Inside", purement death, nous pouvons facilement dire que Sangdragon puise dans un large flot d’influences et de genres, tout en restant cohérent dans sa démarche et son concept.

On aurait peut-être pu souhaiter une once de folie supplémentaire car l’ensemble peut parfois sembler très contrôlé et maitrisé, manquant de cette sensation dantesque qui permet de passer d’un album excellent à un véritable chef d’œuvre. Cependant, "Requiem for Apocalypse" ne pourra que ravir les anciens fans et devrait très facilement conquérir de nouveaux adeptes, tant par son authenticité et son approche inédite d’un genre finalement très en vogue aujourd’hui, même si Sangdragon officiait dans cette cour bien avant son explosion médiatique. Néanmoins, si cela permet au groupe de faire de belles scènes et de rencontrer l’adhésion d’un public plus nombreux, il y a peu de chances qu’ils crachent dessus.
Leurs ambitions sont établies ; ils veulent tourner et désormais s’imposer sur la durée. "Requiem for Apocalypse" est une pierre centrale à l’édifice étant sur le point de se construire et il y a fort à parier qu’il fera parler de lui pendant quelques temps.