Liste des groupes Death Metal Outre-Tombe Répurgation

Surgi un peu de nulle part, le quatuor Québecois Outre Tombe pratique un death metal de tradition. Apparu localement dès 2012, le groupe sort son premier album en 2015, composé de dix morceaux (dont un interlude "Hécatombe" séparant l'album en deux parties) sorti assez confidentiellement chez Hsp Productions. Possédant la particularité de s'exprimer dans la langue de Baudelaire, ce qui n'est ici nullement kitsch ni bizarroïde sur son rendu, Outre Tombe fait partie de cette vague très influencée par les grands anciens, pères fondateurs du genre.

Il pourrait presque être résumé l'album avec les trois premiers titres : le très Asphyx/vieux Pestilence "L'Antre de L'horreur" est suivi par la doublette "Frappe Orbitale"/"Psychose Toxique", tellement axée Death (période Leprosy), que c'en est presque dérangeant. Les vocalises très Schuldiner/Van Drunen du chanteur surnommé Crachat sont bluffantes de mimétisme, la frappe de Vitesse (si,si, c'est le nom du batteur) rappellera forcément les rythmes binaires usitées dans les deux premiers Death, et les guitares font la part belle aux riffs efficaces ("Au Nom de la Science") et fort bien construits. Et pourtant, pourtant, tout ceci fonctionne à merveille. Le début de "La Fosse" assez rapide, préfigure un futur hymne par exemple, et aucun titre ne peut ici être considéré comme dispensable ou moyen. L'ensemble, basique et diablement prenant comprend des morceaux simples, écrasants parfois, comme composés dès la genèse d'un style (l'ombre de Leprosy étant réellement prégnante, encore une fois). Les paroles en français amènent une originalité certaine, point d'intérêt supplémentaire s'il en est pour les francophiles. Outre Tombe pourrait ainsi être aisément comparé à Gruesome (ou à Undead Prophecies en plus basique) à juste titre.

Avec un surcroît de feeling (les soli de l'instrumental "Hécatombe", "Mutation" ou "Psychose Toxique") et porté par des compositions faciles à assimiler, Repurgation ne rechigne pas à relancer la machine avec des breaks bien sentis et des soli malsains ("Carnage Mental"). Plutôt mid-tempo, l'album se dévore ainsi comme un tranche de jambon ibérique : facilement et avec délectation. Un bémol sur les fade-out parfois utilisés à la fin de quelques titres ("Au Nom de la Science", "Hécatombe"). Tout ici amène une lisibilité d'école, refrains compris, les compositions prenant corps et personnalité au bout de deux écoutes, aidés en cela par une production grasse à souhait. Moins personnel toutefois que Undead Prophecies, qui lui mélange le meilleur de plusieurs scènes et groupes dans son propos, Outre Tombe reste concentré chez Death, surtout, et les premiers essais de Pestilence, voire Massacre.

Alors, évidemment, nulle trace d'originalité, aucune nouveauté chez Outre Tombe, mais juste le plaisir de se dire qu'un Leprosy, ou un Consuming Impulse à un degré moindre, enfantent encore des rejetons dignes de l'impact énorme que leurs hymnes ont encore sur la scène du metal de la mort près de trente ans après. Cela valait bien, exceptionnellement, un titre de chronique en français.