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Fugazi: Pendant la guerre du Viet Nam, acronyme prononcé dans un message radio par des GI'S dans une très mauvaise situation équivalent à : "
Fucked Up, Got Ambushed, Zipped In." C'est traduisible par : "Suis foutu, pris en embuscade, peux plus sortir."]
Si vous cherchez un groupe sur lequel faire la bringue en descendant des pintes de bière en cadence genre
Korpiklaani ou
Tankard, reposez tout de suite cet album. Idem si vous cherchez un skeud de punk rock destructeur piqué à l’héroïne frelatée volée dans les affaires de Sid
Vicious. Ici, on est dans le punk hardcore éthique et ascétique straight edge.
Fondé en 1987 par
Ian MacKay après la séparation de
Minor Threat, un autre groupe de punk hardcore aux compositions et aux structures simplistes préfigurant le grindcore par ses caractèristiques musicales simplistes et brutales, ce nouveau projet a pour ambition de faire quelque chose d'un peu plus complexe.
C'est ainsi qu'en suivant à la lettre l'éthique Do it yourself et Straight Edge,
Ian et sa bande vont enchainer des concerts intenses et sortir un premier album titré
Repeater. Leur principe est simple : 5 dollars l’entrée au concert et 10 dollars la galette. C’est ainsi que ce groupe va affirmer des principes anticapitalistes, anticonsuméristes prônant à la place le fameux « do it yourself ». Leurs convictions sont visibles dans les paroles de leurs chansons, montrant les dérives de la société américaine sous les ères Reagan et
Bush senior. C'est ainsi que
Fugazi sera l'un des rares groupes à avoir un certain succés en respectant l'éthique du do it yourself, en ne faisant des interviews que pour les fanzines et en refusant de vendre des produits dérivés.
Repeater montre bien l’orientation prise par
Ian MacKay : une base punk hardcore, mais quelque chose de bien plus réfléchi que
Minor Threat : les influences post-punk sont visibles dés l’introduction de l’album au début de "Turnover" avec une guitare produisant un son quasi-parasite. Puis le son des guitares devient très métallique (pas au sens heavy metal), parfois presque presque grinçant comme une disqueuse ou abrasif comme une ponceuse mais sans tomber dans de l’anti-musique. Le groupe semble avoir digéré les plus belles performances de « Public
Image LTD ». Les riffs de guitares bruitistes vont être la signature du groupe sur tout l’album. Mais à côté des influences noise rock, la rythmique et la basse ont également des éléments empruntés au reggae et au funk. Ces influences sont visibles dans la chanson éponyme «
Repeater » ou bien les instrumentaux comme "Brendan Number One".
Sur le très efficace "Merchendise" et le lent mais puissant "blueprint",
Fugazi joue un rock alternatif sombre et parfois presque malsain avec les influences bruitistes, proche de ce qu’on appellerait du rock emo, mais avec en moins l’attirail de mèches et autres rimmels dégoulinants qui font le cliché de cette sous-culture.
Cet album de punk hardcore cérébral est certainement l’un des meilleurs albums à guitare de cette charnière entre les années 80 et 90 marquée par les grandes pop stars produites par des majors toujours plus grandes et voraces.
Fugazi peut être placé parmi les plus grands groupes à guitares de l'époque.
A recommander aux fans de rock alternatif, aux fans de punk hardcore recherchant quelque chose de plus cérébral que ce qui est proposé habituellement dans la scène hardcore.
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