Nouvelle figure du metal moderne, ce combo suédois originaire de Göteborg est le fruit de l'expérience scénique et studio savamment conjuguée de ses deux membres fondateurs, à savoir : la chanteuse au gracile filet de voix Jennie Nord (
Ultimate Fate,
Fate The Reqviem) et le pluri-instrumentiste et vocaliste Claudio Oyarzo (feu-
The Resistance, ex-Minora). De cette collaboration naitra, en 2020, un discret EP 4 titres dénommé «
Gaia » ; titres que le duo intégrera parmi les neuf pistes de son premier album full length, «
Remnants », deux ans plus tard. Cela étant, les quasi 36 minutes de la bande auditive de la rondelle sont-elles des armes suffisamment effilées pour permettre à nos gladiateurs de guerroyer sereinement dans cette foisonnante arène metal ?
Ce faisant, nos compères nous mènent au cœur d'un espace metal moderne mélodique aux relents alternatifs et death, où cohabitent des sources d'inspiration aussi éclectiques que
Amaranthe, Volturian,
We Are The Catalyst,
Angelical Tears et
Nemesea. Aussi effeuille-t-on une œuvre à la fois enjouée, solaire et enivrante, témoignant d'une redoutable efficacité mélodique et d'une technicité instrumentale bien huilée mais nullement ostentatoire. Jouissant d'arrangements instrumentaux de bonne facture, cet opus repose parallèlement sur une qualité de production difficile à prendre en défaut : mixé et mastérisé par Roberto Laghi aux
Oral Majority Recordings, à Göteborg, l'opus n'accuse pas l'once d'une sonorité résiduelle tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. Mais entrons sans plus attendre dans la soute de l'embarcation...
C'est à la lumière de ses passages les plus enfiévrés que le duo marquera ses premiers points, non sans essaimer quelques pépites dans son sillage. Ainsi, «
The Wanderer » se pose tel un entraînant mid/up tempo, à la croisée des chemins entre
Nemesea et Volturian ; recelant un refrain catchy mis en exergue par les félines inflexions de la déesse ainsi qu'un insoupçonné changement de tonalité, ce hit en puissance poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Dans cette dynamique, on optera non moins pour le pulsionnel et ''amaranthien'' « Rebel » au regard de ses sémillants arpèges d'accords, de la soudaineté des montées en régime de son corps instrumental et de ses grisants gimmicks guitaristiques. Et comment, enfin, ne pas se sentir porté tant par les fougueuses attaques percussives que par les truculents harmoniques échappés des engageants et ''nemesiens'' mid/up tempi «
Necromancer » et « Remember Me » ?
Quand la cadence du convoi instrumental se fait un poil plus mesurée, nos compères trouvent à nouveau les clés pour nous retenir sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Tsunami », mid tempo aux riffs crochetés, à mi-chemin entre
We Are The Catalyst et
Angelical Tears ; voguant sur une sente mélodique des plus enveloppantes où se calent les angéliques ondulations de la sirène, auxquelles viennent s'adjoindre des growls ombrageux bien amenés, signés Andreas Bergqvist, le ''tubesque'' méfait ne se quittera qu'à regret. On ne saurait davantage éluder les vibes enchanteresses jaillissant des entrailles de « The Grand
Escape », mid tempo syncopé à la confluence de
Nemesea et
Lacuna Coil, tant pour l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre que pour sa mélodicité toute de fines nuances cousue. Difficile, enfin, de résister à l'envie d'esquisser un headbang subreptice sur l'aérien et ''nemesien'' « The Well », eu égard à son chatoyant paysage de notes et aux troublantes impulsions d'une interprète bien habitée.
Lorsque les lumières se font plus tamisées, le combo parvient là encore à nous assigner à résidence. Ce qu'illustre, d'une part, « Barren Lands », ballade atmosphérique et progressive d'une fluidité mélodique que n'auraient sans doute reniée ni
Nemesea ni
We Are The Catalyst ; instillé non seulement d'un refrain immersif à souhait que soulignent les câlinantes modulations de la maîtresse de cérémonie, mais aussi de brèves mais grisantes accélérations, l'instant privilégié ne saurait être ignoré par l'aficionado de moments intimistes. Dans cette mouvance, «
Gaia » s'offre tel un low tempo syncopé d'une sensibilité à fleur de peau. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les sensuelles oscillations de la princesse, la soyeuse aubade se fait des plus pénétrantes, poussant peu ou prou à y revenir en fin de parcours.
En définitive, le duo suédois nous immerge au sein d'un propos aussi rayonnant que romanesque, n'accusant pas l'ombre d'un quelconque bémol harmonique susceptible d'affadir l'attention du chaland. Si, ni la qualité de l'ingénierie du son ni l'impact des lignes mélodiques ne sauraient être remis en cause, d'aucuns auraient sans doute espéré des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent, quelques prises de risques supplémentaires et des sources d'inspiration mieux digérées. Quoiqu'il en soit, à la lumière d'un introductif effort ne manquant ni d'allant ni de panache, enorgueilli d'une signature vocale dores et déjà identifiable et des plus ensorcelantes, nos acolytes auraient une belle carte à jouer pour espérer rejoindre les sérieux espoirs du metal moderne à chant féminin. Premiers pas en terre d'abondance, donc...
Note : 15,5/20
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