Liste des groupes Power Symphonique Proyecto Aslan Regresaré

Nouvel entrant dans la sphère power symphonique, Proyecto Aslan est un quintet argentin fondé à Buenos Aires en 2012, inspiré à la fois par Rhapsody Of Fire, Angra, Luca Turilli et Dream Theater. Ainsi, Rodrigo Godoy (chant (Power Praise, Efrata)), Hernan Ojeda (guitares), Nicolas Potanski (basse), Christian Fischer (claviers) et Matias Lagrana (batterie) officient dans un power mélodico-symphonique et progressif vitaminé et raffiné. Une heureuse combinaison déjà observée sur leur premier single « Marcas de un Tiempo », sorti quelques mois avant cet initial Ep, auto-production d'à peine 15 minutes où s'enchaînent 3 titres dont deux versions différentes de leur hit. En outre, cette menue rondelle témoigne d'un enregistrement de bonne facture, d'un mixage équilibrant parfaitement instrumentation et voix, octroyant une délectable profondeur de champ acoustique, pour un confort auditif quasi optimal de bout en bout de notre bref parcours.

Peu de notes parasites transpirent de cette œuvre et les zones de remplissage sont réduites à néant. Indices révélateurs d'un travail minutieux en studio, transparaissant sur chacune des pistes de l'opus. Un grisant effort, se révélant au fil des écoutes, en quelque sorte. A commencer par l'entame de la galette. D'entrée de jeu, les riffs acérés associés à la basse vrombissante de « Regresaré » plantent le décor. C'est sur des charbons ardents que l'on évolue, à l'instar d'une batterie imprimant un rythme soutenu, sans mollir un seul instant, en référence à Rhapsody Of Fire à l'image du fulgurant « From Chaos to Eternity ». En outre, les puissantes et saillantes inflexions du frontman souvent retiennent l'attention et ont pour corollaire deux flamboyants soli de guitare. Se calant sur une ligne mélodique certes convenue mais plutôt efficace, l'effort parvient à nous retenir jusqu'à son terme.

En guise de signature, le groupe a posé un regard complémentaire sur son premier single. Deux versions du low tempo « Marcas de un Tiempo » nous sont alors délivrées, dont l'une à orientation symphonique ; option qui, non sans rappeler Luca Turilli, avec un zeste d'Angra quant au déploiement de ses harmoniques, parvient sans mal à solliciter notre fibre émotionnelle. Dotée d'une classieuse atmosphère accolée à une touche cinématique, celle-ci repose sur d'enveloppantes et sinueuses nappes synthétiques, progressivement densifiées au fil des déambulations du maître de cérémonie, aux faux airs de feu Steve Lee (ex-Gotthard). Agrégé à une troublante sente mélodique, le corps instrumental prend son envol, en douceur, et avec brio. Pas de quoi nous éloigner fondamentalement de la version d'origine, mâtinée power mélodique, si ce n'est que cette dernière privilégie une virulente section rythmique aux samples d'orchestration classieuse. Plus tonique et corrosive que sur le versant symphonique, cette incandescente offrande fait preuve d'une énergie aisément communicative, pour le moins, proche des aspirations des fans de Rhapsody et de Dream Theater. Peut-être l'art est-il plus naturel dans cette veine stylistique pour le combo argentin...

Pour son premier essai, le collectif sud-américain impressionne par le soin conféré à la production d'ensemble, attire par son caractère frondeur, la précision de ses accords, la justesse de ses lignes de chant, ses attractives mélodies et ses arrangements de bon aloi. Et ce, même si l'originalité n'est pas encore de mise, s'il n'a pas tout à fait digéré ses sources d'influence et qu'une palette étoffée d'exercices de style manque cruellement à l'appel. Aussi, un soupçon de frustration nous envahit à l'aune de cette laconique et pourtant avenante livraison. Néanmoins, happé par le potentiel technique et l'inspiration de nos cinq gladiateurs, l'aficionado de leurs sources s'y retrouvera, à condition de ne pas céder à la tentation de la comparaison. Sans doute la réalisation d'un album full length leur permettra-t-elle de donner la pleine mesure de leurs talents et de leur ouvrir les portes d'accès à l'élargissement de leur auditorat et à la reconnaissance de leurs pairs. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter...