Nouvelle figure du metal symphonique à chant féminin, ce duo polonais originaire de Poznań entend, comme nombre de ses pairs, essaimer ses riffs au-delà des frontières par trop limitatives de sa terre natale. Mais contrairement à la plupart de ses homologues, le projet fut tout d'abord conçu comme un one-man band à vocation orchestrale, sous l'impulsion du pluri-instrumentiste et compositeur Marek ''Wolfie'' Plezsynski. Ce faisant, ce dernier réalisera en 2020 un expérimental album studio d'obédience rock'n'metal symphonique, « Gungnir and Leaevateinn ». Désireux de faire évoluer son art en mettant sa fibre instrumentale en stand by, Marek s'orientera vers un univers metal symphonique à voix féminine. C'est là le point de départ d'une toute nouvelle aventure pour le maître d'oeuvre...
Aussi, avec la complicité de la chanteuse Patrycja Pacholak, le duo sortira son premier single, «
Chains of Rage », un an plus tard à peine, auquel succédera une version plus aboutie quant à son empreinte vocale. Dans la foulée, nos acolytes accoucheront de trois singles supplémentaires («
Soulgarden » et «
Visions of the End » en 2022, suivis de «
Distorted Memories » en 2023). Ces quatre pistes constitueront précisément le corpus de ce premier EP, « Recollected Memories (Remaster) », qu'une bonne année séparera de son dernier devancier. Avec la participation, pour l'occasion, du bassiste Jakub Górnaś, le combo nous immerge au cœur d'un environnement rock'n'metal symphonique classique dans la lignée de
Nightwish,
Xandria et consorts. Si quelques finitions manquent encore à l'appel, l'opus laisse toutefois entrevoir un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation. Mais embarquons plutôt à bord de la frêle goélette pour treize brèves minutes d'une traversée que l'on souhaite ponctuée d'îlots enchanteurs...
Si quelques arguments seraient à mettre au crédit de nos compères, les irrégularités que recèle ce premier mouvement ne pourront, hélas, pousser le chaland à une inconditionnelle adhésion. Ce qu'attestent, tout d'abord, leurs pistes les plus enflammées, à commencer par «
Chains of Rage », up tempo aux riffs acérés adossés à une rythmique sanguine et pourvu d'un léger tapping ; infiltré d'un clavecin pétri d'élégance et d'une violoneuse assise aux sonorités slaves, et doté d'un agréable refrain, l'entraînant et ''xandrien'' effort aurait les armes requises pour nous aspirer dans la tourmente s'il ne se voyait contrarié par les inflexions en demi-teinte et parfois mal ajustées de la sirène. Il en va de même pour «
Soulgarden », ''nightwishien'' up tempo aux riffs crochetés. Ponctué à son tour de sensibles arpèges au clavecin et témoignant pourtant d'enchaînements intra pistes des plus sécurisants et d'une énergie aisément communicative, le pulsionnel méfait ne va pas sans concéder de tenaces linéarités mélodiques qu'empruntent les ternes, sinon lascives, impulsions de la déesse.
Les espaces d'expression plus en retenue seront, selon le cas, aptes à nous retenir davantage, même si l'émotion n'est pas toujours au rendez-vous de nos espérances. Ce que souligne, en premier lieu, «
Visions of the End », mid/up tempo syncopé aux riffs grésillants. Bien cadencé et recelant d'insoupçonnées et grisantes montées en régime du corps orchestral, le truculent manifeste emprunte parallèlement moult chemins de traverse en matière d'harmoniques, ayant pour effet de nous égarer d'une sente mélodique, certes, nullement revêche mais peu oscillante, et peu fédératrice, in fine. Un moment de grâce nous sera néanmoins octroyé à l'aune de «
Distorted Memories », mid tempo aux airs d'une ballade atmosphérique et doté d'un fin picking à la guitare acoustique. Glissant le long d'une rivière mélodique agréable à défaut d'être imparable, et mise en habits de soie par les caressantes ondulations de la maîtresse de cérémonie, la tendre aubade pourrait bien finir par gagner le cœur de l'aficionado de moments intimistes.
On l'aura compris, le combo polonais nous immerge au sein d'un propos, certes, pas foncièrement désagréable mais manquant de cette petite étincelle qui fait qu'on y revienne. Si un mix bien ajusté, une technicité instrumentale maîtrisée et quelques moments avenants sont à mettre au crédit de nos acolytes, leurs compositions souvent pèchent par un cruel manque de saveur mélodique, quand les d'arpèges d'accords s'avèrent parfois malhabiles et les lignes de chant, sujettes à quelques faussetés. De plus, la menue rondelle ne diversifie que peu ses exercices de style et ne laisse entrevoir que de rares prises de risques. Aussi, trop irrégulier pour convaincre de son efficacité, ce premier essai ne dispose pas d'armes suffisamment effilées pour hisser le collectif slave parmi les sérieux espoirs de cet espace metal. Bref, un élan encore tâtonnant, peu loquace et éminemment classique, qu'il conviendra de dépasser pour caresser l'espoir de pérennité du projet...
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