Liste des groupes Death Progressif Reciprocal Reciprocal

Vivier sans fin, l’état californien ne cesse d’imposer des formations de qualité et de caractère au devant de la scène brutaldeath actuelle, depuis l’essor de Sepsism, Deeds Of Flesh ou Disgorge au coeur des années 90. Ne dérogeant pas à la règle, Reciprocal se forme en janvier 2007 sous l’impulsion des guitaristes Andy Mc Leod & Alex Crescioni, s’associant rapidement avec le growler Jacob Enfinger et le batteur Dustin Perle, tous décidés à repousser les limites techniques du style de quelques crans.

Sans bassiste attitré, Reciprocal attire toutefois l’attention de l'inévitable label Uniqueleader qui, impressionné, lui propose un deal l’année même de sa formation. Recherchant un bassiste hors pair, capable de suivre son délire instrumental, le quatuor décroche le jackpot en recrutant le talentueux Jeff Hughell, libre depuis les turbulences de son ancien groupe Brain Drill.

Malgré le départ programmé d’Alex Crescioni, Reciprocal se dirige sous forme de quintette aux Seahorse Studios à la fin d’année 2008, pour les sessions de son premier album éponyme, à paraitre en cours d’année suivante. Malheureusement, alors que le disque est est d'ores et déjà planifié, des différents purement commerciaux avec Uniqueleader poussent le groupe à sortir lui-même sa galette encore chaude, disponible sur son site (www.Reciprocalhate.com) dès le mois de novembre 2009.

Ce désaccord reste d’autant plus dommageable en considérant la qualité de l’effort. L’incroyable Voice of Evil ouvre en effet l’album sur un niveau technique hors norme, bénéficiant d’une mise en place imparable. Les rythmiques complexes du batteur couplées aux lignes de basse bluffantes de Jeff Hughell (l’un des as actuels du sweeping), les riffs atypiques des deux guitaristes, qui prennent bien sûr un malin plaisir à enchevêtrer leurs six cordes, et enfin les growls imbriqués de Jacob Enfinger, sont autant d’élements affolant d’entrée l’auditeur.

Terrassant à coups de rythmiques tantôt syncopées ou tapageuses, avec ce riffing partant allégrement dans de nombreuses directions, Reciprocal amuse ainsi le deathster avec une apparente facilité, tout en prenant garde de ne pas le perdre dans son labyrinthe instrumental. En effet, à de multiples reprises, à l’image du passage central tout en finesse de Hopeless et de ses soli saisissants, ou encore de l’intro tout en lourdeur du désarmant Wrath, le groupe propose suffisamment de moments offrant de véritables repères et apportant une profondeur accrue.

Enfin, cerise sur le gâteau, l’impensable titre final Fallen montre une autre facette de Reciprocal, plus lourd et particulièrement poignant. S’ouvrant sur des partitions au piano dissonantes et surprenantes, le morceau prend son ampleur dès l’arrivée massive des guitares, pour monter divinement en puissance au fil de son avancée. Huit minutes impressionnantes, durant lesquelles le groupe prend le temps de se poser et de se démarquer de ses homonymes actuels.

Plus maitrisé qu’un Viraemia partant encore dans tous les sens, plus posé qu’un Brain Drill délibérément apocalyptique, le premier album éponyme de Reciprocal possède ainsi ses propres caractéristiques, désarmant par son niveau technique et sa qualité d’interprétation. Initié par Origin ou Brain Drill, ce brutaldeath high-tech nord américain ne cesse de surprendre, montrant encore toute la marge de progression d’un style, qui semblait pourtant avoir atteint ses limites il y a quelques années.

Fabien.

Reciprocal se forme en janvier 2007 lorsque le chanteur Jacob Enfinger et le guitariste Andy McLeod font la connaissance du guitariste Alex Crescioni et du batteur Dustin Perle par l'intermédiaire d'une annonce. Il ne manquait au jeune groupe naissant qu'un bassiste. Cependant cet inconvénient ne les empêchera pas de signer un contrat avec le label Unique Leader en fin d'année 2007.

Ce n'est que début 2008 que le groupe contacta Jeff Hughell (Vile, ex Brain Drill) pour lui proposer le poste de bassiste. Après un court laps de temps, ce dernier rejoignit la formation définitivement. Une première démo fut enregistrée dans la foulée en octobre 2008. Cependant au même moment le guitariste Alex Crescioni décida de quitter le groupe. Les membres restants décidèrent de continuer l'aventure avec un seul guitariste. Malheureusement les difficultés n'étaient pas arrivées a leurs termes car le contrat avec Unique Leader se termina à la fin de l'année 2009 pour cause de divergence d'opinion. Le groupe ne se laissa pas démonter et entreprit de produire lui même son premier album, sobrement intitulé Reciprocal.

Entrons maintenant dans le vif du sujet. Reciprocal nous a pondu là un album de brutal death technique possédant un certain aspect progressif. L'album s'ouvre sur "Voice of Evil", morceau assez court mais terriblement intense. Voilà qui nous met d'entrée dans le bain. Il y a dans cette galette des éléments qui ne peuvent échapper à l’oreille de l’auditeur. Tout d’abord la basse de Jeff Hughell. Nous savions que derrière ce nom se cachait un potentiel énorme à l’écoute de Vile ou du terrible « Apocalyptic Feasting » de Brain Drill. Cependant « Reciprocal » vient confirmer tout cela. En effet sa prestation sur cet album est tout simplement impressionante. Le mélange entre technique et groove est littéralement hallucinant comme peuvent en témoignés les morceaux « Victims of Circumstance » et « Spiritual Disease ». Les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas. Un morceau comme « Hopeless » qui contient des parties assez mélodiques et une certaine lourdeur peut faire place à un « Spiritual Disease » extrêmement brutal faisant preuve d’aucune concession. Le fantastique « Zombiopsy » est l’occasion de nous montrer tout le talent de cette jeune formation en alternant les solis courts et techniques et les riffs destinés a nous briser la nuque. Dustin Perle n’est pas en reste comme le prouve le terrible « Idiopathic Pandemic Spreading ». La performance vocale de Jacob Enfinger mérite aussi d’être mentionnée, tant l’intensité de son chant traverse l’album d’un bout a l’autre.

Enfin le véritable monument de cet album prend place en dernière position dans la playlist. En effet le dernier titre, « Fallen » est tout simplement incroyable. Le morceau s’ouvre sur des notes de piano auxquelles on superpose un riff pesant et sombre au bout d’une minute. La batterie et la voix qui ne tardent pas à se greffer à l’ensemble sont elles aussi lourdes et oppressantes. Cela dure jusqu'à la moitié du morceau. On assiste ensuite à une accélération du tout ( blasts, solo) et cela donne l’impression de la venue lente mais certaine d’une apocalypse inévitable. Puis les notes de piano réapparaissent et amènent avec elles un certain calme, mais un calme malsain et cynique. C’est ainsi que se clôt l’album.

On peut donc dire que ce premier effort de Reciprocal est très prometteur. Même si cet opus ne révolutionnera pas le petit monde du brutal death metal, il a le mérite de nous faire croire à un bel avenir en ce qui concerne cette jeune formation.

16/20