Terre fertile en formations metal symphonique à chant féminin depuis plus de deux décennies déjà, l'Italie n'a de cesse d'en enfanter, posant aujourd'hui son regard sur un expérimenté sextet originaire de Savone, en Ligurie, cofondé par le guitariste Matteo ''Vevo'' Venzano et le claviériste Enrico Borro ; projet baptisé
Guardian Of Time, entre
2012 et 2014, avant de se nommer Keeper Of Time, entre 2015 et 2016. En réponse aux aspirations actuelles de nos acolytes, tendant désormais vers un metal symphonique classique, racé et mélodieux, avec un nouveau line-up à la clé et où s'imposerait davantage une empreinte vocale féminine, le groupe prit le nom de Kantica en 2016. Un travail minutieux et de longue haleine en studio s'ensuivit, le combo n'accouchant de son premier bébé, le présent album full length, «
Reborn in Aesthetics », signé chez le puissant label italien Revalve Records, que deux ans plus tard. Ainsi pourvu, en quoi le combo transalpin pourrait-il se démarquer de ses si nombreux homologues au point de s'illustrer parmi les espoirs de ce registre metal avec lequel il faudra compter ?
Après moult remaniements de ses membres, le line-up ne se stabilisera définitivement qu'en 2017, Matteo et Enrico ayant alors requis et conjugué les talents de : Chiara Manese (ex-My Scarlet Letters, ex-
Astral Dive, ex-
Inside Mankind, ex-
Pursuing The End...), en qualité de frontwoman) ; Andrea ''K'' Cappellari (
Skeletoon), aux guitares ; Fulvio Decastelli, à la basse ; Daniele Barbarossa, à la batterie, remplacé par Tiziana ''Titti'' Cotella (Stormwolf) après les sessions d'enregistrement. Avec le concours, pour l'occasion, de musiciens aguerris, à l'instar de : Fabio Rinaudo (Birkin
Tree), à la cornemuse ; Michel Balatti (Birkin
Tree), à la flûte et au sifflet ; Stefano Pellegrino (Orchestra B. Bruni, The Duet), au violoncelle ; Mattia Fenoglio (
Flying Disk), aux percussions. De cette étroite et fructueuse collaboration émane une œuvre metal mélodico-symphonique classique, aux relents power, dans le sillage de
Nightwish,
Xandria,
Epica,
Ancient Bards et
Delain, témoignant, en outre, d'un enregistrement de fort bonne facture, réalisé au Black Wave Studio, à Gènes. Mais suivons plutôt nos compères dans leurs pérégrinations...
C'est sur une cadence effrénée que s'effectue le plus clair de la traversée, nos acolytes trouvant alors d'un battement d'aile les clés pour nous rallier à sa cause. Ce qu'illustrent, tout d'abord, «
And Then There Was
Pain » et « Albatross », tubesques up tempi au carrefour de
Xandria et
Ancient Bards, glissant tous deux le long d'une radieuse rivière mélodique et octroyant chacun un refrain immersif à souhait mis en exergue par les chatoyantes impulsions de la sirène. Dans cette mouvance, on retiendra également « From
Decay to Ascension » tant pour son inaltérable et martelant tapping, ses couplets finement ciselés surmontés d'une enivrante cornemuse qu'au regard de son atmosphère romanesque. Enfin, à la fois enjoué, tempétueux et altier, non sans rappeler
Diabulus In Musica, « Mescaline » nous plonge au cœur d'un océan démonté d'où jaillissent de libertaires rampes synthétiques que relayent de seyants arpèges émanant d'une guitare sauvageonne. Et la sauce prend, une fois encore.
Moins directement orientés vers les charts, d'autres espaces d'expression tirent néanmoins leur épingle du jeu. Ainsi, pourtant calé sur un filet mélodique en proie à quelques linéarités, l'enjoué et énigmatique « Hellborn
Lust » n'en dissémine pas moins une énergie aisément communicative, réservant, en prime, un final en crescendo relevé par un grisant legato à la lead guitare. Quant au frondeur et tortueux « Psychological
Vampire », s'il nous mène parfois sur des chemins de traverse, l'éruptif manifeste n'en révèle pas moins une rythmique résolument sanguine et un refrain apte à générer quelques frissons. Et ce ne sont ni le grisant solo de guitare ni les limpides volutes de la belle qui nous feront lâcher prise, tant s'en faut.
Empruntant parfois une voie symphonico-progressive, la troupe s'est également avérée à son aise, parvenant à nouveau à nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, d'une part, « R.E.M. State », pimpant mid tempo progressif dans l'ombre d'
Epica. Infiltré d'une sidérante montée en régime du corps orchestral, surmonté d'un fringant face à face entre une mordante guitare léonine et un intarissable serpent synthétique, et octroyant un entêtant refrain, le méfait a les armes requises pour happer le tympan du chaland sans avoir à forcer le trait. Dans cette lignée s'inscrit également le ''delainien'' low tempo progressif « Lovecide », fringant et aérien effort aux riffs effilés, voguant sur un sillon mélodique des plus ensorcelants et sur lequel se calent les sulfureuses ondulations de la maîtresse de cérémonie.
Quand le convoi orchestral retient un tantinet les chevaux, le propos n'en perd nullement de son magnétisme, loin s'en faut. Ainsi, passé l'introductif, bref et dispensable instrumental symphonico-cinématique « (Re)
Born Unto Aestheticism », le mid/up tempo « Fascination of the
Elements » ouvre ses ailes ; rayonnant mid/up tempo power symphonique aux riffs épais à mi-chemin entre
Delain et
Ancient Bards. Recelant un infiltrant cheminement d'harmoniques mis en habits de lumière par les sensuelles inflexions de la déesse, délivrant de saisissantes accélérations de l'instrumentation ainsi qu'un fuligineux solo de guitare, l'entraînant méfait aspirera plus d'un tympan rétif. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses du ''nightwishien'' « Illegitimate Son », avenante piste pop metal symphonique d'une confondante fluidité mélodique et encensée par les troublantes envolées lyriques de la princesse ?
Au terme de notre parcours, force est d'observer l'aptitude du combo à concocter ces séries d'accords qui, à défaut de faire systématiquement mouche, n'en aimantent pas moins le pavillon, au point de nous pousser, parfois un peu malgré nous, à une remise en selle sitôt l'ultime mesure de l'opus envolée. Jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée et d'exercices de style certes un brin stéréotypés mais relevés de main de maître par nos acolytes, les 49 minutes de la galette glissent avec célérité dans nos tympans alanguis.
Il lui faudra cependant veiller à varier son offre sur les plans atmosphérique, rythmique, et surtout vocal, la belle monopolisant le micro de bout en bout de notre périple, pour espérer impacter plus largement un auditorat déjà sensibilisé aux travaux de ses maîtres inspirateurs, eu demeurant encore insuffisamment digérés par le combo ligurien. On aurait également souhaité un zeste d'originalité supplémentaire ainsi que l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges. Cela étant, le sextet transalpin s'en sort avec les honneurs, témoignant, en outre, d'un potentiel technique déjà éprouvé et de qualités mélodiques que pourraient lui envier bien de ses pairs. Aussi, à l'instar de ce premier mouvement, la formation italienne serait-elle dores et déjà susceptible de figurer parmi les sérieux espoirs du genre. Wait and see...
Excellent cet Albatross
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