C’est sous l’impulsion des frères Hanauer, Ted au poste de guitariste chanteur et Bob en tant que bassiste, que
Malicious Onslaught voit le jour en 1986 à Rockland County, dans l’état de New-York. Epaulé par le batteur
Jim Rivera, le groupe débute sa carrière par un thrashmetal rapide et véhément, pour muer progressivement vers une forme plus proche du deathmetal, comme tant d’autre formations US de l’époque influencées par les travaux de
Death ou
Morbid Angel. Suite à plusieurs démos & rehearsal, le trio attire l’attention du label allemand
Turbo Music, qui travaille également en collaboration avec JL America sur le territoire nord américain.
Lorsqu’un an plus tôt,
Turbo Music nous avait déjà gratifiés de la sortie de
The Oath of Black
Blood en nous faisant croire au premier album de
Beherit alors qu’il s’agissait de la compilation de sa demo Demonomacy et de son EP
Satan’s
Millenium, le label crapuleux nous fait le même coup en 1992 avec le soit disant debut-album de
Malicious Onslaught, étant en fait une sélection de vieux morceaux issus de la demo-tape
Thrashed Black datant de 1988 et de la rehearsal-tape (= enregistrement de répétition) de 1990. Si cette manœuvre peut être intéressante en expliquant les choses, elle dessert en revanche totalement ces groupes qui se retrouvent sous les tirs de la presse et des metalheads, jugeant leurs œuvres à partir de fausses informations.
Rebellious Mayhem parait ainsi en automne 1992 sans explication, assemblage de morceaux ayant déjà entre deux et quatre ans. Si l’édition nord-américaine (JL America /
Turbo USA) tient la route, mieux vaut en revanche éviter la version européenne (Brain
Crusher /
Turbo Music) qui cumule les tares, pour citer le mauvais découpage entre le titre éponyme et Emotional
Death, l’omission du morceau
Revenge of the Innocent, ou encore le plantage scandaleux au milieu de Speculate de Future qui s’interrompt brutalement à 5:17 pour reprendre à 0:04, soit une piste quasiment doublée.
Pour bien appréhender
Rebellious Mayhem, le mieux reste de dissocier ses deux sessions d’enregistrement, chose que
Turbo Music n’a pas juger utile de préciser, ni de présenter les pistes dans le bon ordre.
Transgressor, le titre éponyme et Speculate the Future sont les morceaux les plus récents, issus de la rehearsal-tape de 1990 qui en comptait cinq (hors intro).
Plus lourds, plus tapageurs et servis par le chant plus rocailleux de Ted Hanauer, ces titres rapprochent davantage
Malicious Onslaught du deathmetal, bien que l’empreinte thrashmetal soit encore relativement présente. Intrinsèquement, les compositions tiennent la route, bénéficiant d’une architecture solide et nous montrant un groupe bien en place, possédant de la ressource et du potentiel, de surcroit en le replaçant dans le contexte de 1990. S’agissant en revanche d’un enregistrement en répétition, inutile de chercher de la puissance dans les guitares ni une clarté à toute épreuve, là où le tout a été capturé en condition live avec des moyens rudimentaires.
Les cinq autres morceaux sont donc les plus anciens, datant de la démo-tape de 1988 qui en comptait six au total, Third World Away étant passé à la trappe, tout comme Presumed
Dead et
Spiritual Angel présents sur la rehearsal-tape. Moins lourd, l’enregistrement est en revanche plus clair, les instruments ayant été séparés sur plusieurs pistes durant les sessions en studio. On évolue ici plus distinctement dans des sphères thrashmetal, autour de compositions moins tapageuses mais rapides & virulentes, agression que l’on retrouve notamment dans le chant rageur de Ted qui rappelle un peu celui de Mille Petrozza au sein de
Kreator, l’une des influences de
Malicious Onslaught aux côtés de
Slayer.
Bâti autour de deux enregistrements possédant globalement le même esprit mais à l'écart de son assez conséquent, considérant de surcroit l’ancienneté des morceaux à sa sortie fin 1992, sans occulter l'hideur de la pochette et l’absence totale d’information de la part du label
Turbo Music,
Rebellious Mayhem parait dans des conditions désastreuses, ne laissant guère de chance à
Malicious Onslaught face à une concurrence impitoyable à cette époque. Sans inventer la poudre, le thrashdeath (ou deathrash en fonction de la période) du trio nord-américain reste en tout cas agressif et fort bien ficelé (et historiquement intéressant), à condition de bien replacer
Rebellious Mayhem en tant que démo & rehearsal-tape de la fin des eighties, rien de plus.
Fabien.
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