Le premier constat important qu'il nous faudra faire s'agissant de ce
Realm of Legends, troisième effort des Allemands de
Moon'Doc sortis en cette année 1996, concerne les musiciens qui ont pris part à ce projet. Si la présence, entre autres, du talentueux guitariste
Herman Frank, et de l'adroit Fritz Randow à la batterie, continue d'exhausser le propos de ce quintette, la défection du vocaliste Chris Bay pourrait bien être le premier signe annonciateur d'une profonde déconvenue. Le timbre de son remplaçant, Jürgen Wulfes, étant assurément plus médium et grave que celui de Chris, il pourrait ne pas séduire. Néanmoins ce que ce chant perd en qualités techniques, il le gagne en originalité puisque, en effet, si les lignes vocales de cette nouvelle recrue sont clairement moins aigues que celles de son prédécesseur, elles sont, aussi, clairement moins communes pour le genre. Elles confèrent donc aussi un supplément de caractère à la musique de
Moon' Doc.
Une seconde observation, plus déterminante encore, nous permettra de découvrir les aspirations créatives qui, désormais, animent ces saxons. Après un deuxième opus enclin, pour résumer succinctement, à s'épanouir principalement en un
Hard Rock certes efficace mais d'un classicisme achevé, ce nouvel album, quant à lui, renoue avec cette expression Heavy mélodique qui fut celle de
Moon'Doc autrefois. Mieux encore, conjugué à l'inspiration insoupçonnée des artistes sévissant ici, cette démonstration musicale intense et, parfois, vive tout en restant mélodique, transfigure le groupe. Tant et si bien qu'il n'est absolument pas incongrue d'affubler ce
Realm of Legends du titre de gloire, ô combien honorifique, de meilleur album de
Moon'Doc. Un accessit acquis par la force de morceaux aussi excellents que les intenses et percutants Welcome to the Show,
Cry to the
Moon, Iron Tears, Watching your Way ou encore, par exemple,
Burn Down. D'autres pistes moins immédiatement vives, et sur lesquelles un travail sur l'ambiance a été clairement peaufiné, viennent, elles aussi, participer à la grandeur de ce manifeste (par exemple un Sun
King aux parfums orientaux, un (
In The Name Of) The
Lord aux détours lents et lourds ou encore un Fallin'
Angel au déroulement remarquable dans cette montée crescendo où ces premiers instants sobres et simples vont prendront une ampleur plus dynamique et séduisante dès lors que les riffs acérés d'Herman viendront l'étoffer.
A noter aussi que le désir sain de ne pas nous contraindre à endurer le sempiternel exercice de la ballade obligatoire, est, ici, très honorable. Et ainsi seul l'instrumental Pour Ayleen viendra contrarier la délicieuse agitation engendrée par le reste de l'album. Cette plage quiète, venant clôturer l'opus, n'aura, fort heureusement, pas d'incidences malheureuses sur nos bonnes impressions.
Un dernier mot encore pour saluer le travail effectué par Herman dont les constructions sont ici particulièrement énergiques et particulièrement profitables. Elles donnent, en effet, à cette œuvre une dimension très surprenante et, surtout, très appréciable.
Inutile de tergiverser plus longuement,
Realm of Legends, troisième chapitre de la saga des Allemands de
Moon'Doc, est un album superbe.
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