Une apparition dans un clip et une tournée en tant que batteur intérimaire suffisent-ils à la crédibilité d’un musicien ayant la velléité de fonder son propre combo en surfant sur sa bribe de gloire passée ? Après avoir tenu les baguettes dans le clip de « Bark at the
Moon » d’
Ozzy Osbourne et avoir remplacé Tommy Aldridge derrière les fûts sur la tournée qui s’en suivit ; Carmine Appice décide de fonder en 1983 le groupe
King Kobra en recrutant pour l’occasion les anonymes
Mark Free au chant, David Michael-Philips (futur
Keel) et Mick Sweda (futur
BulletBoys) aux guitares et Johnny Rod (futur W.a.s.p.) à la basse. Fruit de cette collaboration relativement intéressée,
King Kobra sort le 9 novembre 1985 un premier album intitulé «
Ready to Strike » sur le label Capitol Records. Sentant à plein nez le combo monté de toutes pièces ayant plus pour objectif de vendre des disques par centaines de milliers pour alimenter les comptes en banque de sa maison de disques que de faire de la musique par amour du quatrième art et de la sentir vivre et s’épanouir, le quintette américain n’est pas sans inspirer doute et méfiance dans l’esprit de qui s’apprête à rentrer dans l’univers musical et conceptuel de ce «
Ready to Strike ».
Année 1985 et caractère commercial du projet obligent,
King Kobra fera bien évidemment dans le hair metal et ses membres n’oublieront certainement pas de passer chez la coiffeuse, de piquer le set de maquillage de leurs girlfriends et de revêtir les indispensables Spandex compresse-couilles avant de se faire prendre en photo pour la kitschissime back cover de l’album. Dès lors, l’auditeur sait à quoi s’attendre avant d’introduire la galette de silicium dans sa chaîne hi-fi de salon. Les hostilités commencent avec un morceau éponyme de très bonne facture, qui bien qu’assez lent à démarrer car précédé d’une introduction somme toute dispensable et surtout trop longue, gratifie l’auditeur d’un heavy metal plutôt simple mais terriblement efficace et relativement bien produit pour l’époque. Les riffs puissants de Michael-Philips et de son collègue Sweda sont parfaitement complémentaires, alors que le timbre vocal bien évidemment aigu de
Mark Free fait son petit effet, rappelant parfois celui de nombre de vocalistes de la période comme le grand
Don Dokken ou encore le regretté Rhett Forester (R.I.P. 1956-
1994), quoique globalement plus agressif dans l’ensemble.
Devenu femme en novembre 1993 après ablation des parties génitales et vaginoplastie,
Mark Free qui répond aujourd’hui au patronyme de Marcie Free tire incontestablement la musique de
King Kobra vers le haut, et empreint cette dernière d’une réelle identité années 80 qui fait le charme indescriptible de tous ces disques has been qui croupissent dans les bacs poussiéreux des disquaires de quartier mais qui s’avèrent être pour nous amateurs, objets de cultes mystiques suffisants à notre appétit culturel sans cesse croissant et à notre plus grand bonheur. Anecdotiquement, la prestation rythmique du leader Carmine Appice s’avère être loin d’être exceptionnelle sur ce «
Ready to Strike » qui semble préférer mettre en valeur le chant perché et convaincu de Mme Free et le jeu bien rôdé des deux six-cordistes ; n’en déplaise au frère ainé de Vinny (ex
Black Sabbath et
Dio) et à sa belle moustache d’acteur de films pornographiques de la fin des années 70. Sur le très bon « Attention » et son rythme effréné, le combo américain fait étalage de son inspiration et de sa fraîcheur d’une façon on ne peut plus optimale : riffs flirtant avec le thrash metal, petits harpèges bien sympathiques et refrain à s’égosiller sous l’eau calcaire de sa douche à 6h du mat’ avant de chopper son train pour aller ramener le smic à la maison sont les ingrédients d’un titre survitaminé que l’on n’hésitera pas à réecouter plusieurs fois de suite pour pouvoir en apprécier toutes les facettes et satisfaire auditivement ses tympans.
A défaut d’être original, ce «
Ready to Strike » de
King Kobra s’avère être efficace et surprenant de par son caractère agréablement inspiré et enthousiaste pour le premier album d’un groupe à maison de disques sentant les liasses de dollars à plusieurs miles. Alors que l’auditeur pouvait s’attendre à une production des plus convenues et à échanger l’album après une seule et unique écoute contre une autre curiosité du genre telle le deuxième album solo d’un bassiste de session de
Lizzy Borden ou encore le premier opus du groupe du 12ème claviériste d’
Yngwie Malmsteen ; le boss Carmin Appice et ses quatre employés s’en tirent honorablement bien notamment grâce à des compositions solides et à la remarquable prestation vocale de Mark/Marcie Free qui permettra d’immortaliser dans la mémoire auditive de qui aura eu la curiosité de s’intéresser à cet album des titres tels que les sympathiques «
Ready to Strike », « Shake Up » et autres « Second Thoughts ». Disque à ne pas placer sur votre liste au père noël, mais à ne pas laisser passer non plus le jour où il passe devant votre nez pour quelques euros.
Bon ben voilà, il est temps pour moi de faire mon coming out. Avec les écoutes je suis devenu archi fan de ce disque (dont je viens de m'appercevoir que je ne l'ai jamais rentré dans ma collection sur SOM, trop honte probablement) et je trouve la performance vocale de Free magnifique, LA star du disque sans aucun doute. Et pourtant je ne l'apprécie pas sur la plupart de ses différents projets (pour ceux que je connais).
Re merci Adrien au passage pour la chro, très intéressante pour qui s'intéresse au hard glam us de cette période.
Ce soir je me rase les jambes!!!!
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